Dans une semaine, l'élection américaine aura eu lieu. Guillaume Debré avoue ne pas avoir de boule de cristal, mais se lance tout de même dans un pronostic: "Je suis prêt à prendre le pari que Donald Trump aura obtenu moins de voix que Joe Biden. Vous direz que je ne prends pas beaucoup de risque, parce qu'en 2016, Donald Trump avait récolté moins de voix qu'Hillary Clinton et il avait quand même gagné... Aujourd'hui, j'ai du mal à voir comment Donald Trump arrive à avoir 270 grands électeurs mercredi matin".
Pour lui, la vraie question à se poser est de savoir si "l'élection sera assez serrée pour qu'il puisse la contester?' Là, on entrerait dans un processus juridique qui pourrait durer plusieurs semaines ou plusieurs mois".
Un résultat probablement très serré
A une semaine de l'échéance, cet ancien correspondant de TF1 à Washington estime que le résultat pourrait être très serré: "Aujourd'hui, près de 69 millions d'Américains ont déjà voté! C'est déjà la moitié du total des électeurs en 2016: c'est une élection extraordinaire", explique-t-il au micro de La Matinale.
Selon lui, il faut encore tenir compte du fait que l'élection américaine n'est "pas une élection nationale": "Ce sont cinquante élections locales. Ce sont les cinquante Etats qui décident. C'est pour cela qu'il est très difficile de faire des prédictions: les sondage nationaux n'indiquent absolument rien. Il faut regarder cinquante sondages locaux et, surtout, il faut bien regarder l'évolution dans à peu près six ou sept Etats-clefs: les swing states. On parle du Michigan, de la Pennsylvanie, la Floride, le Wisconsin: ce sont ces Etats-là qui vont avoir la clef de l'élection présidentielle".
Le langage performatif
En 2000, lors de l'élection qui a opposé George W. Bush et Al Gore, le pays a connu une campagne de juristes pour savoir qui allait gagner: "C'est très étonnant, dans le processus politique et électoral, aux Etats-Unis, il n'y a aucune instance – pas même la Cour suprême! – qui va décider définitivement qui a gagné. Il y a une instance politique, ce sont les Grands électeurs, puis cela peut aller jusqu'à la Chambre des représentants... mais il y a ce que l'on appelle le langage performatif: le moment où celui qui a perdu dit 'Je reconnais ma défaite', l'élection s'arrête".
Guillaume Debré note qu'une bataille juridique pourrait s'ensuivre: "Il est très possible qu'il y ait des armées d'avocats dans tous les Etats où il y aura de la contestation, qui s'affrontent devant les tribunaux. Et cela pourrait durer des semaines".
C'est ce qui s'était passé il y a vingt ans: Al Gore avait dû concéder sa défaite, alors qu'il aurait peut-être pu continuer à se battre sur le terrain juridique.
Deux stratégies différentes
Une semaine avant l'élection, pour cet observateur, la stratégie de Donald Trump est très simple: "Il veut surmobiliser sa base électorale: elle est étroite mais elle est extrêmement motivée. Et il essaie justement d'augmenter le nombre d'électeurs potentiels en essayant d'aller dans tous les Etats. Il prend son avion présidentiel et sillonne les Etats-Unis. C'est assez impressionnant de voir que ce candidat a une sorte de jeu de jambes électoral étonnant".
Alors qu'en face, l'approche de Joe Biden est tout autre, remarque Guillaume Debré: "Il se dit: 'De toute manière, cette élection, c'est un référendum sur Trump: donc c'est Trump qui la gagnera ou qui la perdra. Moi, je reste tranquille, je regarde où ça se passe, j'envoie Barack Obama un peu motiver les troupes et c'est tout'. Ce sont deux stratégies électorales très différentes. Je pensais que celle de Joe Biden ne marcherait pas... j'ai l'impression qu'elle est en train de marcher".
Interview radio: David Berger
Adaptation web: Stéphanie Jaquet
Interview complète à retrouver en tête de cet article.