L'ex-chef de l'Etat est arrivé au tribunal face à une nuée de caméras, sans faire de déclaration. Il devait être jugé jusqu'au 10 décembre avec son avocat Thierry Herzog et l'ancien haut magistrat Gilbert Azibert.
Mais le procès a été suspendu peu après son ouverture jusqu'à jeudi, le temps d'une expertise médicale sur l'état de santé de ce dernier, absent à l'audience.
Un seul précédent
Avant Nicolas Sarkozy, seul un autre ex-président, Jacques Chirac, avait été jugé - et condamné en 2011 à deux ans avec sursis pour détournement de fonds publics - mais celui qui a dirigé la France entre 2007 et 2012 est le premier ancien président accusé de corruption.
Comparaissant dans l'affaire dite des "écoutes" (lire encadré), Nicolas Sarkozy, 65 ans, s'est dit "combatif", ne cessant de clamer son innocence. Pour lui, cette affaire est "un scandale qui restera dans les annales".
Dix ans de prison encourus
Retiré de la politique depuis sa défaite à la primaire de la droite fin 2016, Nicolas Sarkozy encourt dix ans de prison et un million d'euros d'amende pour corruption et trafic d'influence, comme ses co-prévenus - jugés en outre pour violation du secret professionnel.
La tenue du procès, prévu pour durer trois semaines, dépendra de l'épidémie de Covid-19 qui a perturbé les audiences d'autres affaires à Paris ces dernières semaines, et d'une demande de renvoi pour raisons médicales, déposée par le juge Azibert, 73 ans.
afp/fgn
L'affaire des "écoutes"
L'affaire des "écoutes" trouve son origine dans un autre dossier judiciaire qui menace Nicolas Sarkozy: les soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007.
Dans ce cadre, les juges avaient décidé en septembre 2013 de placer l'ancien président sur écoute, et découvert, début 2014, qu'il utilisait une ligne secrète, sous le pseudonyme "Paul Bismuth", pour communiquer avec son avocat Thierry Herzog.
Selon l'accusation, certaines de leurs conversations ont révélé l'existence d'un pacte de corruption: Nicolas Sarkozy a, par l'intermédiaire de son avocat Thierry Herzog, envisagé d'apporter un "coup de pouce" à Gilbert Azibert pour l'aider à obtenir un poste dans la Principauté de Monaco qu'il convoitait, mais qu'il n'a jamais obtenu.
En contrepartie, selon le parquet, ce haut magistrat a fourni des informations, couvertes par le secret, sur une procédure engagée en Cassation par Nicolas Sarkozy en marge d'un autre dossier (affaire Bettencourt), et a tenté d'influer sur ses collègues.
Peu après, il déclare qu'il a renoncé à faire "la démarche" auprès des autorités monégasques. Pour les enquêteurs, ce revirement pourrait venir de la découverte par les deux hommes que leurs téléphones officieux étaient sur écoute.