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Italie: Romano Prodi au pied du mur

Romano Prodi
Romano Prodi sera sans doute éjecté du pouvoir jeudi soir
Le chef du gouvernement Romano Prodi a décidé de se présenter jeudi après-midi devant le Sénat où un vote de confiance est prévu dans la soirée qu'il est quasiment sûr de perdre, à l'issue d'une rencontre avec le chef de l'Etat.

"L'entretien a été serein et constructif. J'ai annoncé au
président de la République que je me rendrais au Sénat à 15H00",
(14H00 GMT), a déclaré à la presse M. Prodi, à la tête du
gouvernement depuis 20 mois. Le chef du gouvernement n'a pas
précisé explicitement s'il se soumettrait au vote de confiance à la
Chambre haute ou démissionnerait à l'issue de son discours. Les
agences Ansa et RadioCor ont affirmé que Romano Prodi irait
jusqu'au vote.

"Douloureux"

"C'est douloureux mais je dois le faire pour le pays. Le respect
des règles est pour moi fondamental. Il y a une éthique
institutionnelle à laquelle je n'ai pas l'intention de me
soustraire", avait déclaré mercredi soir Romano Prodi, selon le
Corriere della Sera.



"Les Italiens ont le droit de voir qui est favorable à mon
gouvernement et qui au contraire, change d'idée au regard des
accords conclus il y a deux ans" lors de la victoire de la gauche
aux législatives de 2006, avait-il ajouté.



Romano Prodi a donc maintenu sa décision d'aller devant le Sénat
malgré les pressions de ses alliés et du chef de l'Etat qui
souhaitaient qu'il démissionne pour ne pas aggraver la crise.

"Suicide politique"

"L'unique certitude est que Prodi n'a pas l'intention de jeter
l'éponge. Il jouera son va-tout au Sénat, quitte à finir contre un
mur. Nous avons tous les ingrédients pour un suicide politique en
direct. Les chiffres sont contre Prodi", écrivait jeudi le Corriere
della Sera, premier tirage du pays.



"J'ai conseillé à Romano Prodi de se présenter au Sénat et de
demander après son discours une suspension de séance car s'il
n'obtient pas la confiance, le président Napolitano ne pourra pas
lui confier un autre mandat", a affirmé jeudi à la radio le
sénateur à vie et ancien président de la République Francesco
Cossiga.



Selon les médias italiens, Romano Prodi caresse encore le rêve
d'être chargé une nouvelle fois de former un gouvernement de
transition qui mènerait à bien une réforme électorale. Or, en cas
d'échec flagrant au Sénat, avec une majorité d'élus votant contre
lui, un nouveau mandat semble très improbable.



Le décompte des voix au Sénat joue contre le chef du gouvernement
après la défection annoncée de plusieurs sénateurs qui
appartenaient à la majorité de centre-gauche. Les trois sénateurs
dissidents du petit parti centriste chrétien Udeur, dont le retrait
est à l'origine de la crise, ont été rejoints par trois autres
sénateurs qui ont également annoncé leur décision de voter contre
Romano Prodi, alors que la majorité de ce dernier à la Chambre
haute n'était que d'une voix avant la défection de l'Udeur.

Espoir d'un miracle

Mais le chef du gouvernement "cultive encore l'espoir lointain
d'un miracle parlementaire", selon le Corriere, car les députés de
l'Udeur n'ont pas voté contre son gouvernement lors du scrutin
mercredi à la Chambre, ce qui lui laisse espérer que les trois
sénateurs de ce parti pourraient faire de même jeudi.



Sur les trois autres sénateurs ayant annoncé mercredi un vote
contraire, un aurait décidé de démissionner avant le vote et les
deux autres étaient considérés comme indécis jeudi, selon la presse
italienne. Romano Prodi livre jeudi sa "dernière bataille au
Sénat", résumait le quotidien La Stampa.



afp/tac

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Le retour de Berlusconi?

Après vingt mois dans l'opposition, Silvio Berlusconi et sa coalition de droite se préparent avec jubilation à revenir au pouvoir à la suite de la chute annoncée de Romano Prodi et des élections législatives attendues pour désigner un successeur.

"Tous nos sondages donnent la droite en avance de 12% à 15% par rapport à la gauche", a affirmé mercredi un Silvio Berlusconi sûr de lui.

Les sondages publiés sur le site officiel du gouvernement donnent un avantage de 10% à 12% au centre-droit. "Nous pouvons aller au scrutin même si ce gouvernement reste en place pour expédier les affaires courantes", a ajouté Silvio Berlusconi, évoquant une date "au printemps" pour l'organisation d'élections anticipées.

Les élections législatives doivent être organisées en Italie entre le 45e et le 70e jour suivant la dissolution du Parlement.

Fort de son avantage spectaculaire dans les sondages, Silvio Berlusconi entend battre le fer pendant qu'il est chaud et profiter de l'impopularité de la gauche personnalisée par Romano Prodi pour prendre sa revanche.

Il est prêt pour ce faire à aller aux urnes même avec l'actuelle loi électorale qu'il avait fait adopter par sa majorité en décembre 2005 et qui a pourtant été l'une des causes de sa défaite aux législatives de 2006.