Quarante-quatre personnes ont été tuées dans l'ouest du Kenya
dans des affrontements interethniques et par la police au cours des
dernières 24 heures, selon un nouveau bilan annoncé par la police.
La situation était très tendue samedi dans cette région de l'ouest
et de la Vallée du Rift, devenue l'épicentre des violences dans le
pays depuis deux semaines.
Eglise incendiée
Des émeutes ont notamment eu lieu dans la circonscription
d'Ainamoi (à environ 240 km au nord-ouest de Nairobi), située dans
le district de Kericho, depuis le meurtre jeudi du député de cette
circonscription, David Kimutai Too, élu du Mouvement démocratique
orange (ODM, opposition).
Il s'agissait du second meurtre d'un député de l'opposition en
quelques jours. En outre, une église a été incendiée dans la nuit
de vendredi à samedi dans la ville d'Eldoret (ouest), a annoncé la
police locale, précisant qu'aucune victime n'était à
déplorer.
Il s'agit de la deuxième église incendiée dans la zone d'Eldoret
après l'incendie d'une église dans la localité de Kiambaa le 1er
janvier dans lequel 35 personnes avaient péri brûlées vives à
l'intérieur de l'église.
"Gravement préoccupé"
Près de 1000 personnes ont été tuées et 250'000 à 300'000
déplacées dans les violences politico-ethniques qui ont suivi
l'annonce de la réélection, contestée par l'opposition, du
président kényan Mwai Kibaki fin décembre.
Raila Odinga, arrivé officiellement deuxième, accuse Mwai Kibaki
d'avoir fraudé pour lui voler la victoire lors de l'élection, dont
les résultats sont entachés de graves irrégularités, selon de
nombreux observateurs.
Samedi, l'ODM s'est dit «gravement préoccupé» par les déclarations
du président Mwai Kibaki la veille à Addis Abeba, selon lesquelles
le contentieux électoral qui oppose les deux camps devait être
réglé devant la justice kényane. L'ODM a toujours exclu une telle
option, arguant que les tribunaux sont contrôlés par le
gouvernement.
agences/tac
Feuille de route signée
Vendredi, les camps de Kibaki et Odinga ont signé une feuille de route censée mettre fin aux graves violences et à la crise humanitaire qui en découle, et régler la crise politique qui a résulté de l'élection du 27 décembre.
Les deux parties sont convenues que ces questions devaient être «réglées» dans une période de 7 à 15 jours, à partir du lancement officiel du dialogue, le 28 janvier, par le médiateur de l'Union africaine (UA) Kofi Annan.
Les pourparlers ont réellement démarré jeudi et doivent se poursuivre lundi. Les «problèmes et solutions à long terme» doivent être réglées d'ici à «un an», prévoit ce plan qui évoque notamment une réforme pour régler les conflits fonciers.
Ce plan est une «percée très importante» compte tenu des «très grandes divergences entre les deux parties mais il ne s'agit pas d'un accord qui va mettre fin à la crise», avait déclaré vendredi soir Salim Lone, porte-parole du Mouvement démocratique orange (ODM), le parti de Raila Odinga.
Pourparlers cruciaux pour la presse
La presse kényane jugeait samedi que les pourparlers engagés sous l'égide de Kofi Annan étaient cruciaux pour le pays. «S'ils échouent, nous serons condamnés», écrivait dans un éditorial «The Standard», alors que le quotidien «Nation» appelait l'UA à «prendre des actions décisives pour empêcher le pays de plonger dans un gouffre».