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Fonds libyens: un témoin-clé retire ses accusations contre Nicolas Sarkozy

Financement libyen: un témoin-clé retire ses accusations contre Sarkozy [AFP - Bertrand Guay]
Fonds libyens: un témoin retire ses accusations contre Nicolas Sarkozy / Le Journal horaire / 33 sec. / le 11 novembre 2020
Coup de théâtre dans l'enquête sur des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle 2007: Ziad Takieddine, sulfureux intermédiaire et l'un des principaux témoins à charge contre Nicolas Sarkozy, a retiré mercredi ses accusations.

"Je le dis haut et fort, or ce juge Tournaire (l'ancien juge d'instruction en charge du dossier) a bien voulu tourner ça à sa manière et me faire dire des propos qui sont totalement contraires aux propos que j'ai dits (...): il n'y a pas eu de financement de la campagne présidentielle de Sarkozy", a déclaré le sulfureux intermédiaire.

En fuite à Beyrouth alors qu'il a été condamné en juin en France dans le volet financier de l'affaire Karachi, Ziad Takieddine ajoute dans un court extrait vidéo dévoilé par Paris Match et BFM TV: "Je confirme que ceci n'est pas vrai. Nicolas Sarkozy n'a pas eu un financement libyen pour la campagne présidentielle, ni Mouammar Kadhafi ne pouvait le faire parce qu'il ne le faisait jamais".

Sarkozy triomphal

"La vérité éclate enfin", a triomphé Nicolas Sarkozy dans des messages sur les réseaux sociaux. L'ex-chef de l'Etat est mis en examen dans ce dossier depuis mars 2018 pour "recel de détournement de fonds publics", "corruption passive" et "financement illégal de campagne électorale", et depuis mi-octobre pour "association de malfaiteurs".

"Le principal accusateur reconnaît ses mensonges. Jamais il ne m'a remis d'argent, jamais il n'y a eu de financement illégal de ma campagne de 2007", ajoute-t-il.

"Je demande à mon avocat Thierry Herzog de déposer une requête en démise en examen et d'engager une procédure pour dénonciation calomnieuse contre Ziad Takieddine dont les précédentes allégations m'ont causé un préjudice considérable", poursuit-il.

Ziad Takieddine, âgé de 70 ans, est lui-même mis en examen dans ce dossier pour complicité de corruption, de trafic d'influence, complicité de détournement de fonds publics.

Déclarations de 2016

En novembre 2016, Ziad Takieddine avait affirmé avoir remis entre fin 2006 et début 2007 cinq millions d'euros à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, et à son directeur de cabinet Claude Guéant.

A plusieurs reprises, ensuite, devant le juge d'instruction Serge Tournaire, Ziad Takieddine a confirmé avoir transporté cet argent libyen destiné à financer la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. En janvier 2020, devant les successeurs de Serge Tournaire, Aude Buresi et Marc Sommerer, Ziad Takieddine n'est pas revenu sur ces déclarations.

Sollicitée par l'AFP, son avocate, Me Elise Arfi, qui l'accompagnait lors de ces interrogatoires, n'a pas souhaité réagir.

Enquête ouverte en 2012

L'enquête avait été ouverte après la publication par Mediapart en 2012, dans l'entre-deux tours de la présidentielle, d'un document censé prouver que la campagne victorieuse de Nicolas Sarkozy cinq ans plus tôt avait été financée par le régime de Mouammar Kadhafi.

Témoignages de dignitaires libyens, notes des services secrets de Tripoli, accusations de Ziad Takieddine... En sept ans de travail, les magistrats ont réuni une somme d'indices troublants qui ont donné corps à cette théorie.

Toutefois, aucune preuve matérielle indiscutable n'a pour l'heure été retrouvée, même si des mouvements de fonds suspects ont conduit à neuf mises en examen à ce jour.

ats/jfe

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D'autres charges, rappelle le procureur

Les charges dans l'enquête sur des soupçons de financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007 ne reposent pas uniquement sur les déclarations de l'intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine, a déclaré jeudi le procureur national financier.

Les inculpations "intervenues dans ce dossier s'appuient, conformément aux dispositions du code de procédure pénale, sur des indices graves ou concordants qui ne se limitent pas aux déclarations d'une seule personne", écrit le procureur Jean-François Bohnert dans un communiqué.