Ce livre, publié simultanément en 25 langues (en français chez Fayard), s'annonce d'ores et déjà comme un succès de librairie. Celui qui a été au pouvoir de 2009 à 2017 y pose un regard critique sur cette Amérique arrivée à un tournant. Dans cet ouvrage de plus de 700 pages, intitulé "Une terre promise", Barack Obama revient aussi sur sa présidence et les quatre années écoulées à Washington.
Le démocrate de 59 ans, qui s'excuse dans sa préface de ne pas savoir être concis, pose un regard acéré sur la démocratie américaine. Il y souligne les divisions, les luttes de pouvoir entre démocrates et républicains, avec un Donald Trump qui a fondamentalement changé la fonction présidentielle.
"Nous sommes passés au travers d'une présidence qui a ignoré toute une série de normes institutionnelles fondamentales", a-t-il souligné dimanche dans une longue interview sur la chaîne de télévision CBS. "Ce que nous avons vu, ce n'est pas seulement que ce président ne disait pas la vérité, mais que la vérité n'avait même aucune importance".
"Aux Américains effrayés par la présence d'un homme noir à la Maison Blanche, Donald Trump a proposé un élixir à leurs angoisses raciales", ajoute Barack Obama dans ce livre écrit avant l'élection de Joe Biden.
Mais le 44e président des Etats-Unis se veut optimiste aussi. Il est persuadé que l'Amérique, à force de détermination et d'imagination, peut encore offrir le meilleur d'elle-même. Il jette aussi un regard introspectif sur sa propre présidence. "Je dois en partie mon élection à ma croyance fondamentale à la décence des Américains et que la politique n'est pas un match de catch", dit-il avant d'admettre s'être demandé s'il n'avait pas été trop modéré ou trop prudent dans ses actes.
Les craintes de Michelle en 2008
Dans ses mémoires, il lève également le voile sur quelques détails de sa vie personnelle, dans le cadre d'une communication qui a toujours été très maîtrisée au sein du couple Obama. On y apprend que sa femme Michelle était clairement opposée à ce qu'il se lance dans la présidentielle en 2008, craignant l'impact sur une famille avec deux jeunes enfants. Barack Obama révèle aussi que, durant ses huit années à la Maison Blanche, il lui arrivait de chercher un petit coin tranquille pour une "cigarette du soir".
Reste que le livre est largement plus politique que personnel. Le démocrate garde un œil affûté sur les combats qui se jouent à Washington. On l'a d'ailleurs vu aussi en campagne ces dernières semaines pour soutenir Joe Biden. Il a cependant affirmé qu'il ne reviendrait pas à la Maison Blanche au côté de son ancien vice-président, assurant que sa femme le quitterait si tel devait être le cas.
Ironique sur Nicolas Sarkozy
Dans ce livre, Barack Obama dresse aussi une galerie de portraits des dirigeants qu'il a côtoyés durant ses huit ans au pouvoir. Il se montre très élogieux à l'égard d'Angela Merkel, dont il évoque le sérieux et la richesse humaine, mais plus ironique à l'égard de Nicolas Sarkozy, toujours en mouvement, hyperbolique et qui "bombe la poitrine comme un coq". Il se montre franchement cinglant à l'égard du sénateur républicain Lindsey Graham, le "type dans un polar qui trompe tout le monde pour sauver sa peau".
L'ancien président et sa femme Michelle, dont le livre est sorti il y a deux ans, ont signé un contrat global de 65 millions de dollars pour la publication de leurs mémoires.
Raphaël Grand/Patrick Chaboudez/oang
Suzi LeVine: Il faudra "rassembler notre Nation"
Ambassadrice des Etats-Unis en Suisse lorsque Barack Obama était président, Suzi LeVine le connaît bien - tout comme son mari Eric.
Interviewés ensemble mardi dans l'émission Tout un monde, ces deux influents démocrates insistent sur la nécessité de réunifier le pays.
"Quand Joe Biden prêtera serment en tant président le 20 janvier 2021, l’une de ses missions les plus importantes et les plus difficiles sera de rassembler notre Nation", souligne Suzi LeVine.
"Malgré tout, il y a davantage de choses qui nous rassemblent que de choses qui nous divisent, nous devons juste le réaliser et y travailler", estime-t-elle.
"Cela prendra du temps et beaucoup d’énergie pour vaincre les causes de ces divisions mais je pense qu’on y arrivera. Et le gouvernement qui s’apprête à venir va s’y consacrer".