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Situation explosive autour de la Colombie

Les troupes équatoriennes sont en état d'alerte maximale.
Les troupes équatoriennes sont en état d'alerte maximum.
L'élimination par l'armée colombienne du numéro deux de la guérilla marxiste des Farc, Raul Reyes, a été le détonateur d'une escalade de tensions entre la Colombie et ses voisins, l'Equateur et le Venezuela.

Il s'agit de la plus grave crise depuis plus d'une décennie dans
cette région d'Amérique latine.

Après l'incursion samedi de l'armée colombienne en territoire
équatorien, afin d'y détruire un campement provisoire des Forces
armées révolutionnaires de Colombie (Farc), l'Equateur et le
Venezuela ont dépêché des troupes sur leur frontière avec le pays
voisin et pratiquement rompu les relations diplomatiques avec
Bogota.



Lundi, les troupes équatoriennes étaient "en état d'alerte
maximum" et effectuaient "des patrouilles à la frontière avec la
Colombie", ont déclaré à l'AFP sous couvert de l'anonymat des
responsables du ministère de la Défense.

Bogota entre deux feux

La Colombie a affirmé de son côté lundi qu'elle refusait toute
escalade militaire. "Nous avons la capacité de mobiliser nos
troupes, mais nous ne voyons aucune nécessité de le faire", a
déclaré le ministre de la Défense, Juan Manuel Santos.



Les autorités colombiennes ont accusé le président vénézuélien
Hugo Chavez d'avoir financé les rebelles des Farc, en se basant sur
des informations obtenues après le raid de l'armée colombienne en
Equateur (voir ci-contre).



Dimanche, le président vénézuélien Hugo Chavez a ordonné la
fermeture de l'ambassade de son pays à Bogota et l'envoi de "dix
bataillons à la frontière avec la Colombie", soit près de 10'000
soldats. Un peu plus tard, le président équatorien Rafael Correa
qui avait envoyé une délégation ministérielle enquêter sur les
lieux où Raul Reyes avait été tué, a annoncé l'expulsion de
l'ambassadeur colombien à Quito et la mobilisation de troupes à la
frontière avec la Colombie.

Les invectives pleuvent

Qualifiant de "mensonge" l'explication de son homologue
colombien Alvaro Uribe qui a présenté l'opération comme une action
de représailles et de "poursuite à chaud", Rafael Correa a accusé
les militaires colombiens "d'assassinats".



En réponse, Bogota a accusé Rafael Correa d'avoir passé un
"compromis" avec les Farc, afin de jouer un rôle de médiateur dans
l'éventuel échange d'otages de la guérilla contre des rebelles
emprisonnés.



"C'est un mensonge, jamais le gouvernement de l'Equateur ou le
président Correa (...) aurait pu avoir une telle attitude", a
rétorqué lundi l'ambassadeur équatorien en Colombie, Francisco
Suescum, rappelé à Quito.

Appel à la retenue

Les Etats-Unis ont fait part lundi de leur soutien à Bogota
contre les Farc, tout en appelant la Colombie et l'Equateur à "la
retenue" pour résoudre la crise entre les deux pays, selon des
déclarations du département d'Etat. Washington estime que
l'Organisation des Etats américains (OEA) est le lieu "approprié"
pour résoudre le conflit.



Tandis que la majorité des pays d'Amérique latine condamnait
l'incursion militaire colombienne en territoire étranger, le
gouvernement espagnol a appelé lundi les trois pays "au calme" et
au "dialogue". "L'Espagne lance un appel au calme et demande
instamment aux parties de trouver une solution à leurs différends",
dit un communiqué officiel.



afp/het

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Les FARC financées par Chavez ?

Au lendemain de la très vive réaction de Hugo Chavez contre l'élimination du numéro deux des FARC en territoire équatorien, le chef de la police colombienne a fait état lundi de liens financiers entre le président vénézuélien et la guérilla marxiste.

Le général Oscar Naranjo a déclaré que des documents découverts sur l'ordinateur de Raul Reyes, tué samedi dans un camp en Equateur, mentionnent une contribution de 300 millions de dollars du Venezuela aux Farc. Il n'a pas précisé si la Colombie détenait des preuves que cet argent avait bien été transféré du Venezuela aux FARC.

Les documents saisis font aussi état de plusieurs conversations entre Hugo Chavez et le chef suprême des Farc, Manuel Marulanda, notamment une lettre dans lquelle Marulanda se déclare prêt à apporter son aide à Hugo Chavez «en cas d'agression» des Etats-Unis. «Cette lettre implique un rapprochement et met en évidence une alliance d'armes entre les FARC et le gouvernement du Venezuela», poursuit Oscar Naranjo.

Il a ajouté qu'un autre document montrait que la guérilla marxiste avait envoyé de l'argent à Hugo Chavez alors qu'il se trouvait en prison pour une tentative de coup d'Etat au Venezuela, avant qu'il ne soit élu président.

Le vice-président du Venezuela Ramon Carrizalez a réagi aux allégations de Bogota en l'espace de quelques minutes. "Nous sommes habitués aux mensonges du gouvernement colombien", a-t-il commenté. "Quoi qu'ils disent n'a aucune importance. Ils peuvent désormais inventer n'importe quoi pour tenter de s'extirper de cette violation du territoire équatorien qu'ils ont commise".