Du côté israélien, une déclaration du vice-ministre la Défense
Matan Vilnaï, un travailliste, a tout d'abord lancé une polémique:
"Plus les tirs de roquettes s'intensifieront, plus les roquettes
augmenteront de portée, plus la 'shoah' à laquelle ils (les
Palestiniens) s'exposeront sera importante, parce que nous
emploierons toute notre puissance pour nous défendre", a-t-il
affirmé à la radio de l'armée israélienne.
"Shoah" est un mot hébreu le plus souvent utilisé pour signifier
holocauste, soit le génocide des Juifs durant le régime nazi, mais
il peut vouloir dire aussi désastre ou conflagration. Le
porte-parole de Matan Vilnaï a démenti que ce dernier ait
voulu menacer la bande de Gaza d'un génocide.
Offensive "réelle et tangible"
De son côté, Ehud Barak a martelé que les attaques sur Israël
"exigent des représailles". Le ministre de la Défense a imputé au
Hamas l'escalade actuelle de la violence et averti que le mouvement
islamiste en paierait "les conséquences". A ses yeux, vu la
dégradation de la situation, la perspective d'une offensive
militaire de grande ampleur est "réelle et tangible" et "n'effraie
pas" l'Etat hébreu.
Le ministère des Affaires étrangères a également averti que la
poursuite des tirs de roquettes pourrait "ne pas laisser d'autre
choix à Israël" que de renvoyer son armée à Gaza, d'où elle s'était
retirée à l'été 2005 après 38 ans d'occupation.
Toutefois, même s'il y est incité de plus en plus fortement, le
Premier ministre Ehud Olmert répugne toujours à ordonner une
opération terrestre d'envergure à Gaza, susceptible de causer la
mort de nombreux civils palestiniens et des pertes sérieuses dans
les rangs de l'armée israélienne.
Israël jamais reconnu
Les propos des dirigeants palestiniens n'ont pas été plus
tendres: "Nous ne reconnaîtrons jamais Israël, même s'il assassine
tous nos dirigeants et tue nos enfants", a clamé l'un des chefs du
Hamas, Khalil Al-Hayyah, dont l'un des fils a été tué dans les
raids israéliens.
Le chef du Hamas à Gaza Ismaïl Haniyeh est lui apparu en public
pour la première fois depuis plus d'un mois. Lors d'un prêche dans
une mosquée, il a dénoncé une "vraie guerre" menée par Israël et
prédit l'échec d'une éventuelle offensive d'envergure de Tsahal à
Gaza.
Aux ministres israéliens qui réclament la liquidation des
dirigeants politiques du Hamas, Ismaïl Haniyeh a rétorqué:
"Qu'est-ce que cela veut dire? Si certains dirigeants étaient
assassinés, la cause le serait-elle aussi?"
Appel au calme de M.Abbas
A Jabaliya (nord de Gaza), un autre responsable du Hamas, Fathi
Hammad, a affirmé que "160 000 Israéliens sont menacés par les
roquettes de la résistance".
Mahmoud Abbas a de son côté mis en garde contre les "dangers d'une
escalade israélienne", exhortant Israël à arrêter ses attaques. Le
président palestinien a également appelé les factions
palestiniennes à cesser le tir des roquettes: "Il est dans
l'intérêt du peuple palestinien de ne donner aucun prétexte à
Israël pour qu'il poursuive son agression."
agences/boi
Raids contre roquettes
Sur le terrain, l'armée israélienne a poursuivi ses raids aériens dans la bande de Gaza contre des lanceurs de roquettes.
Treize Palestiniens, dont six enfants, ont été blessés.
L'armée israélienne a confirmé "trois attaques contre des zones de lancement de roquettes".
Au total, 31 Palestiniens, dont six enfants et une quinzaine d'activistes, ont été tués mercredi et jeudi dans les opérations israéliennes à Gaza.
Un Israélien a été tué mercredi dans l'explosion d'une roquette à Sdérot.
Malgré l'intensification des opérations israéliennes, huit roquettes ont été encore tirées en direction d'Israël causant des dommages matériels à Sdérot.
Le Hamas a revendiqué trois des tirs.
Des dizaines de milliers de Palestiniens ont également manifesté à Gaza à l'appel du Hamas contre les raids israéliens.
Après les prières, les manifestants ont marché dans les différentes villes de la bande de Gaza sous une multitude de drapeaux verts, couleur du Hamas.
Des enfants portant des draps blancs maculés de peinture rouge ont paradé en signe de protestation contre la mort de cinq enfants et d'un bébé de six mois dans les raids.
La Suisse inquiète
La Suisse a exprimé vendredi sa "très vive préoccupation" face à l'escalade de violence autour de la bande de Gaza.
Berne a condamné les tirs de roquettes palestiniennes contre Israël et s'est dit préoccupée par les représailles militaires israéliennes.
Les autorités suisses déplorent en particulier les victimes civiles, dont des enfants, de part et d'autre.
Le Département fédéral des Affaires étrangères a appelé les parties au respect du droit international humanitaire, qui interdit strictement les attaques indiscriminées ou dirigées contre des civils ou des biens de caractère civil.