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Echecs: le légendaire Bobby Fischer est mort

Bobby Fischer vivait en reclus et fuyait les journalistes
Bobby Fischer vivait en reclus et fuyait les journalistes
Le légendaire champion d'échecs américain Bobby Fischer, décédé jeudi à Reykjavik en Islande à l'âge de 64 ans des suites semble-t-il d'une défaillance rénale, fut un génial mais controversé maître des échecs.

Génie des échecs à la personnalité excentrique, Bobby Fischer
s'était installé à Reykjavik en 2005 pour échapper à la justice
américaine. Il est considéré par beaucoup comme le plus grand
joueur d'échecs de tous les temps. Connu pour son fort caractère,
l'ancien champion du monde d'échecs a été pour les Américains l'un
des symboles de la lutte contre le communisme pendant la Guerre
froide en battant les plus grands champions soviétiques.



En 1972, à Reykjavik, ce génie américain de 29 ans avait brisé 24
ans d'hégémonie soviétique en battant Boris Spassky, alors meilleur
représentant de l'école russe, lors d'un championnat du monde
d'anthologie.

Secte religieuse

Professionnel depuis 1959, il accuse les Soviétiques de
comploter contre lui après un mauvais résultat en 1962 et, peu de
temps après, il rejoint une secte religieuse, l'Eglise universelle
de Dieu.



En 1968, il se retire durant 18 mois pour préparer sa revanche
contre les Soviétiques qui règnent depuis 1948 sur le monde des
échecs. Son retour --à la demande expresse de Henry Kissinger-- est
triomphal et son duel très médiatisé contre Spassky aux
championnats du monde de 1972 à Reykjavik marque l'apothéose de sa
carrière.



Après cette victoire, Fischer disparaît de la scène. En 1975, il
conteste les règles de la Fédération internationale des échecs
(FIDE), ce qui lui vaut d'être dépossédé de son titre, attribué au
Soviétique Anatoli Karpov. Pendant 20 ans, rien ne le fera revenir,
ni les millions de dollars offerts par des organisateurs de Las
Vegas ou Manille, ni une situation personnelle précaire après avoir
été ruiné par sa secte.

Revanche à 3,35 millions

En 1992, il revient sur le devant de la scène pour disputer au
Monténégro un "match revanche" contre Spassky avec qui il est
devenu ami. Cette revanche "vingt ans après" --pour laquelle il
touche 3,35 millions de dollars-- se déroule dans l'ex-Yougoslavie
au mépris d'un embargo économique de l'ONU alors en vigueur.



Après avoir encaissé la prime de vainqueur, il est inculpé par la
justice américaine de transaction commerciale illégale et sous le
coup d'un mandat d'arrêt. Il risque une peine d'emprisonnement
allant jusqu'à 10 ans aux Etats-Unis.



Fischer voyage discrètement et régulièrement entre l'Europe et
l'Asie, vivant aux Philippines et au Japon. Il est arrêté en
juillet 2004 à l'aéroport international de Tokyo-Narita alors qu'il
tente de quitter le pays muni d'un passeport américain annulé.
Installé en Islande, où il a obtenu la naturalisation en mars 2005,
il restait sous la surveillance des autorités américaines qui
disaient vouloir toujours son arrestation et son extradition.



afp/tac

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Virulent et antisémite

Bobby Fischer aurait succombé à une défaillance rénale, selon Einar Einarsson, président du Robert James Fischer (RJF), groupe qui avait soutenu l'entrée du joueur en Islande.

Né le 9 mars 1943 à Chicago (Illinois), fils d'un physicien d'origine allemande, Robert James Fischer a été élevé à Brooklyn (New York) par sa mère, après le divorce de celle-ci. A l'âge de 6 ans, sa soeur aînée l'initie aux échecs qui deviendront bientôt sa seule et unique passion.

A 14 ans, il remporte les championnats junior et senior des Etats-Unis avant de devenir l'année suivante le plus jeune candidat au titre de champion du monde. En 1959, il abandonne l'école qu'il considère comme une perte de temps pour devenir professionnel.

Son éducation restera sommaire alors que sa légende lui attribue un quotient intellectuel supérieur à celui d'Albert Einstein. Ses succès d'adolescent prodige et surtout ses exigences financières vont également lui forger une image de star.

Ses opinions, quelque peu paranoïaques, dérangent. Il déclare haïr l'Amérique, au point de qualifier les attentats du 11 septembre 2001 de "nouvelle merveilleuse" sur une radio philippine et, en dépit d'une mère juive, affiche de virulentes positions antisémites.

Imprévisible et taciturne, Bobby Fischer vivait en reclus et fuyait les journalistes et les médias qu'il accusait de "monter le public" contre lui.