Après deux heures et demie de délibéré les jurés ont donc rendu un verdict plus clément que les réquisitions de l'avocat général Emmanuel Dupic qui avait demandé la réclusion criminelle à perpétuité.
Dans son box, Jonathann Daval a accueilli la décision, impassible. "Pardon, pardon", avait-il imploré, son regard tourné vers les parents d'Alexia, avant que la cour ne se retire pour délibérer en début d'après-midi.
Dans son réquisitoire, Emmanuel Dupic avait pointé un "crime conjugal (...) presque parfait", perpétré selon lui par l'accusé au motif qu'Alexia voulait le quitter. Il a dépeint l'accusé en "manipulateur" et en "menteur". L'avocat général a rejeté la thèse d'un meurtre commis après une simple dispute conjugale.
"Un monde s'écroule pour Jonathann Daval. Alexia met fin à la relation" et "le scénario c'était ça, on ne devait pas retrouver le cadavre, Jonathann restait dans cette famille", selon Emmanuel Dupic, d'où la dissimulation du corps dans un bois et, surtout, la tentative d'incinération.
La thèse du "coup de sang"
Avocat de Jonathan Daval, Me Randall Schwrdorffer a assuré que le meurtre n'était "pas prémédité, pas réfléchi". "C'est ce qu'on appelle 'un coup de sang'", a-t-il lancé.
"La perpétuité c'est une peine qu'on prononce pour les criminels les plus dangereux de la société: Francis Heaulmes, tueur d'enfants, Michel Fourniret, Marc Dutroux, Guy Georges... Quel est le point commun avec Jonathann Daval ? Aucun. Si, la médiatisation", a poursuivi Me Schwerdorffer.
Sa consoeur, Me Ornella Spatafora, a quant à elle rejeté toute "dangerosité criminologique" de son client, exhortant les jurés à prononcer "une peine juste" qui "sanctionnera Jonathann pour ce qu'il a fait et l'homme qu'il est".
Meurtre reconnu
Au cours des débats, Jonathann Daval, un informaticien de 36 ans, a reconnu avoir tué intentionnellement son épouse en l'étranglant après une dispute.
Jeudi, il était longuement revenu sur le soir du crime, qui s'était déroulé à leur domicile dans la nuit du 27 au 28 octobre 2017, sur fond de difficultés conjugales aiguës : Alexia souhaitait ardemment un enfant mais son mari, qui souffrait de troubles de l'érection, la fuyait de plus en plus.
"Veuf éploré" pendant 3 mois
Le lendemain du meurtre il emporte le corps dans un bois et y met le feu avant de donner l'alerte, soutenant que sa femme n'est pas revenue de son jogging. Le corps d'Alexia sera retrouvé deux jours plus tard.
Pendant trois mois, son visage de veuf éploré était apparu dans tous les médias, avant qu'il ne soit confondu, contribuant à alimenter la médiatisation intense de cette affaire en pleine vague #MeToo.
>> Lire aussi : Aveux du mari de la joggeuse retrouvée morte dans l'est de la France
ats/cab