Modifié

Un accord pour une coalition au Kenya

Mwai Kibaki (à g.) et Raila Odinga (ici avec Kofi Annan).
Mwai Kibaki et Raila Odinga entourent Kofi Annan
Le président kényan Mwai Kibaki et l'opposant Raila Odinga ont signé jeudi un accord de gouvernement de "coalition" dans le cadre des négociations pour sortir le Kenya d'une grave crise post-électorale.

Les deux dirigeants kényans rivaux, assis côte à côte à un
bureau devant les services de la présidence, ont paraphé un
document de plusieurs pages lors d'une cérémonie publique à
Nairobi, en présence du médiateur de l'Union africaine Kofi Annan
et du président de l'UA, Jakaya Kikwete.

Visiblement émus, Mwai Kibaki et Raila Odinga se sont ensuite
serrés la main sous les applaudissements, avant de poser pour les
photographes. Les pourparlers sous la médiation de Kofi Annan
avaient été entamés le 29 janvier.

Un Premier ministre

"Je suis heureux aujourd'hui que nous ayons signé un accord qui
marque le succès des pourparlers", a déclaré Mwai Kibaki: "Chacun a
sa place au Kenya, si nous mettons en valeur la paix et la
tolérance".



L'accord de gouvernement de coalition prévoit notamment la
création d'un poste de Premier ministre, a annoncé Kofi Annan à
l'issue de la cérémonie. Ce Premier ministre (poste jusqu'à présent
inexistant au Kenya et qui devrait revenir à l'opposition, à Raila
Odinga probablement) devra être "un membre élu du Parlement", a
précisé le médiateur, indiquant que le Parlement devrait se réunir
au plus vite pour entériner l'accord.



Les tractations entre les deux camps sur la fonction de Premier
ministre s'étaient enlisées ces derniers jours, amenant le
médiateur à suspendre mardi les pourparlers avec les équipes de
négociateurs pour en appeler à la "responsabilité directe" de Mwai
Kibaki et Raila Odinga.

Pressions internationales

Depuis le début de la semaine, la communauté internationale
avait accentué ses pressions sur les dirigeants kényans. La
secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice avait ainsi jugé
qu'il "n'y avait aucune excuse à un nouveau retard" pour mettre fin
aux violences et averti que les Etats-Unis pourraient prendre des
"mesures" si les dirigeants kényans ne se montraient pas
raisonnables.



A New York, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, avait
déclaré qu'il exhortait "fermement les parties au processus
national de dialogue et de réconciliation à prendre sans retard les
mesures nécessaires pour trouver une solution à la crise".



afp/boi

Publié Modifié

Une crise de deux mois

Le Kenya est plongé dans l'une de ses pires crises depuis l'indépendance en 1963.

Le conflit est né de la contestation par Raila Odinga de la réélection de Mwai Kibaki lors de la présidentielle du 27 décembre, entachée d'irrégularités selon les observateurs.

Plus de 1500 personnes sont mortes dans les violences politico-ethniques qui ont suivi le scrutin, selon la police.

Environ 300'000 ont été déplacées, selon la Croix-Rouge kényane.

Signe des tensions persistantes dans le pays, des violences interethniques ont repris dans la nuit de mercredi à jeudi dans l'ouest après une dizaine de jours de relative accalmie.

Trois personnes sont mortes dans des affrontements à Molo, ville particulièrement affectée par les violences politico-ethniques, a déclaré la police.

Les USA et l'ONU applaudissent

Washington a salué l'accord de gouvernement de coalition: "C'est une avancée importante et positive", a déclaré le département d'Etat.

Mais "en même temps, nous voulons nous assurer de la mise en oeuvre non seulement de cette partie de l'accord mais aussi des mesures supplémentaires nécessaires, y compris les changement législatifs et constitutionnels prévus dans l'accord global", a-t-il ajouté.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a lui salué l'accord qui "représente une percée vers la résolution de la crise et donne au peuple kényan l'espoir d'un retour à la stabilité démocratique dans leur pays".

Le Coréen a "félicité le président Kibaki et Raila Odinga, pour l'esprit de compromis dont ils ont fait preuve en signant cet accord et Kofi Annan pour sa contribution cruciale dans la médiation".