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L'élection américaine, l'heure de vérité pour les réseaux sociaux

Le compte Twitter de Donald Trump (photo d'illustration). [AFP - Jakub Porzycki/NurPhoto]
Le compte Twitter de Donald Trump (photo d'illustration). - [AFP - Jakub Porzycki/NurPhoto]
Désinformation, fausses affirmations et impatience: les réseaux sociaux vibrent depuis mardi au rythme de la présidentielle américaine. Mais Twitter et Facebook étaient sur le qui-vive pour garantir l'intégrité du processus électoral.

Des armées de modérateurs étaient mobilisés mardi pour contrôler le flot de désinformation et d'accusations sur Twitter et Facebook, qui redoutaient l'amplification de ce phénomène pendant les heures -ou les jours- de décompte des votes. Soucieux de redorer leur réputation écornée lors de l'élection de 2016, les réseaux sociaux ont en effet déployé un arsenal de mesures sans précédent pour protéger les électeurs américains. 

>> Notre suivi des résultats : Présidentielle américaine: Donald Trump et Joe Biden au coude à coude

Cette élection "sera assurément un test pour Facebook", a déclaré Mark Zuckerberg jeudi lors de la présentation des résultats trimestriels de son entreprise. "Je suis inquiet qu'il y ait un risque de troubles civils dans tout le pays, alors que notre nation est si divisée et que les résultats électoraux prendront potentiellement des jours ou des semaines à être finalisés", a précisé le patron du groupe californien.

Comptes supprimés, messages masqués

Début octobre, Facebook avait déjà supprimé les comptes liés à la mouvance conspirationniste "QAnon", un mouvement d'extrême droite pro-Trump. Twitter et YouTube ont pris des mesures similaires. En prévision de l'élection, d'autres dispositifs ont aussi été mis en place pour le cas où des candidats annonceraient leur victoire de façon prématurée, ce que le président Donald Trump, candidat à un deuxième mandat, n'a pas manqué de faire, annonçant "une grande victoire" peu près minuit et accusant les démocrates d'essayer de "voler l'élection".

Capture d'écran: tweet Donald Trump masqué par Twitter. [RTS - DR]
Capture d'écran: tweet Donald Trump masqué par Twitter. [RTS - DR]

Ce message sur son compte aux 87,7 millions d'abonnés a été masqué dans les minutes qui ont suivi par Twitter avec le texte suivant: "le contenu ou une partie du contenu de ce tweet est disputé ou peut induire en erreur sur l'élection". Pour voir le mail en question, l'internaute doit cliquer sur le lien, ce qui limite la propagation de fausses informations.

Sur Facebook, en revanche, le "post" est resté accessible. Il a simplement été assorti d'une mention précisant que "les résultats finaux peuvent différer des premières estimations, le dépouillement pouvant se poursuivre pendant plusieurs jours ou semaines".  

Un dispositif insuffisant

Mais lorsqu'une heure plus tard, le candidat républicain revient à la charge dans une allocution télévisée depuis la Maison Blanche, tout le dispositif mis en place par les réseaux sociaux vole en éclats. Comment en effet lutter contre des propos du président sortant repris dans le monde entier et dans lesquels il revendique gagner dans plusieurs Etats-clés, dont la Géorgie, l'Arizona ou encore la Pennsylvanie, alors que le décompte y est toujours en cours et sa victoire incertaine? Une déclaration de victoire prématurée interdite selon les règles des réseaux sociaux, et qui pour ce qui est de l'Arizona se révélera fausse.

En l'espace de quelques minutes, des milliers de comptes Twitter et Facebook relaient ce discours retransmis en direct sur les chaînes d'information américaines. Le compte de campagne de Donald Trump indique même que les républicains l'emportent en Pennsylvanie "avec une large avance" sans que la diffusion de ce message ne soit limitée. Or, cet Etat-clé très disputé sera sans doute parmi les derniers à livrer des résultats définitifs.

Faut-il en conclure que Twitter a échoué? C'est probable. Facebook a précisé de son côté mercredi continuer à bannir les revendications de victoire au niveau national, mais ne pas supprimer les messages revendiquant des victoires dans un Etat en particulier. Le réseau social a également indiqué dans la matinée être en train de mettre en place des notifications pour préciser que le décompte était toujours en cours en marge des messages des candidats sur Facebook et Instagram.

jgal avec agences

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La Pennsylvanie, épicentre de la désinformation

Une machine à compter les bulletins s'est bloquée quelques minutes mardi à Scranton, la ville de Joe Biden, et il n'en a pas fallu beaucoup plus pour que des "posts" apparaissent sur Facebook et Twitter indiquant que plusieurs machines s'étaient arrêtées pendant des heures, messages partagés des milliers de fois et même par le fils du président, Donald Trump Jr.

Si Facebook et Twitter se sont efforcés de supprimer ces informations erronées sur les bureaux de vote de Scranton et d'autres mettant en cause l'intégrité du processus électoral à Philadelphie, l'agence AP indique dans une dépêche mercredi que la Pennsylvanie a été l'épicentre de la désinformation lors de la journée de vote du 3 novembre. Et pour cause, c'est dans cet Etat du nord des Etats-Unis que pourrait bien se jouer la présidentielle 2020.