Peu avant son arrivée à Bruxelles, le négociateur britannique David Frost a envoyé un message de fermeté, rappelant que Londres comptait garder après le Brexit le contrôle total de ses lois, de son commerce et de ses eaux.
"Telle a été notre position constante depuis le début et je n'en changerai pas", a-t-il écrit sur Twitter. Cet avertissement répond aux interrogations autour d'un possible assouplissement de la ligne britannique, après le départ de plusieurs personnalités pro-Brexit dans l'entourage du Premier ministre Boris Johnson.
Des discussions qui patinent
Le Royaume-Uni a officiellement quitté l'UE le 31 janvier dernier, mais l'effet du divorce ne se fera pleinement sentir que le 1er janvier 2021, à l'issue de la période de transition pendant laquelle il continue d'appliquer les normes européennes.
D'ici là, Londres et Bruxelles s'étaient promis de conclure un traité commercial "zéro tarif, zéro quota" pour limiter autant que possible les conséquences négatives (et inévitables) du Brexit. Or, à moins de cinquante jours de la fin de l'année, les discussions, pourtant intensives, patinent.
Faute d'accord, les échanges seraient régis par les seules règles de l'Organisation mondiale du commerce, avec le retour de droits de douanes ponctuellement très importants, mais aussi d'obstacles non-tarifaires (quotas, normes techniques ou sanitaires...).
Un "no deal" enfoncerait un peu plus des économies déjà affectées par le coronavirus, mais plutôt côté britannique: le Royaume-Uni exporte 47% de ses produits vers le continent, quand l'UE n'écoule que 8% de ses marchandises outre-Manche.
Trois sujets de discorde
Les pourparlers butent sur trois sujets: les garanties réclamées à Londres en matière de concurrence, l'accès des Européens aux poissonneuses eaux britanniques et la manière de régler les différends dans le futur accord.
Sur la concurrence, l'UE veut s'assurer que le Royaume-Uni ne déviera pas des normes environnementales ou sociales en vigueur, mais aussi qu'il ne subventionnera pas ses entreprises à tout-va, alors qu'elle est prête à lui ouvrir son marché de 450 millions de consommateurs.
Sur la pêche, les Européens avaient promis un accord rapide, afin d'apaiser leurs pêcheurs, qui craignent de ne plus avoir le même accès aux eaux britanniques, très poissonneuses. Mais l'inflexibilité des deux côtés de la Manche n'a pas permis de concilier des positions de départ aux antipodes: le statu quo dans l'accès à ces eaux côté européen, un contrôle total pour Londres.
boi avec afp
Le cerveau du Brexit a quitté son poste
Ces négociations interviennent alors que Dominic Cummings, le très influent et controversé architecte de la campagne pour le Brexit, a quitté son poste de conseiller spécial du Premier ministre britannique Boris Johnson.
Le conseiller devait partir avant la fin de l'année, mais il a été aperçu quittant dès vendredi soir Downing street avec ses cartons, une source gouvernementale confirmant qu'il ne serait plus employé officiellement à partir de "la mi-décembre".
Son départ suit celui du directeur de la communication du 10 Downing Street et son allié du camp "Leave", Lee Cain, mercredi, victime de la lutte pour le pouvoir au sein du gouvernement.
Tous deux représentaient l'aile dure des Brexiters, prêts à une sortie sans accord de l'Union européenne.
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