Les quatre fonctionnaires, suspendus jeudi, ont été placés en début d'après-midi en garde à vue dans les locaux de l'IGPN (Inspection générale de la police nationale), la police des polices. Ils sont visés par une enquête pour "violences par personne dépositaire de l'autorité publique", "faux en écriture publique" et "racisme".
Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, a annoncé qu'il demandait la révocation des quatre policiers et les a accusés d'avoir "sali l'uniforme de la République".
Le secrétaire général du syndicat des commissaires de police, David Le Bars, a souhaité que "la justice agisse vite", tout en demandant à sortir de la polémique consistant à "laisser croire" que l'ensemble de la police était violente.
Des images "qui nous font honte"
Emmanuel Macron a dénoncé vendredi des images "qui nous font honte", le chef de l'Etat a demandé "une police exemplaire" et réclamé au gouvernement des "propositions" pour "lutter contre les discriminations".
Cette demande est quasiment identique à celle faite en juin dernier à Christophe Castaner, alors ministre de l'Intérieur. Mais en promettant la "tolérance zéro" à l'égard des forces de l'ordre en cas de "soupçons avérés" de racisme et/ou de violences, Christophe Castaner avait déclenché une violente fronde des policiers. Cela lui avait coûté son poste place Beauvau où il avait été remplacé par Gérald Darmanin
"Des gens qui doivent me protéger m'agressent"
L'affaire a éclaté après la publication par le site Loopsider d'une vidéo, largement diffusée sur les réseaux sociaux (plus de 10 millions de vues), qui montre un homme noir, Michel Z., roué de coups par des fonctionnaires de police dans l'entrée d'un studio de musique du XVIIe arrondissement de la capitale.
"On m'a dit sale nègre plusieurs fois et en me donnant des coups de poing", a lui-même dénoncé la victime en venant porter plainte, avec son avocate, au siège parisien de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN). "Des gens qui doivent me protéger m'agressent (...), je n'ai rien fait pour mériter ça", a-t-il poursuivi devant la presse.
"Crise morale sans précédent"
Invité dans Forum, vendredi, le chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) Sebastian Roché estime que la police française "est dans une crise morale sans précédent". Il juge la situation "extrêmement préoccupante, qui a attiré l'attention à plusieurs reprises des Nations unies, du Conseil de l’Europe et même de la Commission européenne. Il est temps de réagir".
La meilleure connaissance des pratiques policières "est liée à la diffusion des outils permettant d'enregistrer des images", selon le chercheur du CNRS.
afp/ddup
Un contexte très tendu
Ce scandale intervient quelques jours après le démantèlement brutal lundi d'un camp de migrants installés en plein centre de Paris dans le cadre d'une action médiatique des associations leur venant en aide.
Les images de cette évacuation, filmée par des journalistes et des militants, ont donné lieu à un rapport de l'IGPN, qui a notamment dénoncé "un usage disporportionné de la force" de la part d'un commissaire ayant fait un croche-pied à un migrant.
Ces affaires, révélées par les images diffusées sur les réseaux sociaux, surviennent en pleine polémique sur une proposition de loi visant à restreindre le droit à filmer des policiers en opération.
Cette mesure est dénoncée par les journalistes et les défenseurs des droits qui y voient une atteinte à la liberté d'informer, et a donné lieu depuis deux semaines à des manifestations qui ont souvent dégénéré.
Un nouveau rassemblement est prévu samedi à Paris.