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La police kényane prête à «tirer pour tuer»

La police est armée jusqu'aux dents pour parer aux fauteurs de troubles.
La police est armée jusqu'aux dents pour parer aux fauteurs de troubles.
Face à la persistance des violences meurtrières au Kenya, la police a reçu l'ordre de «tirer pour tuer» les fauteurs de troubles, alors que la situation restait très tendue mercredi dans l'ouest du pays après un mois de troubles.

Au lendemain du lancement officiel de pourparlers entre le
président kényan Mwai Kibaki et son rival Raila Odinga, la tension
restait très forte dans la province de la Vallée du Rift, notamment
à Naivasha (90 km au nord-ouest de Nairobi) où l'armée patrouillait
les rues.

Mardi, le Conseil de sécurité de l'ONU a discuté de la situation
au Kenya, qualifiée de «tragique» par le représentant adjoint
américain, Alejandro Wolff. Réunis à Londres, le Premier ministre
britannique Gordon Brown, la chancelière allemande Angela Merkel,
le président français Nicolas Sarkozy, le Premier ministre italien
Romano Prodi et le président de la Commission européenne José
Manuel Barroso, ont réclamé la fin de l'escalade de la violence et
appelé les leaders à se parler "pour le bien de la Nation
kényane".

Sécurité renforcée

La police kényane a reçu l'ordre de «tirer pour tuer» les
pillards, les incendiaires et les personnes portant des armes ou
bloquant les routes, pour tenter d'endiguer les violences dans le
pays, a déclaré mercredi un officier de la police sous couvert
d'anonymat. «Nous avons des ordres de tirer pour tuer ces
catégories de personnes si elles sont prises en flagrant délit»,
a-t-il ajouté.



Le porte-parole du gouvernement, Alfred Mutua, a confirmé que les
autorités «avaient renforcé la sécurité» dans le pays. «Nous ne
laisserons pas des gens bloquer des routes, brûler des bâtiments et
porter des armes dans les rues», a-t-il déclaré. Selon l'officier
sous couvert d'anonymat, l'ordre a été donné peu après l'ouverture
à Nairobi des pourparlers entre Kibaki et Odinga, en présence du
médiateur, l'ancien secrétaire général de l'ONU Kofi Annan.

Situation crispée

Un calme très précaire régnait mercredi dans la ville de
Naivasha (Vallée du Rift) après plusieurs jours de troubles
meurtriers notamment entre ethnies rivales et au lendemain de
l'intervention d'hélicoptères de l'armée, pour la première fois
depuis le début de la crise.



Un hélicoptère de l'armée a survolé la ville mercredi à la
mi-journée, a constaté une journaliste de l'AFP. Plusieurs échoppes
ont encore été brûlées dans le centre de Naivasha et la plupart des
commerces restaient fermées. Près du commissariat de police, où
sont réfugiées environ 8000 personnes, selon la police, la tension
était très vive.



Dans la matinée, des centaines de déplacés se sont précipités dans
l'enceinte du commissariat par crainte d'une attaque de membres de
l'ethnie kikuyu. A Kikuyu, à environ 20 km à l'ouest de Nairobi, la
police a tiré des gaz lacrymogènes pour disperser des
manifestants.

Une crise majeure qui dure

Depuis plusieurs jours, les conflits ethniques et fonciers,
récurrents et jamais mis à plat depuis l'indépendance en 1963 dans
la Vallée du Rift, ont pris le pas sur les rancoeurs électorales
dans cette province. Le Kenya traverse une crise majeure depuis la
présidentielle du 27 décembre, remportée officiellement par Mwai
Kibaki, un Kikuyu.



Raila Odinga (un Luo, soutenu par d'autres communautés ethniques)
accuse Mwai Kibaki d'avoir fraudé pour lui voler la victoire. Près
de 1000 personnes ont été tuées et plus de 250'000 déplacées dans
ces violences politico-ethniques depuis un mois dans le pays.



afp/sun

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Washington menace de réexaminer son aide

L'émissaire américain Jendayi Frazer a annoncé mercredi que les Etats-Unis vont réviser l'ensemble des aides qu'ils octroient au Kenya, invoquant un "nettoyage ethnique flagrant" des Kikuyus dans la région du Rift.

En marge d'un sommet de l'Union africaine dans la capitale éthiopienne, l'envoyée américaine a reconnu que l'essentiel des fonds américains au Kenya servent à lutter contre le SIDA et le paludisme et sont attribués à des organisations non-gouvernementales mais ces fonds seront néanmoins réexaminés.

Menaces sur les roses de la St-Valentin

Le secteur horticole au Kenya, l'un des plus gros exportateurs de roses coupées au monde, ne cache pas son inquiétude face aux violences qui embrasent le pays et menacent la production à un moment crucial pour le marché, l'approche de la Saint-Valentin.

Certains producteurs ont dû stopper leur travail, de nombreux employés n'étant pas venus travailler depuis deux jours, en raison de l'insécurité.

La crise tombe à une période cruciale pour le secteur des fleurs coupées: la société Oserian, par exemple, doit livrer 6 millions de roses pour la Saint-Valentin.

Devant l'urgence, le groupe des producteurs du lac Naivasha et les autorités ont convenu mardi de monter, près des plantations, un camp temporaire qui pourra accueillir 10'000 employés, afin d'assurer la continuité de la production.