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Au moins 600 civils tués dans le massacre du 9 novembre au Tigré

Un homme indique l'endroit où se trouvent les corps de certains des habitants de Mai Kadra tués le 9 novembre 2020. [AFP - Eduardo Soteras]
L'Onu appelle à protéger les civils après l'ultimatum éthiopien pour le Tigré / La Matinale / 22 sec. / le 23 novembre 2020
Selon les chiffres avancés mardi par une institution publique indépendante éthiopienne, au moins 600 personnes ont été tuées au cours du "massacre atroce" perpétré par des miliciens tigréens au début du conflit dans cette région dissidente le 9 novembre.

La Commission éthiopienne des Droits de l'Homme (EHRC), administrativement indépendante mais dont le directeur Daniel Bekele a été nommé par le Premier ministre Abiy Ahmed, accuse dans un rapport préliminaire une milice informelle de jeunes Tigréens et les forces de sécurité loyales aux autorités locales d'être les auteurs du "carnage" visant des saisonniers non-Tigréens dans la localité de Mai Kadra.

Un ciblage ethnique

Dans son rapport, l'EHRC accuse une milice informelle de jeunes Tigréens, appelée "Samri", épaulée par les forces de sécurité locales loyales au TPLF, d'avoir, "avant de se retirer face à l'avancée de l'armée fédérale", ciblé des paysans saisonniers "identifiés comme d'origine ethnique amhara et wolkait", travaillant dans les exploitations de sésame ou sorgho.

S'appuyant sur des témoins et des membres du comité mis sur pied pour enterrer les victimes, "l'EHRC estime qu'au moins 600 civils ont été tués", mais "le bilan pourrait être plus élevé, certaines personnes étant toujours portées disparues lors de la visite de l'EHRC et des corps toujours dissimulés à la vue dans les champs autour de Mai Kadra".

Autres échos de la population locale

Des habitants de Mai Kadra, ayant fui comme 40'000 autres Ethiopiens les combats vers le Soudan, ont accusé de leur côté les forces gouvernementales d'avoir commis des atrocités dans la localité, théâtre d'intenses combats au début du conflit et depuis aux mains de forces gouvernementales.

afp/oang

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Enquête indépendante demandée

L'ONU a appelé à une enquête indépendante pour déterminer ce qu'il s'est exactement passé à Mai Kadra, alors que le Tigré est soumis à un blackout et que les déplacements des journalistes y sont sévèrement restreints.

Sans se prononcer sur les auteurs du "massacre", Amnesty avait cité des témoignages l'attribuant aux forces pro-TPFL  (Front de libération du peuple du Tigré).

Ultimatum à échéance mercredi

Le président du Tigré a rejeté lundi l'ultimatum lancé la veille par le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed aux dirigeants de cette région dissidente de l'Ethiopie qui leur donnait jusqu'à mercredi pour se rendre.

Le pouvoir fédéral projette d'encercler Mekele, capitale du Tigré et siège du gouvernement local issu du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), qu'il veut remplacer par des "autorités légitimes".