Née en Californie d'un père jamaïcain et d'une mère indienne, Kamala Devi Harris, de son nom complet, est, plus encore que Barack Obama, le symbole du multiculturalisme américain.
"C’est une femme noire qui a aussi un background dans une université noire. Elle le porte en elle. Elle représente l’Amérique noire comme aucun candidat à son niveau ne l’a jamais été avant", a témoigné Felicia Davis, activiste pour le climat et Afro-Américaine de 64 ans, dans La Matinale.
"Elle sait ce dont le pays a besoin en ce moment. Et c’est le changement qu’on attendait depuis longtemps", a salué Felicia Davis, habitante de Géorgie.
Espoir chez les femmes
Pour beaucoup de femmes démocrates, le succès de Kamala Harris est d'autant plus réjouissant que la défaite d'Hillary Clinton, passée près de devenir la première femme présidente des Etats-Unis, avait été brutale il y a quatre ans.
Samedi, à l'occasion de sa première allocution, Kamala Harris était vêtue d'un tailleur pantalon blanc, hommage aux militantes qui se sont battues, il y a cent ans, pour que les femmes obtiennent le droit de vote aux Etats-Unis.
Sénatrice et procureure
Kamala Harris a démontré sa capacité à briser les "plafonds de verre". Élue sénatrice de Californie en 2016, elle fut auparavant la première femme à occuper le poste de procureur du district de San Francisco puis la première femme de couleur à être élue procureure générale de Californie.
Son expérience en justice pénale pourrait aider la future administration Biden à s'attaquer aux problèmes d'égalité raciale et de maintien de l'ordre après les vastes manifestations qui ont secoué le pays cette année. Elle devrait être l'une des principales conseillères en matière de nominations judiciaires.
Si Donald Trump l'a traitée de "monstre", plusieurs voix, à gauche, s'étaient montrées très critiques lors de sa désignation par Joe Biden comme colistière, début août. Certains, comme l'ancienne porte-parole de Bernie Sanders, Briahna Joy Gray, la voyaient avant tout comme un "flic", coupable d'avoir fait le choix d'une politique répressive lorsqu'elle était procureure de San Francisco (2004-2011).
Durant la campagne, Kamala Harris a affirmé qu’elle et Joe Biden seraient partenaires. Même si les deux ont beaucoup de points en commun, ils ont des positions divergentes sur certains dossiers. Elle soutient la légalisation du cannabis, alors que le président élu est uniquement favorable à la légalisation pour usage médical.
Favorite pour 2024
Âgée de 56 ans, Kamala Harris est largement considérée comme une candidate évidente à l'investiture du Parti démocrate en 2024 si Joe Biden, qui aura 78 ans lors de leur investiture le 20 janvier, décide de ne pas briguer un second mandat. Elle ne s'est pas exprimée publiquement sur ces spéculations.
Prié de dire le mois dernier, lors d'un entretien dans l'émission télévisée "60 Minutes" sur CBS, pourquoi il pensait que Kamala Harris serait prête à accéder à la présidence si quelque chose lui arrivait, étant donné son âge, Joe Biden a évoqué cinq raisons: "Numéro un, ses valeurs. Numéro deux, elle est intelligente comme un diable, et numéro trois, elle a une colonne vertébrale comme une baguette. Numéro quatre, elle a vraiment des principes. Et numéro cinq, elle a une expérience significative (...)"
Chez les bookmakers britanniques, l'ancienne procureure de Californie est déjà favorite pour le scrutin 2024, devant Joe Biden. De fait, depuis plusieurs semaines, des pancartes "Harris 2024" ou "Harris-Biden 2024" fleurissent déjà.
Kamala Harris avait d'ailleurs pour objectif de devenir la première femme présidente des Etats-Unis lorsqu'elle a concouru face à Joe Biden et d'autres candidats pour l'investiture du Parti démocrate cette année. Mais elle avait abandonné la course en décembre dernier, avant de devenir la co-listière de l'ancien vice-président de Barack Obama en août.
Sujet radio: Loubna Anaki
Adaptation web: Valentin Jordil avec les agences