Cinq ans après être apparu sur les écrans de TV pour confirmer
que les Etats-Unis avaient, "avec réticence", commencé à bombarder
un "régime hors-la-loi qui menace la paix" avec des armes de
destruction massive, George W.Bush a déclaré mercredi que "chasser
Saddam Hussein du pouvoir était la bonne décision".
Et ce, malgré le prix "élevé" payé depuis, a ajouté le
président, qui s'exprimait depuis le Pentagone, alors que des
manifestations anti-guerre avaient eu lieu dans plusieurs villes
américaines.
4000 Américains tués
Au moment où les Américains attendent qu'il décide bientôt s'il
réduira le nombre de GI's après juillet, George W.Bush a prévenu
ses concitoyens que les gains enregistrés depuis 2007 en Irak
étaient "fragiles et réversibles" et qu'il ne ferait rien qui les
remettrait en cause.
La guerre a tué des dizaines de milliers d'Irakiens et près de
4000 Américains. Elle a déplacé des millions de personnes. Elle a
coûté des centaines de milliards de dollars aux Etats-Unis. Elle a
renforcé l'influence iranienne et altéré le crédit de
l'administration américaine.
Profondes divisions
Après l'approbation massive des débuts, cette guerre divise
profondément les Américains qui ne savent pas quand ni comment
prendra fin le deuxième conflit le plus long de leur histoire
moderne, après la guerre du Vietnam.
Dans son discours, le président a jugé "compréhensible" que le
débat continue. Il a ajouté dans la foulée, utilisant un
argumentaire connu que les Américains doivent combattre Al-Qaïda en
Irak pour ne pas le combattre aux Etats-Unis. Se retirer trop
rapidement sèmerait le "chaos" et enhardirait les "terroristes" et
l'Iran voisin, selon lui.
Stratégie payante, dit Bush
George W.Bush a surtout argué des progrès accomplis depuis
l'année dernière, quand la violence menaçait d'atteindre "le niveau
du génocide", grâce à une nouvelle stratégie et l'envoi d'environ
30'000 GI's supplémentaires. Ce changement "a fait plus que
renverser la situation en Irak. Il a ouvert la porte à une victoire
stratégique majeure dans la guerre plus large contre le
terrorisme", a-t-il affirmé.
Le président s'en est pris à "certains à Washington", qui
appellent encore à "battre en retraite". Il les a accusés d'arguer
à présent du coût financier du conflit parce qu'ils "ne sont plus
crédibles s'ils disent que nous perdons la guerre". En effet, avec
la menace de la récession, la santé de l'économie a supplanté la
guerre en tête des préoccupations des Américains.
afp/boi
De nombreuses manifestations
Plusieurs manifestations ont eu lieu mercredi aux Etats-Unis pour appeler à la fin de la guerre en Irak.
A Washington, quelque 200 manifestants se sont réunis dès 8h du matin devant l'immeuble de l'Internal revenue service (service des Impôts).
Un groupe de manifestants s'est aussi rassemblé devant l'American Petroleum Institute, près de la Maison Blanche.
Uune marche emmenée par des anciens combattants et une veillée aux chandelles près de la Maison Blanche ont aussi été organisées.
Ailleurs aux Etats-Unis, les "antiguerre" ont aussi fait entendre leurs voix à Miami, New York, Chicago, San Francisco et Los Angeles.
A San Francisco, la police a indiqué avoir procédé à plus d'une quinzaine d'interpellations sur plusieurs centaines de manifestants.
A Cincinnati (Ohio), quelque 4000 t-shirts symbolisant le nombre de soldats américains tués en Irak ont été semés le long d'une rue du centre-ville.
Et la violence continue
Loin des discours à Washington, la violence s'est poursuivie sur le terrain. Au moins quatre personnes ont été tuées mercredi au sud de Baqouba dans un attentat-suicide. L'attaque visait une patrouille de police.
Des soldats américains ont par ailleurs tué "par erreur" trois policiers irakiens et en ont blessé un autre dans la province de Kirkouk (nord), a annoncé l'US Army.
Depuis lundi, diverses attaques ont déjà fait plus de 100 victimes, dont de nombreux civils.
Sur le plan politique, la conférence de réconciliation en Irak s'est achevée mercredi sans progrès tangibles. La réunion avait été boycottée par des partis sunnites et une importante formation chiite.