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A La Haye, Charles Taylor clame son innocence

Ch.Taylor fut président du Liberia dans les années 1990.
Ch.Taylor fut président du Liberia dans les années 1990.
L'ex-président du Liberia Charles Taylor a clamé mardi son innocence devant le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL) à La Haye et a nié avoir reçu des diamants en échange d'armes des rebelles sierra-léonais qu'il est accusé d'avoir dirigé en sous-main. Son procès a repris lundi.

"Il n'y a pas un seul être humain qui pourrait croire qu'il est
vrai que j'ai fait des affaires avec le RUF, recevant des diamants
en échange d'armes ou recevant des diamants en échange de quoi que
ce soit", a affirmé Charles Taylor, qui a commencé à témoigner
mardi.



Selon l'accusation, Charles Taylor dirigeait en sous-main les
rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF), qui ont mis à feu et à
sang la Sierra Leone, leur fournissant armes et munitions en
échange d'un accès aux ressources, notamment en diamants et bois
précieux, de ce pays voisin du Liberia.

"Une supercherie", dit Taylor

Charles Taylor, élu président du Liberia en 1997, répond depuis
janvier 2008 de onze crimes de guerre et crimes contre l'humanité,
notamment meurtre, viol et enrôlement d'enfants soldats, commis
durant la guerre civile en Sierra Leone qui a fait 120'000 morts et
des milliers de mutilés entre 1991 et 2001. "Je suis innocent de
tous ces chefs d'accusation. Toute cette affaire est une
supercherie, une tromperie basée sur des mensonges!", a assuré en
anglais l'accusé, qui portait un costume gris et une cravate bleue
à pois blancs.



Charles Taylor, qui plaide non coupable, est le premier témoin
cité par la défense, qui avait commencé lundi à présenter ses
arguments au tribunal. Le procès avait été suspendu en février,
après que l'accusation avait appelé le dernier de ses 91 témoins à
charge. L'ancien seigneur de guerre, premier chef d'Etat africain à
être jugé par un tribunal international, a quitté mardi en début
d'audience le box des accusés pour s'asseoir à la place réservée
aux témoins, face aux juges. Prêtant serment, il a juré de ne dire
"que la vérité". Il devrait témoigner pendant plusieurs
semaines.



"Mon nom est Dakpenah Docteur Charles Ghankay Taylor, le 21e
président de la République du Liberia", a-t-il dit pour se
présenter : "je me suis battu toute ma vie pour faire ce que je
pensais être juste et dans l'intérêt de la justice". "Je n'ai
apporté aucune aide militaire au RUF pour son invasion de la Sierra
Leone", a par ailleurs affirmé l'accusé, assurant au contraire
qu'il faisait tout pour l'amener à "la table des négociations de
paix".

En prison depuis 2006

Interrogé sur les amputations à grande échelle de civils par les
rebelles du RUF, il a assuré : "il est impossible que j'ai ordonné
cela". En tant que président du Liberia, "ma principale
préoccupation était : "comment allons-nous reconstruire ce pays
déchiré par la guerre?"", dont l'économie était "en ruines", a-t-il
rappelé.



Selon lui, les chefs d'Etat ouest-africains lui avaient promis
qu'il ne serait pas poursuivi s'il acceptait de s'exiler au
Nigeria, ce qu'il fit en 2003. Mais il a été arrêté en mars 2006
dans ce pays, puis transféré aux Pays-Bas, où il est détenu depuis.
"Je n'arrive pas à comprendre toutes les intrigues qui ont été
tramées contre moi", a-t-il expliqué.



"Je suis sacrément en colère de ce que Obasanjo m'a fait", a-t-il
dit à propos de son ancien rival, le président nigérian Olusegun
Obansanjo. Le procès avait été délocalisé de Freetown à La Haye
pour éviter tout risque de déstabilisation de la région. Le
jugement est attendu mi-2010.



afp/mej

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Le procès a repris lundi

Le procès pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité de Charles Taylor a repris lundi devant le Tribunal spécial pour la Sierra Leone, à La Haye.

Sa défense a affirmé qu'il n'était pas "un Napoléon africain qui voulait prendre le contrôle de la sous-région".

"Nous sommes ici pour défendre un homme dont nous disons qu'il est innocent de tous les chefs d'accusation", a déclaré Me Courtenay Griffiths devant le TSSL.

L'accusation "manque de preuves" pour obtenir une condamnation, a estimé l'avocat.

Elu président du Liberia en 1997, l'ancien chef de guerre "avait un rôle de premier plan pour négocier la paix" en Sierra Leone, a assuré Me Griffiths, qui a promis de le prouver par "une documentation abondante", notamment des Nations unies.

Remous autour de la présidente du Liberia

Le procès de Charles Taylor se poursuit alors qu'il y a quelques jours, la présidente du Liberia, Ellen Johnson Sirleaf, a été mise en cause par la Commission Vérité et Réconciliation (TRC) pour son implication dans la guerre civile (1989-2003).

A la suite de la publication du rapport final de la TRC, qui a notamment recommandé que la présidente Sirleaf soit interdite de toutes activités officielles pour 30 ans, des rumeurs ont circulé sur son éventuelle démission. Mais une approbation de ce rapport par le Parlement semble très improbable, de nombreux députés figurant sur la liste des personnes à sanctionner ou poursuivre.

Lors d'une audition en février devant la commission, la présidente Sirleaf, 70 ans, première femme chef d'Etat du continent africain, avait démenti avoir été membre du mouvement rebelle de Charles Taylor, ancien chef de guerre et président du Liberia de 1997 à 2003.

Mais elle avait reconnu avoir rencontré Taylor plusieurs fois pendant la guerre civile et avait également admis avoir collecté des fonds pour lui lorsqu'il se préparait à renverser le président Samuel Doe dans les années 80.

Créée en 2006, la TRC était chargée d'enquêter sur les crimes commis de 1979 à 2003, dont les 14 ans de guerre civile.