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Menace de crise humanitaire au Tchad

Des milliers de Tchadiens tentent de rejoindre le Cameroun
Des milliers de Tchadiens tentent de rejoindre le Cameroun
Entre 20'000 et 30'000 Tchadiens se sont réfugiés au Cameroun au cours des derniers jours pour échapper aux combats entre les rebelles et l'armée gouvernementale à N'Djamena, selon plusieurs ONG.

Une équipe du Haut commissariat des Nations unies pour les
réfugiés arrivée lundi soir à Kousseri, une petite ville
camerounaise située à une quinzaine de kilomètres de la capitale
tchadienne, a estimé "qu'entre 15.000 et 20.000 personnes ont passé
la frontière au cours des derniers jours", a déclaré la
porte-parole du HCR à Genève, Hélène Caux.

"Les gens sont toujours en train de passer. C'est un flot
continu", a-t-elle précisé à l'AFP, ajoutant qu'il était très
difficile d'estimer le nombre exact des réfugiés. De son côté, le
Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a indiqué dans un
communiqué qu'au moins "30.000 personnes auraient déjà fui", la
plupart étant regroupées dans un centre artisanal et une école de
Kousseri "dans des conditions de plus en plus précaires".

Campement en plein air

Par ailleurs, plus de trois mille Tchadiens se sont réfugiés au
Nigeria voisin, ont indiqué mardi des responsables nigérians de
l'immigration. Entre N'Djamena et Kousseri, les réfugiés tchadiens
doivent traverser la rivière Chari, qui sépare les deux pays, par
bateau ou sur des ponts.



La ville de Kousseri est "totalement submergée" par les réfugiés,
selon Hélène Caux. La plupart d'entre eux sont parvenus à trouver
asile chez des proches répartis dans la ville, mais entre 6000 et
7000 personnes campent en plein air sur un terrain déjà utilisé
lors d'une précédente crise tchadienne en 1980.



"Ils sont complètement démunis alors qu'il fait froid la nuit. Ils
sont partis de chez eux très vite", a souligné la porte-parole. Les
cinq représentants du HCR arrivés sur place lundi depuis la
capitale camerounaise Yaoundé doivent évaluer les besoins de la
population avec l'aide d'une cinquantaine de membres de la
Croix-Rouge camerounaise.

Plus de mille morts?

Deux camions transportant des couvertures, des bâches et des
équipements de cuisine sont attendus sur place dans la journée et
le HCR a affrété deux avions au départ de Dubai et d'Accra pour
acheminer un total de 90 tonnes de matériel de secours. Le premier
appareil est attendu au Cameroun dans la journée ou mercredi. Par
mesure de sécurité, le HCR prévoit d'évacuer les civils entassés à
Kousseri et de les éloigner de la frontière tchadienne en direction
du site de Maltam, situé à une trentaine de kilomètres à
l'intérieur du territoire camerounais.



A N'Djamena, les combats du week-end ont fait au moins un millier
de blessés, a estimé la porte-parole du CICR à Genève, Anna Schaaf,
sans pouvoir se prononcer sur le nombre de morts. "Mais nous
pensons que beaucoup d'autres (blessés) ne sont pas parvenus à se
rendre à l'hôpital", a-t-elle souligné, estimant que le bilan
risquait de gonfler dans les prochains jours à mesure que ces
personnes gagnent les installations médicales.



Le chef de la délégation du CICR à N'Djamena, Thomas Merckelbach,
a qualifié de "relativement calme" la situation dans la ville. "Les
diverses équipes de la Croix Rouge du Tchad et les nôtres
sillonnent la ville pour ramasser les blessés s'il y en a encore et
pour commencer le ramassage des morts", a-t-il rapporté, selon une
interview mise en ligne par le CICR.

LA SUISSE RENONCE A AFFRETER UN AVION

La Suisse a finalement renoncé à affréter un avion pour
rapatrier ses ressortissants du Tchad. Les capacités françaises
sont suffisantes pour ramener toutes les personnes qui le
souhaitent, a dit mardi soir Markus Börlin, chef de la cellule de
crise au DFAE.



Jusqu'à présent 54 Suisses ont quitté le Tchad et ont été
rapatriés. A N'Djamena, plusieurs compatriotes ont profité du calme
relatif qui régnait mardi pour se rendre dans des sites contrôlés
par l'armée française. Ils sont au nombre de 33 dans ces sites et
40 autres se trouvent à l'est de la capitale ou au sud du
pays.



Au total, 1182 ressortissants étrangers ont été évacués du Tchad
vers Libreville depuis le début de l'opération de l'armée française
samedi, a indiqué mardi à l'AFP l'état-major des armées.



agences/sun

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L'UE et les USA inquiets

La Commission européenne, qui craint une "crise humanitaire grave" au Tchad, a annoncé mardi une aide d'urgence de 2 millions d'euros pour les personnes déplacées ces derniers jours par les combats autour et dans la capitale N'Djamena.

Les 2 millions d'euros serviront, par l'intermédiaire de la Croix rouge et des agences de l'ONU, à fournir des vivres, de l'eau, des abris et des soins médicaux aux personnes déplacées et aux réfugiés.

La Maison Blanche s'est également déclarée mardi très préoccupée par la situation au Tchad et a averti que la communauté internationale avait "beaucoup à faire pour aider à résoudre la situation".

De son côté, la France a apporté mardi un soutien clair au président tchadien Idriss Deby Itno, en affirmant qu'elle ferait si nécessaire son «devoir» pour protéger son régime.

Cette déclaration survient au lendemain de l'adoption par le Conseil de sécurité de l'ONU d'une déclaration non contraignante, dans laquelle il appelait «les Etats membres à apporter leur soutien au gouvernement du Tchad».

Paris est toutefois favorable à un «cessez-le-feu» comme les rebelles que le président veut poursuivre hors de N'Djamena.

L'Eufor toujours suspendue

Le déploiement de la force européenne au Tchad, interrompu vendredi en raison des combats à N'Djamena, reste suspendu en attendant que la situation soit stabilisée, a indiqué mardi un diplomate européen.

"Il reste un élément d'incertitude et il n'y a pas eu de décision ferme aujourd'hui de relancer le déploiement. Les vols restent suspendus", a déclaré ce diplomate à l'issue d'une réunion des ambassadeurs des 27 pays de l'Union européenne consacrée au Tchad.

Le retard dans le déploiement "ne signifie pas forcément" un retard dans le véritable démarrage de l'Eufor prévu en mars. "Mais il est un peu tôt pour le savoir avec certitude", a-t-il dit.

L'opération Eufor, qui consiste à déployer quelque 3700 soldats dans l'est du Tchad et en Centrafrique pour protéger 450'000 réfugiés du Darfour (ouest du Soudan) et déplacés tchadiens et centrafricains, avait déjà été retardée de quatre mois, faute de trouver les moyens logistiques nécessaires à sa mission.