L'affaire a éclaté à la faveur de la publication par le site Loopsider d'images qui montrent un homme noir, Michel Z., roué de coups par des fonctionnaires de police dans l'entrée d'un studio de musique à Paris.
"On m'a dit sale nègre plusieurs fois et en me donnant des coups de poing", a lui-même dénoncé la victime en venant porter plainte, avec son avocate, au siège parisien de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN). "Des gens qui doivent me protéger m'agressent (...), je n'ai rien fait pour mériter ça", a-t-il poursuivi devant la presse, "je veux juste que ces trois personnes soient punies par la loi".
Sitôt les images diffusées sur les réseaux sociaux, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a demandé au préfet de police de Paris de suspendre les trois policiers concernés. Puis un quatrième, arrivé en renfort et soupçonné d'avoir lancé une grenade lacrymogène dans le studio de musique, a à son tour été suspendu.
Procès-verbal en contradiction avec les images
Selon leur procès-verbal consulté par l'AFP, les trois policiers sont intervenus, samedi dernier, pour tenter d'interpeller "Michel" pour défaut de port du masque. "Alors que nous tentons de l'intercepter, il nous entraîne de force dans le bâtiment", écrivent-ils.
Sur les images de vidéosurveillance de ce studio, on voit les trois fonctionnaires de police entrer dans le studio en agrippant l'homme, puis le frapper à coups de poing, de pied ou de matraque. Dans leur rapport, les policiers ont écrit que l'homme les avait frappés.
Selon ces mêmes images, Michel Z. résiste en refusant de se laisser embarquer, puis tente de se protéger le visage et le corps. Il ne semble pas porter de coups. La scène dure cinq minutes.
Dans un second temps, des personnes qui se trouvaient dans le sous-sol du studio parviennent à rejoindre l'entrée, provoquant le repli des policiers à l'extérieur et la fermeture de la porte du studio. Les policiers tentent ensuite de forcer la porte et jettent à l'intérieur du studio une grenade lacrymogène.
Enquête pour "violences"
Après l'interpellation, l'homme a dans un premier temps été placé en garde à vue dans le cadre d'une enquête ouverte pour "violences sur personne dépositaire de l'autorité publique" et "rébellion".
Mais le parquet de Paris a classé cette enquête et ouvert, mardi, une nouvelle procédure cette fois pour "violences par personnes dépositaires de l'autorité publique" et "faux en écriture publique". "Si nous n'avions pas les vidéos, mon client serait peut-être actuellement en prison", a déclaré l'avocate de Michel Z. Son client bénéficie d'une interruption temporaire de travail de six jours.
afp/vajo
Le contexte est tendu en France
Cette affaire survient après l'adoption cette semaine par l'Assemblée nationale de la proposition de loi "Sécurité globale", qui suscite de vives critiques de la part des journalistes, des défenseurs des libertés et de l'opposition
Son article 24, le plus polémique, réprime d'un an de prison et 45'000 euros d'amende la diffusion de "l'image du visage ou tout autre élément d'identification" de membres des forces de l'ordre en intervention, quand elle porte "atteinte" à leur "intégrité physique ou psychique".
Elle survient également trois jours après l'évacuation brutale, lundi soir, d'un camp de migrants place de la République à Paris.
Le parquet de Paris a ouvert deux enquêtes relatives à des faits de "violences" dont sont soupçonnés des policiers sur un migrant et un journaliste.
Trois policiers seront jugés pour violences dans l'affaire Théo
Les trois policiers impliqués dans l'interpellation violente de Théo, en 2017 à Aulnay-sous-Bois, seront jugés par une cour d'assises pour des faits de violence, une décision rare.
La juge d'instruction en charge de l'enquête sur l'agression de ce jeune homme noir a rendu, mercredi, une ordonnance qui renvoie devant une cour criminelle les 3 accusés, notamment pour violences volontaires envers la victime, blessée au niveau de la zone rectale.
La juge a en revanche abandonné les poursuites pour viol, estimant que l'élément matériel de la pénétration n'est pas établ
Pour rappel, Théodore Luhaka, 22 ans à l'époque, avait été grièvement blessé par un coup de matraque. C'est parce qu'il est désormais handicapé à vie que les policiers seront jugés par une cour d'assises, juridiction pénale compétente pour juger les crimes.