Depuis deux ans, les relations se sont tendues entre la Chine et l'Australie (lire encadré). Dernière cible en date: le vin. En août, le ministère chinois du Commerce annonçait l'ouverture d'une enquête antidumping sur l'ensemble des vins australiens importés en 2019.
Le dumping, dont Pékin accuse Canberra, est une pratique qui consiste notamment à vendre à l'étranger à des prix inférieurs à ceux pratiqués sur le marché national.
Dans un communiqué publié vendredi, le ministère chinois du Commerce indique que l'enquête préliminaire montre que l'industrie viticole chinoise a subi un "préjudice important". A compter de samedi, les importations de vin australien seront donc soumises à des surtaxes compensatoires comprises entre 107,1 et 212,1%, précise le document.
L'Australie était le principal exportateur de vins vers la Chine au premier semestre 2020 en volume, devant la France et le Chili, selon la Chambre de commerce alimentaire chinoise (CFNA). Les exportations de vins australiens vers le pays asiatique ont atteint l'an passé 1,25 milliard de dollars australiens (833 millions de francs), selon Canberra.
Appel à l'OMC
L'Australie "défendra vigoureusement" son secteur viticole contre les surtaxes imposées par Pékin, a assuré le ministre de l'Agriculture, David Littleproud. Ce dernier a indiqué vouloir saisir l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
"Nous sommes profondément préoccupés par cette situation", a-t-il ajouté. "A la lumière des récents commentaires de la Chine, cela donne l'impression que cette décision est fondée sur autre chose que sur un quelconque acte répréhensible de la part de l'industrie du vin".
ats/vkiss
Boeuf et orge déjà visés
Les relations bilatérales ont commencé à se détériorer en 2018, lorsque Canberra a exclu le géant chinois des télécoms Huawei de la construction de son réseau 5G, au nom de la sécurité nationale. Elles se sont depuis encore tendues lorsque le Premier ministre australien Scott Morrison s'est aligné sur les Etats-Unis, en appelant en avril à une enquête internationale sur les origines de l'épidémie de Covid-19.
Premier partenaire commercial de l'Australie, la Chine avait suspendu peu après les importations de boeuf de quatre gros fournisseurs australiens, puis imposé des droits de douane de 80,5% sur l'orge de ce pays.
Puis en juin, Pékin a invité les touristes et étudiants chinois à éviter l'Australie, justifiant cette recommandation par des incidents à caractère "raciste" contre des personnes d'origine chinoise. La situation est également tendue sur le front médiatique, avec plusieurs interrogatoires de journalistes de part et d'autre.