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Un sombre anniversaire pour le Darfour

Les réfugiés du Darfour s'entassent dans des camps de fortune.
Les réfugiés du Darfour s'entassent dans des camps de fortune.
Le conflit du Darfour est entré mardi dans sa 6e année, alors qu'aucune solution ne semble se profiler. Le gouvernement soudanais refuse toujours le déploiement d'une force internationale capable de protéger les populations.

Qualifié de premier génocide du XXIe siècle par les Etats-Unis,
le conflit oppose des rebelles de souche africaine en quête d'une
part de richesse et de pouvoir au régime soudanais et ses alliés,
les miliciens arabes janjawids. Il déborde sur le Tchad voisin au
risque d'embraser toute la sous-région.

La date retenue pour le début du conflit (le 26 février 2003)
correspond à une attaque rebelle d'une garnison de l'armée dans le
nord du Darfour, à l'origine de représailles gouvernementales.

200'000 victimes

La complexité de la situation n'est plus à démontrer, "ce qui
expose les civils et les humanitaires à des risques venant de
toutes les parties" en conflit, selon l'ONU, qui multiplie les
appels au cessez-le-feu et à des pourparlers.



Selon des organisations internationales, 200'000 personnes ont
péri à cause de ce conflit et de ses conséquences. Plus de 2,2
millions ont été déplacées, ce que ne conteste pas Khartoum, qui ne
parle en revanche que de 9000 morts.



Les Nations Unies et d'autres organisations gèrent au Darfour, qui
compte six millions d'habitants, la plus grosse opération
humanitaire au monde, avec un budget de 849 millions de dollars
(environ 920 millions de francs) pour 2008.



La violence a repris ce mois avec deux attaques de l'armée
soudanaise et de janjawids qui ont poussé vers le Tchad au moins
12'000 nouveaux réfugiés. Les nouveaux arrivés ont raconté au HCR
que les bombardements aériens et les attaques ont eu lieu contre
des camps de personnes déplacées et des villages au Darfour.

Retard dans l'intervention

De plus, le déploiement de la force "hybride" entre l'ONU et
l'Union africaine (MINUAD) peine à devenir effectif. Cette force
doit devenir la plus importante de maintien de la paix dans le
monde avec 20'000 soldats et 6000 policiers. Mais seuls 9000 hommes
ont pour l'instant été déployés. La MINUAD a pris début janvier le
relais de l'AMIS, l'ancienne force de l'Union africaine, mal
équipée et sous-financée.



L'adjoint du président soudanais a pour sa part rejeté dimanche
toute responsabilité de Khartoum dans le retard du déploiement de
la force. Ce retard est dû au "manque de financement", a-t-il dit,
en mettant en cause la Grande-Bretagne, la France et les
Etats-Unis.



agences/boi

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Chronologie du conflit

26 février 2003: Khartoum annonce que des rebelles ont pris le contrôle d'un chef lieu du nord du pays.

Mars 2003: Deux mouvements rebelles réclament une répartition équitable du pouvoir et des richesses.

Août 2003: Les rebelles accusent les milices pro-gouvernementales, les janjawids, de massacres dans le Darfour-nord.

Avril 2004: Khartoum et les deux mouvements rebelles signent un accord prévoyant un cessez-le-feu qui ne sera pas respecté.

Août 2004: Arrivée des premiers soldats d'une force africaine.

Janvier 2005: Une enquête de l'ONU dénonce des crimes contre l'humanité.

Mars 2005: L'ONU approuve des sanctions ciblées contre des individus reconnus coupables d'atrocités et étend au gouvernement un embargo sur les armes qui frappe les rebelles.

Juillet 2007: L'ONU approuve l'envoi d'une "force hybride" ONU-Union africaine (MINUAD), de 26'000 hommes.

Octobre 2007: Echec de pourparlers en Libye, en l'absence des principaux groupes rebelles.

Décembre 2007: La MINUAD prend le relais de la force africaine.

Janvier 2008: Feu vert de Bruxelles à l'envoi d'une force européenne au Tchad et en Centrafrique afin de protéger 450'000 réfugiés soudanais du Darfour et déplacés tchadiens et centrafricains.