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Liban en crise: les heurts font sept morts

Chargée de ramener le calme, l'armée est toujours très présente.
L'armée tente de s'interposer entre les deux camps.
Les affrontements armés entre partisans de la majorité anti-syrienne et sympathisants de l'opposition ont fait sept morts jeudi au Liban, au 2e jour d'une campagne de désobéissance du Hezbollah contre le gouvernement.

Selon des sources de sécurité et hospitalières, au moins sept
personnes ont été tuées et dix autres blessées dans les
affrontements qui ont éclaté en fin d'après-midi. Dix-huit
personnes avaient en outre été blessées depuis le début des
troubles mercredi.

La capitale désertée

Les affrontements, à l'arme automatique et à la roquette selon
les services de sécurité, ont éclaté dans plusieurs quartiers
mixtes sunnites-chiites de l'ouest de la capitale. Dans la soirée,
des explosions étaient entendues à travers la capitale, désertée
par les habitants depuis la matinée.



Lors d'une vidéo-conférence, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah
a qualifié des décisions du gouvernement de "déclaration de guerre
et un début de guerre lancée par le gouvernement". Celui-ci avait
notamment décidé mardi d'enquêter sur un réseau de
télécommunications installé par le Hezbollah à travers le pays
(voir ci-contre).

"Droit de nous défendre"

"Notre réponse à cette déclaration de guerre est notre droit à
nous défendre, de défendre notre résistance, nos armes et notre
existence", a insisté le chef du mouvement chiite.



Le dirigeant de la majorité parlementaire, le sunnite Saad Hariri,
a appelé le chef du Hezbollah à mettre fin au "siège" de la
capitale et à "retirer les hommes armés des rue". Concernant les
décisions prises mardi à l'encontre du Hezbollah et violemment
critiquées, le leader antisyrien a déclaré que ces décisions ont
été «mal interprétées» par la formation chiite. «Ces décisions
visent à protéger l'armée et non pas à s'attaquer à la résistance»,
a-t-il précisé.



Une journée de grève générale pour une revalorisation des
salaires, soutenue par l'opposition, a dégénéré mercredi en heurts
entre partisans de la majorité et sympathisants de l'opposition.
Jeudi, ils se sont étendus à la Bekaa (est) et Tripoli (nord).

Les axes paralysés

Des manifestants ont également bloqué la route menant à
l'aéroport de Beyrouth, où le trafic aérien était quasiment
paralysé, selon un responsable aéroportuaire. Seuls huit avions ont
pu décoller dans l'après-midi à destination de pays arabes et de
Paris.



En outre, des sympathisants du gouvernement ont bloqué les axes
menant à la Syrie, et dans les fiefs du Hezbollah à l'est et au
sud. A Beyrouth, l'armée, déployée pour s'interposer entre les deux
camps, a prévenu qu'une escalade risquait de "porter atteinte à
l'unité" du pays.

Etat d'urgence en vue?

Face à l'évolution de la situation, Fouad Siniora a déclaré que
son gouvernement envisageait de proclamer l'état d'urgence et un
couvre-feu. «Cette question fait l'objet de discussions et je n'en
dirai rien tant qu'elle ne se concrétisera pas», a-t-il dit.



Le Liban traverse sa plus grave crise politique depuis la fin de
la guerre civile en 1990, et se trouve sans chef d'Etat depuis le
24 novembre, les deux parties ne parvenant pas à se mettre d'accord
sur un partage du pouvoir.



agences/cer

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Soutien au gouvernement libanais

Alors que la tension est montée d'un cran dans le pays, le gouvernement de Fouad Siniora a reçu le soutien du Caire, de Ryad et du Conseil de sécurité de l'ONU alors que pour Paris, la situation est "préoccupante".

Le Hezbollah doit cesser immédiatement de "semer le trouble" au Liban, a averti Washington.

Le Conseil de sécurité a lancé un appel «au calme et à la retenue» en invitant les parties au dialogue, tout en exprimant son soutien aux institutions du pays, à l'instar de Washington.

Le Hezbollah a été accusé à l'ONU de bâtir au Liban un Etat dans l'Etat, constituant une menace à la paix et à la sécurité régionales.

Un responsable de l'ONU s'est quant à lui inquiété devant le Conseil de sécurité que le Hezbollah dispose d'une "infrastructure paramilitaire massive en marge de l'Etat".

La Ligue arabe a de son côté exhorté les dirigeants libanais à "éviter les affrontements ou toute autre action qui pourrait provoquer l'escalade" des violences, tandis que les autorités des Emirats arabes unis ont annoncé l'évacuation de leurs ressortissants de Beyrouth.

Les débuts du mouvement

La grève générale qui est à l'origine de la crise que traverse le Liban avait été organisée à l'appel de la Confédération générale des travailleurs au Liban (CGTL), principale organisation syndicale du pays, pour réclamer du gouvernement une hausse du salaire minimum, inchangé depuis 1996.

Mercredi, un responsable de l'opposition avait affirmé que la grève allait se transformer en "désobéissance civile" jusqu'à ce que le gouvernement revienne sur ces dernières décisions touchant notamment au Hezbollah.

Le gouvernement avait décidé mardi d'enquêter sur un réseau de télécommunications qui aurait été installé par le Hezbollah à travers le pays, et de limoger le chef de la sécurité de l'aéroport de Beyrouth présenté comme un proche du mouvement chiite.