Belgrade a immédiatement ordonné à ses ambassadeurs présents
dans les pays qui ont reconnu l'indépendance du Kosovo de rentrer.
Le Parlement serbe a aussi «annulé» lundi soir par un vote à
l'unanimité la proclamation d'indépendance du Kosovo. Il a déclaré
qu'elle violait l'intégrité et la souveraineté de la Serbie.
Reconnaissance américaine
La reconnaissance de Washington, principal soutien de
l'accession du Kosovo à l'indépendance, a été annoncée par la
secrétaire d'Etat Condoleezza Rice. Les Etats-Unis "reconnaissent
aujourd'hui formellement le Kosovo comme un Etat souverain et
indépendant", a déclaré Condoleezza Rice.
Le Premier ministre serbe Vojislav Kostunica a annoncé que la
Serbie avait ordonné à son ambassadeur à Washington de quitter les
Etats-Unis.
Dans la soirée, la France et la Grande-Bretagne ont reconnu le
nouvel Etat. Le président Nicolas Sarkozy a reconnu le Kosovo
"comme un Etat libre et indépendant" dans un courrier adressé au
président du Kosovo Fatmir Sejdiu. Londres reconnaît l'indépendance
du Kosovo, a de son côté déclaré le représentant de la
Grande-Bretagne à Pristina.
Front divisé dans l'UE
Auparavant, à Bruxelles, après une réunion des ministres des
Affaires étrangères de l'UE, la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni
et l'Italie avaient annoncé, de manière coordonnée, leur intention
de reconnaître l'indépendance. D'autres pays de l'UE ont fait de
même, soit un total d'une vingtaine.
L'indépendance du Kosovo a aussi été reconnue lundi par la
Turquie, l'Albanie, l'Afghanistan, l'Organisation de la conférence
islamique (OCI).
Mais au moins cinq pays de l'UE ne sont pas disposés à reconnaître
le Kosovo, au moins dans l'immédiat. Ce sont l'Espagne (dont la
souveraineté est contestée au Pays basque et en Catalogne), Chypre
(confrontée à la sécession de la "République turque de Chypre
Nord"), la Grèce, la Slovaquie et la Roumanie.
Enfin, le Parlement russe a estimé que Moscou, opposé à
l'indépendance, était en droit de revoir ses relations avec les
Etats autoproclamés, en particulier dans l'ex-URSS.
Les premiers pas du Kosovo
Après avoir demandé sa reconnaissance
officielle auprès de 192 pays, le gouvernement du Kosovo a approuvé
ses quatre premiers projets de loi portant sur la création d'un
ministère des Affaires étrangères, l'immunité diplomatique, la
création de passeports et la citoyenneté.
«Le Kosovo aura un ministre des Affaires étrangères et des
ambassades dans le monde très rapidement», a promis le chef du
gouvernement Hashim Thaçi.
Le nouveau drapeau a été hissé devant le siège du gouvernement.
Sur les documents officiels, ce nouveau drapeau peut désormais être
vu avec écrit dessous: «République du Kosovo».
agences/cer
Encore des manifestations lundi
Plus de 5000 personnes, dont de nombreux étudiants, ont manifesté lundi dans le centre de Belgrade contre l'indépendance du Kosovo. "Le Kosovo, c'est la Serbie", "Lève-toi, Serbie", "Le Kosovo restera à nous", ont crié les manifestants, qui ont aussi scandé "Le Kosovo est le coeur de la Serbie" en agitant des drapeaux serbes.
Des manifestations ont eu lieu lundi au Kosovo dans de nombreuses localités où les Serbes sont majoritaires. "Le Kosovo est la Serbie pour toujours", "Le Kosovo n'a pas de prix", ont crié les manifestants à Kosovska Mitrovica, la ville divisée du nord du Kosovo.
La colère des Serbes s'est aussi exprimée à Banja Luka, capitale des Serbes de Bosnie, où plusieurs milliers de jeunes Serbes bosniaques ont manifesté. "Europe, respecte les lois internationales!", "Nous ne donnons pas le Kosovo", ont-ils crié.
Plus de soixante personnes ont été blessées dimanche soir dans la capitale serbe dans les débordements qui ont accompagné les manifestations. Une trentaine de blessés sont des policiers, rapporte l'agence APA.
Réunion du Conseil de sécurité
Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunissait à nouveau lundi sur le Kosovo, au lendemain de la proclamation unilatérale d'indépendance de la province et d'une première réunion à New York ayant déjà mis en évidence des divisions profondes.
Cette réunion se tenait alors que les Etats-Unis ont déjà reconnu le nouvel Etat et que plusieurs pays européens s'apprêtaient à le faire.
Après des consultations à huis clos dimanche réservées à ses quinze membres, le Conseil tenait un débat public, auquel chaque Etat membre de l'ONU pouvait participer, en présence du secrétaire général Ban Ki-moon.
Le président serbe Boris Tadic devait s'y exprimer, après un entretien privé avec Ban Ki-moon. Il devait vraisemblablement réclamer l'annulation de la décision du parlement kosovar, sans aucune chance d'être entendu.