Les Américains et Américaines n'élisent pas directement leur président. Aux Etats-Unis, il y a d'un côté le vote du peuple. De l'autre, le collège électoral, composé de "grands électeurs". C'est le vote de ces derniers qui est déterminant.
Les citoyennes et citoyens américains votent dans l'Etat où ils habitent. Leurs voix sont comptabilisées, et le candidat qui remporte une majorité de votes populaires dans cet Etat décroche la totalité de ses grands électeurs.
Or, pour accéder à la Maison Blanche, ce n'est pas la majorité du vote populaire qui importe, mais celle du collège électoral, à savoir au moins 270 voix sur 538. C'est ainsi qu'en 2016, Hillary Clinton a perdu la présidentielle alors qu'elle avait été élue par une majorité du peuple. Donald Trump, lui, avait gagné le vote d'une majorité de grands électeurs, à savoir 306.
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Les grands électeurs
Ils sont 538 au total. Pour la plupart élus et responsables locaux de leurs partis, leurs noms n'apparaissent pas sur les bulletins de vote. Ils sont dans leur écrasante majorité inconnus du grand public.
Chaque Etat possède un certain nombre de grands électeurs. Celui-ci correspond à l'addition du nombre d'élus à la Chambre des représentants (proportionnel à la démographie) et au Sénat (deux pour chaque Etat). Certains Etats en possèdent un grand nombre, comme la Californie (55), d'autres nettement moins, comme la Caroline du Sud (9).
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Les Swing States
A chaque élection, on qualifie certains Etats de pivots, ou de "swing states". Contrairement à des Etats qui votent chaque fois pour le même camp, les Etats-pivots sont susceptibles de basculer du côté démocrate ou républicain. Le résultat de la présidentielle dépend donc de leur vote, raison pour laquelle ils sont très prisés par les candidats.
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Cette année, tout comme en 2016, les principaux "Swing States" sont la Floride, Pennsylvanie, Michigan, Caroline du Nord, Wisconsin et Arizona. Contrairement à quatre ans en arrière, la Géorgie, l'Iowa, l'Ohio et, plus surprenant, le Texas pourraient voter démocrate, selon le site RealClearPolitics.
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Les différents scénarios
La présidentielle 2020 ne ressemblera pas aux précédentes. D'abord, la pandémie de coronavirus a modifié la manière de voter. Beaucoup d'électeurs et d'électrices choisissent cette année le vote par correspondance ainsi que le vote anticipé.
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De plus, l'actuel président distille le doute depuis plusieurs mois sur la validité du scrutin. Donald Trump a déclaré à plusieurs reprises qu'il y aurait des fraudes, et qu'il ne s'engageait pas à respecter le résultat final.
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Voici les scénarios envisageables à ce stade:
Une victoire nette de Joe Biden, actuellement favori selon les sondages. Si l'écart est suffisamment grand, Donald Trump serait obligé de reconnaître sa défaite.Une victoire nette de Donald Trump. Devancé de 9 points par Joe Biden dans les sondages, ce scénario est peu plausible, mais pas impossible.Un résultat serré, en particulier dans les "swing states". Si Trump est en tête, il pourrait revendiquer la victoire, alors même que tous les votes par correspondance ne sont pas comptabilisés. Si Biden l'emporte dans ces Etats, Trump pourrait crier à la fraude et refuser de se déclarer vaincu. D'interminables batailles juridiques et des semaines d'incertitude pourraient en découler.
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Au-delà de la présidentielle
Le 3 novembre, Américaines et Américains ne choisissent pas seulement leur président. Ils doivent également élire la Chambre des représentants, un tiers du Sénat et les gouverneurs de 11 Etats.
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La Chambre des représentants (équivalente au Conseil national en Suisse): 435 sièges à renouveler. Les démocrates y sont majoritaires, et devraient le rester selon les experts. C'est cette chambre qui s'est opposée ces deux dernières années aux actions de Donald Trump.
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Le Sénat (équivalent au Conseil des Etats): Quelle que soit sa taille, chaque Etat a droit à deux sénateurs. 35 des 100 sièges sont à renouveler. Les républicains doivent en défendre la grande majorité, sans quoi il pourrait basculer du côté démocrate. Si tel était le cas, et si Joe Biden est élu président, le parti démocrate détiendrait tous les leviers du pouvoir à la Maison Blanche.
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Gouverneurs: Onze des 50 Etats élisent leur gouverneur, un poste crucial. Ce dernier possède des compétences qui échappent au gouvernement fédéral, comme le budget, la nomination de certains juges, la législation, ou le droit de grâce sur les condamnés à mort.
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Législatives: Enjeu-clé des Etats ce mardi. 44 d'entre eux vont renouveler leur législatif mardi. Ces courses sont particulièrement disputées cette année car la carte électorale sera redessinée pendant la prochaine législature, la plupart du temps par le parti au pouvoir.
Mouna Hussain avec Katja Schaer, Anouk Henry, Xavier Alonso
Les prochaines étapes-clés
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Mardi 3 novembre: L’élection présidentielle. En raison du recours massif au vote par correspondance en ces temps de pandémie, et parce qu'il faudra des jours pour comptabiliser les bulletins de vote qui auront été envoyés ce jour-là, il est possible que le vainqueur du scrutin ne soit connu que plusieurs jours après cette date.
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Lundi 14 décembre: Les 538 grands électeurs du Collège électoral désignés Etat par Etat votent pour élire le président. Le candidat vainqueur doit remporter au moins 270 voix.
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Mercredi 6 janvier 2021: Le Congrès américain se réunit pour compter les votes et déclarer le vainqueur de l'élection.
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Mercredi 20 janvier 2021: Le jour de l’investiture. Le candidat élu est investi président des Etats-Unis.
Système électoral controversé
Le système électoral américain date de la Constitution de 1787, qui fixe les règles de l'élection présidentielle selon un suffrage universel indirect à un tour.
Les pères fondateurs y voyaient un compromis entre une élection du président au suffrage universel direct et une élection par le Congrès, considérée comme trop peu démocratique.
Des centaines de propositions d'amendements visant à modifier ou à supprimer le collège électoral ont été soumises au Congrès au fil des décennies, mais aucune n'a abouti. Le débat a été ravivé avec la victoire de Donald Trump qui, malgré une défaite au vote populaire, a emporté 306 grands électeurs.
Cette situation n'était pas inédite. Cinq présidents américains, en tout, ont perdu le vote populaire, mais remporté l'élection. John Quincy Adams le premier, en 1824 contre Andrew Jackson, ou plus récemment en 2000 entre George W. Bush et le démocrate Al Gore.