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Kenya: K.Annan interrompt les discussions

Kofi Annan en pourparlers avec Mwai Kibaki et Raila Odinga.
Kofi Annan, Mwai Kibaki et Raila Odinga se sont rencontrés mardi.
Le médiateur de l'Union africaine au Kenya, Kofi Annan, a suspendu jeudi les pourparlers entamés dans la matinée entre représentants du président kényan Mwai Kibaki et de son rival Raila Odinga. Peu avant, un député a été tué.

"Nous avons repoussé la session de cet après-midi et nous
travaillerons toute la journée demain, afin que les négociateurs
puissent s'occuper d'affaires urgentes et appellent leurs
circonscriptions", a déclaré Kofi Annan à des
journalistes.

Chaque camp est représenté par trois députés, mandatés par le
président kényan réélu Mwai Kibaki et son rival, Raila Odinga, pour
négocier en leur nom. Ces pourparlers avaient été ouverts
officiellement mardi lors d'une cérémonie retransmise en direct par
les télévisions kényanes.

2e député tué

Selon un des négociateurs, les pourparlers ont été ajournés
parce qu'un député de l'opposition a été tué. En matinée, le député
David Kimutai Too a été tué par balles par un policier dans une
banlieue de la ville d'Eldoret, alors qu'il s'apprêtait à entrer
dans un hôtel en compagnie d'une femme, également policière, a
indiqué la police kényane dans un communiqué. La femme a été
hospitalisée dans un état grave, selon cette source.



Les enquêteurs de la police privilégient la piste du "crime
passionnel", mais Raila Odinga a estimé que ce meurtre, le second
en quelques jours, relevait d'un "complot" pour affaiblir son camp
au parlement.



Il s'agit du deuxième député de l'ODM tué en quelques jours au
Kenya. Melitus Mugabe Were, député de la circonscription d'Embakasi
(Nairobi) avait été tué par balles dans la nuit de lundi à mardi
devant son domicile. Raila Odinga avait alors affirmé que "ses
adversaires" politiques, en référence au camp de Mwai Kibaki,
étaient impliqués dans cet "assassinat brutal".

Manifestations de colère

La mort du député a immédiatement déclenché des manifestations
de colère dans plusieurs villes de l'ouest. A Eldoret, au moins
deux personnes ont été tuées dans des manifestations.



La tension était également forte à Kericho, où des maisons ont été
incendiées et des tirs sporadiques entendus, et à Kisumu, fief de
l'opposition, où la police a tiré des gaz lacrymogènes pour
disperser des manifestants.

Une crise qui dure

Depuis plusieurs jours, les conflits ethniques et fonciers,
récurrents et jamais mis à plat depuis l'indépendance en 1963 dans
la Vallée du Rift, ont pris le pas sur les rancoeurs électorales
dans cette province. Le Kenya traverse une crise majeure depuis la
présidentielle du 27 décembre, remportée officiellement par Mwai
Kibaki, un Kikuyu.



Raila Odinga, un Luo soutenu par d'autres communautés ethniques,
accuse Mwai Kibaki d'avoir fraudé pour lui voler la victoire. Près
de 1000 personnes ont été tuées et plus de 250'000 déplacées dans
ces violences politico-ethniques depuis un mois dans le pays.



afp/boi

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Appel international

Le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement des 53 Etats membres de l'Union africaine s'est ouvert jeudi par un appel pressant de l'UA et de l'ONU aux dirigeants kényans pour résoudre pacifiquement la crise meurtrière qui secoue le pays depuis plus d'un mois.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a annoncé à Addis Abeba qu'il allait rencontrer le président kényan Mwai Kibaki et le chef de l'opposition kényane Raila Odinga et se rendre vendredi à Nairobi.

Le Sud-Coréen a jugé qu'il était de la "responsabilité particulière" des leaders kényans de "résoudre la crise pacifiquement".

Le président de la Commission de l'UA, Alpha Oumar Konaré, a lui jugé que "toute l'urgence" au Kenya était "d'éteindre le feu". Il a exhorté les protagonistes de la crise à "arrêter, arrêter, arrêter" sous peine de voir le Kenya "brûler".

"L'actualité brûlante a mis à votre ordre du jour le dossier du Kenya. Tragiquement, le Kenya est le pays qui a toujours donné, accueilli les autres, leur a toujours parlé pour qu'ils fassent la paix, un pays d'espoir pour notre continent", a-t-il déclaré au sommet auquel participe le président kényan Mwai Kibaki.