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Trump – Biden : les leçons du vote

C’était quatre ans de bruit et de fureur. Désormais, quatre ans de quiétude ? Trump ou Biden ? On est tenté de présenter ainsi le choix tant le président nous effraie. Mais le dilemme vu d’Europe ne peut être lu si simplement. Les Américains sont divisés, les tensions dans le pays demeurent énormes. Elles ne vont pas disparaître comme par enchantement et le président a tout fait pour les exacerber. Nous n’entrons donc pas dans une ère pacifiée, ni sur le plan intérieur, ni sur le plan extérieur. Bien sûr le style est différent avec Joe Biden. Et le style compte.

Les relations avec les amis européens, avec le monde, débarrassées des sautes d’humeur, des choix intempestifs et de l’incertitude, tout cela a son importance. Que Joe Biden gagne et les chancelleries dans le monde, et à Genève, seraient soulagées. A l’exception notable des autocrates. Curieusement, c’est avec eux que Trump s’entend le mieux.

On peut d’ores et déjà tirer quelques leçons de l’exercice.

André Crettenand - 2019. [RTS - Jay Louvion]
André Crettenand - 2019. [RTS - Jay Louvion]

Une grande partie de l’Amérique aime encore Trump. Alors que les Européens le vouent volontiers aux gémonies, les ouvriers, les campagnes, les oubliés de la prospérité, beaucoup de Latinos, le plébiscitent. Ils ne lui en veulent pas de gérer si mal la pandémie. Ils ne lui tiennent pas grief des morts du Covid. Ils croient dans l’entrepreneur. L’économie reste la grande affaire.

Le « trumpisme », cet assemblage de vérité alternative, de flatterie populiste qui se nourrit de la peur des gens, se porte bien. Trump a mis à mal l’institution démocratique en insinuant grossièrement contre toute évidence, contre l’opinion même de beaucoup de Républicains, que le vote était entaché de fraudes alimentant les théories complotistes les plus folles. La démocratie était l’autre enjeu du vote. Trump l’a abîmée.

Cela dit, que ce soit avec un président verbeux ou un président laconique, économe de ses mots comme de son souffle, on ne changera pas d’époque. L’Amérique est de moins en moins la puissance de référence, la garante des équilibres géopolitiques, la tenante fière et fidèle de la Pax Americana. Depuis plusieurs années déjà, elle nous renvoie à nous-mêmes, à l’Europe, à notre capacité à nous organiser, à nous unir sur les plans économiques et militaires.

Joe Biden devrait réintégrer l’Accord de Paris sur le climat, il débloquerait peut-être le fonctionnement de l’OMC, financerait à nouveau l’OMS. Il nous paraîtrait aimable, ce qui est déjà beaucoup, mais il regardera de plus en plus ailleurs comme déjà son président à lui, Barak Obama. Car le monde a changé.


André Crettenand

andre.crettenand@rts.ch

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