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Le patron de la Deutsche Post sous enquête

La police a posé des scellés sur la maison de Klaus Zumwinkel.
La police a posé des scellés sur la maison de Klaus Zumwinkel.
L'Allemagne était secouée jeudi par un scandale sans précédent, après le lancement d'une enquête pour fraude fiscale contre l'un de ses plus influents patrons, Klaus Zumwinkel, soupçonné d'avoir détourné un million d'euros.

A 7 heures du matin, heure locale, le parquet de Bochum (ouest)
a commencé à perquisitionner simultanément la villa du patron de la
Deutsche Post, Klaus Zumwinkel, à Cologne, et son bureau, au siège
de la société à Bonn.

Klaus Zumwinkel, 64 ans, a été emmené par les enquêteurs aux
alentours de midi. Il est sous le coup d'une enquête pour une
fraude fiscale d'un montant d'un million d'euros, a fait savoir le
parquet, qui indique que les sommes détournées ont été envoyées au
Liechtenstein.

Présomption d'innocence

Le parquet a indiqué que Klaus Zumwinkel n'était pas sous le
coup d'un mandat d'arrêt, car il avait coopéré et versé une caution
"non négligeable". Il a donc pu "rentrer tout à fait normalement
chez lui" après avoir été entendu par les enquêteurs. Le
gouvernement allemand, toujours actionnaire à 30% de Deutsche Post,
a appelé jeudi à "respecter la présomption d'innocence", et jugé
qu'il s'agissait d'une "affaire privée", selon un porte-parole du
ministère des Finances, qui a toutefois appelé le patron de
Deutsche Post à "contribuer à faire la lumière".



Klaus Zumwinkel, vétéran de l'économie allemande, est à la tête de
la poste depuis dix-huit ans. Les médias avaient évoqué dans la
matinée une fraude bien plus lourde, atteignant dix millions
d'euros. Le scandale n'en reste pas moins retentissant, parce qu'il
touche l'une des personnalités les plus influentes de l'économie
allemande.



Klaus Zumwinkel est en effet le doyen, en termes de longévité, des
patrons du Dax, l'indice vedette de la Bourse de Francfort. Son
contrat à la tête de la poste allemande expire en novembre et il
paraissait d'ores et déjà sûr qu'il ne serait pas renouvelé, limite
d'âge oblige.



afp/hof

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"Eminence jaune"

Klaus Zumwinkel est le maître d'oeuvre de la transformation de Deutsche Post, monopole public vieillot, en numéro un mondial de la logistique, coté en Bourse et fort d'un demi-million de salariés.

Il est aussi le président du conseil de surveillance, c'est-à-dire l'organe de contrôle, du géant Deutsche Telekom. Et il est un acteur-clé du secteur bancaire, via la filiale de Deutsche Post, Postbank, l'une des banques les plus rentables du pays.

Mais la réputation de cette "éminence jaune", son surnom dérivé de la couleur emblématique de Deutsche Post, est en chute libre depuis plusieurs mois. L'année dernière, Klaus Zumwinkel s'était illustré en bataillant pour l'instauration d'un salaire minimum des facteurs, censé protéger son groupe contre la concurrence de sociétés à bas salaires.

A peine ce salaire minimum décidé, le patron de Deutsche Post avait profité de la forte hausse de l'action de son entreprise en Bourse pour vendre un gros paquet de titres. Et empocher une plus-value estimée à 5 millions d'euros, provoquant une vague de réprobation dans le pays.