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Le silence assourdissant de Pékin face à la victoire annoncée de Joe Biden

Les drapeaux chinois et américain côte à côte durant une rencontre ministérielle en avril 2018 à Pékin. [Reuters - Jason Lee]
La Chine n'a pas encore réagi après l'élection de Joe Biden / La Matinale / 1 min. / le 9 novembre 2020
Alors que les messages de félicitations pleuvent depuis l’annonce de la victoire de Joe Biden, la Chine brille par sa discrétion. Elle traduit avant tout une grande prudence dans un contexte d’incertitudes et de tensions croissantes entre Pékin et Washington. La Russie reste également très prudente.

Les médias officiels chinois se sont contentés de mettre l’accent sur les manifestations en marge d’un scrutin qualifié de chaotique, révélateur des profondes divisions amplifiées par un système démocratique sur le déclin. Si l’élection s’est hissée parmi les sujets de discussion les plus populaires sur les réseaux sociaux chinois, l’intérêt des internautes contraste avec la sobriété du gouvernement.

"Nous prenons note de l’annonce de Monsieur Biden qui a revendiqué la victoire de l’élection (…), nous comprenons cependant que les résultats définitifs seront déterminés en fonction des lois et des procédures américaines", a déclaré le ministère des Affaires étrangères lundi.

Une relation bilatérale difficile à modifier

Bien que l’accession au pouvoir de Joe Biden devrait s’accompagner de politiques plus conventionnelles et prévisibles, le changement de style ne suffira pas à inverser une tendance amorcée avant l’élection de Donald Trump et accentuée par ce dernier. Le démocrate s’est en effet lui aussi engagé à poursuivre sur la voie de la fermeté.

La Chine est l’un des rares dossiers sur lesquels démocrates et républicains se rejoignent, et ce consensus déterminera l’action du futur président: si Joe Biden pourrait rouvrir les canaux de communication, il lui sera difficile de modifier fondamentalement le cours de la relation sino-américaine.

Pas de levée des taxes commerciales en vue

Accusé pendant la campagne d’être trop favorable à Pékin, le futur président aura à cœur de prouver le contraire. Une fois entré en fonction, il devrait maintenir les taxes commerciales, un levier hérité de Donald Trump. Ces dernières lui permettront de négocier les mêmes réformes exigées par son prédécesseur: la fin des subventions étatiques massives, la fin du transfert forcé de technologie, la protection de la propriété intellectuelle et la réciprocité dans les affaires.

Joe Biden a en outre promis de renforcer la position américaine en se rapprochant des alliés européens et asiatiques malmenés par son prédécesseur. Face à la perspective d’un front uni, le Parti communiste chinois espère cependant pouvoir souffler un peu et gagner du temps grâce à une nouvelle administration dont la rationalité permettrait de freiner la chute en cours.

Donald Trump pourrait miner le terrain

Mais dans l’immédiat, Pékin fait surtout face à une incertitude de taille: Donald Trump lui-même. Aigri, le président sortant refuse pour l’heure de concéder la défaite. D’ici le 20 janvier, date officielle de la passation du pouvoir, beaucoup redoutent les coups d’éclat. Ces derniers mois, le républicain a promis à plusieurs reprises de faire payer la Chine pour le Covid-19. Fragilisé par la pandémie, il considère la crise sanitaire comme responsable de sa défaite.

Avant de rendre les clés du Bureau ovale, Donald Trump pourrait miner le terrain, soutenu par les faucons de son administration désireux de compliquer tout réchauffement avec Pékin.

Taiwan, le Xinjiang, de nouvelles taxes commerciales: les leviers dont dispose l’équipe sur le départ pour empoisonner davantage les relations avec la Chine ne manquent pas. Dans ce contexte potentiellement explosif, les hauts dignitaires du Parti communiste restent donc plus que jamais sur leurs gardes.

Michael Peuker/oang

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La Russie attend aussi pour adresser ses félicitations

Le Kremlin a indiqué lundi que Vladimir Poutine attendait l'annonce du résultat officiel de la présidentielle aux Etats-Unis pour en féliciter le vainqueur.

"Nous estimons qu'il est correct d'attendre les résultats officiels des élections qui ont eu lieu. Je veux rappeler que le président Poutine a plusieurs fois dit qu'il respectera le choix du peuple américain quel qu'il soit", a indiqué aux journalistes le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.

Les relations russo-américaines n'ont cessé de se détériorer depuis que Moscou est accusé d'ingérence dans la présidentielle de 2016 pour favoriser l'élection de Donald Trump.

L'élection de Joe Biden risque d'accroître encore les tensions, l'ancien vice-président de Barack Obama ayant promis toujours plus de fermeté à l'égard de Moscou, quand Donald Trump ne cachait pas son admiration pour le président russe.

L'OMS se réjouit de l'élection de Joe Biden

Félicitant Joe Biden pour son élection, le patron de l'OMS a appelé lundi à Genève à l'unité et à préparer la prochaine crise sanitaire.

"Nous sommes une famille", a relevé Tedros Adhanom Ghebreyesus au début de la reprise de l'Assemblée mondiale de la santé. "Il est temps de guérir des ravages de cette pandémie" et d'investir dans les systèmes de santé au-delà du vaccin attendu, a-t-il affirmé. "Cela ne sera pas la dernière crise sanitaire".

Ciblé à de nombreuses reprises par l'actuel président américain Donald Trump, le directeur général de l'organisation s'est réjoui de collaborer avec Joe Biden et la future vice-présidente Kamala Harris.

Sans nommer le républicain, il a ciblé les "divisions", le "déni" ou encore "l'ignorance délibérée" face à la pandémie.