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Kenya: la violence monte encore d'un cran

Au Kenya, Kikuyus et Luos continuent de s'affronter sans répit.
Au Kenya, Kikuyus et Luos continuent à s'affronter sans répit
Un parlementaire de l'opposition kényane a été tué dans le cadre des violences post-électorales. C'est la première personnalité officielle à mourir dans ces heurts. L'aide humanitaire peine à être acheminée dans le pays.

La victime est Mugabe Were, un membre du Parti démocratique
orange-Kenya du chef de l'opposition Raila Odinga. Il "a été tué
devant sa maison" lundi, a indiqué un officier de police mardi. Ce
meurtre fait craindre une escalade des troubles.

Quelques heures plus tard, de sanglants combats entre groupes
ethniques rivaux ont éclaté à Nairobi dans le quartier défavorisé
de Kibera. Ces heurts ont fait plusieurs victimes. La police a
aussi dû tirer des gaz lacrymogènes.

Appel au calme

En outre, des hélicoptères de l'armée kényane ont ouvert le feu
à Naivasha, dans la Vallée du Rift, pour la première fois depuis le
début des violences fin décembre. "La foule est incontrôlable et
nous voulons la disperser, c'est pourquoi nous avons recours à des
hélicoptères," a indiqué la police.



De son côté, l'opposition kényane a ensuite lancé un appel au
calme. "Ceci est une nouvelle forme de violences. Mais nous
appelons une nouvelle fois les gens à être pacifiques et à répondre
uniquement à cette forme de violence en évitant la violence", a
déclaré un porte-parole du parti de Raila Odinga.



Peu avant, le candidat malheureux à la présidentielle avait
affirmé après l'assassinat du politicien: "Nous soupçonnons la
marque infâme de nos adversaires."

Près de 1000 morts

Selon un bilan policier, près de 30 personnes ont déjà été tuées
depuis lundi soir et plus de 100 depuis jeudi dernier, dans un
regain de violences un mois après la présidentielle qui a vu Mwai
Kibaki s'imposer et se faire accuser de fraude par l'opposition.
Les violences ont déjà fait près de 1000 morts et 250'000 déplacées
depuis le 27 décembre.



A un conflit tout d'abord politique s'est donc ajoutée une
opposition tant ethnique que foncière, jamais vraiment mis à plat
depuis l'indépendance du pays en 1963. Les heurts opposent les
Kikuyus qui soutiennent le président Kibaki et les Luos favorables
à Raila Odinga.



Parallèlement, l'équipe de médiation dans la crise a annoncé
qu'une nouvelle étape de négociations entre les camps de Mwai
Kibaki et Raila Odinga devait débuter mardi.



agences/boi

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L'aide humanitaire freinée

L'aide humanitaire est sérieusement entravée par l'extension des violences au Kenya, ont affirmé mardi plusieurs agences de l'ONU.

"Il est de plus en plus difficile pour nos équipes de se déplacer et de fournir une aide d'urgence", a affirmé l'UNICEF.

Par ailleurs, une équipe de l'agence de l'ONU a été menacée, il y a deux jours dans un camp de déplacés du nord de la vallée du Rift, alors qu'elle interrogeait des femmes victimes de violences.

"Cette violence nous préoccupe énormément. Elle s'étend chaque jour et prend des dimensions très importantes", a ajouté l'UNICEF.

L'organisation a demandé l'arrêt immédiat des violences contre les enfants, "menacés par des personnes machettes à la main".

Lundi, trois camions du Programme alimentaire mondial avaient été attaqués à coups de pierres. Tous les convois vers la ville d'Eldoret et Kisumu, dans la vallée du Rift, ont été annulés.

Les distributions dans un bidonville de Nairobi ont également été interrompues.

Le HCR et l'Organisation internationale pour les migrations ont de leur côté été contraints de renoncer à une évacuation du village de Timboroa, au nord d'Eldoret.

Ban Ki-moon inquiet

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, en visite mardi au Rwanda, a jugé que la situation au Kenya était "inacceptable" et déclaré qu'il était "profondément préoccupé" par les violences.

"Je suis de très près la situation. J'ai déjà parlé à Mwai Kibaki et au leader de l'opposition, Raila Odinga. Ce matin, j'ai discuté avec mon prédécesseur Kofi Annan", qui a été nommé médiateur dans ce conflit.

Ban Ki-moon a indiqué qu'il s'entretiendrait de la situation au Kenya avec les dirigeants africains qu'il va rencontrer dès mercredi à Addis Abeba, où un sommet de l'Union africaine.