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"Les autorités de Wuhan ont sciemment caché la gravité du virus"

De rares voix critiques s'élèvent contre la gestion de la pandémie au début de l'année à Wuhan
De rares voix critiques s'élèvent contre la gestion de la pandémie au début de l'année à Wuhan / 19h30 / 2 min. / le 3 décembre 2020
Depuis que son père est décédé du Covid-19 à l'hôpital de Wuhan en janvier 2020, Zhang Hai est en colère. Et malgré la pression des autorités, il dénonce le silence qui a entouré l'apparition du virus en Chine.

Depuis qu'il est rentré chez lui à Shenzen, il a déjà reçu la visite de la police à trois reprises. Ses accès à internet ont été coupés et les médias d'Etat chinois refusent de partager son témoignage. Mais il en faudrait plus pour faire reculer Zhang Hai, que la RTS a rencontré en Chine.

Son histoire commence en janvier, lorsque son père se brise le fémur. Pour que ses frais d'opération soient pris en charge par son assurance, il doit se rendre dans sa ville d'origine: Wuhan. A l'époque, le virus circulait déjà dans la métropole du centre de la Chine, mais les autorités locales cachaient l'étendue de la crise.

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Zhang Hai et son père, eux, ignorent tout du nouveau coronavirus et se rendent sur place. Hélas, ce dernier meurt foudroyé par le Covid-19, une semaine après le 17 janvier, date de son opération.

Depuis son fils collecte des témoignages de proches de victimes pour porter plainte contre les autorités locales et faire la lumière sur ce qui s'est passé à Wuhan au début de l'année 2020.

Un silence qui dérange

"Peu après la mort de mon père, j'ai fait de nombreuses recherches et collecté beaucoup d'informations. En parlant aux gens, je me suis rendu compte que le virus circulait déjà depuis longtemps à Wuhan. Mais les autorités locales n'ont pas voulu formellement mettre en garde la population", raconte Zhang Hai. Et d'accuser: "Elles ont intentionnellement caché la gravité de la situation et ont permis la propagation de l'épidémie".

Les autorités de Wuhan ont sciemment caché la vérité, les gens n'avaient donc pas conscience de la gravité de la situation et du danger de ce virus. Ils n'ont pas pu se protéger

Zhang Hai, fils d'une victime du Covid-19 à Wuhan

D'après lui, de nombreux jeunes, voyant ce qui se disait en ligne, ont tenté de prévenir les anciens en leur disant de ne pas sortir à cause du virus. Mais comme la télévision officielle n'en parlait pas, les plus âgés n'ont pas prêté attention à ce qu'ils disaient. Conséquence: ils ne se sont pas protégés, sont tombés malades et beaucoup sont décédés.

Mis sous surveillance

"Wuhan est devenue l'emblème de la victoire du succès chinois. Après la quarantaine, les médias étrangers ont été invités à venir faire des interviews et à rendre compte de la réussite. Mais il est important de ne pas oublier le début de l'histoire", insiste Zhang Hai.

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"Le succès obtenu au final doit certes être reconnu. L'ampleur des efforts déployés est incontestable. Mais il ne faut pas laisser les autorités effacer l'origine de la crise. Pourquoi tentent-elles de nous faire taire, nous les familles de victimes innocentes", interroge-t-il.

Je suis d'avis que le gouvernement devrait assumer ses responsabilités. Ce serait bon pour le pays et pour le parti

Zhang Hai, fils d'une victime du Covid-19 à Wuhan

Dans sa quête de vérité, Zhang Hai a découvert l'étendue des capacités de surveillance de l'Etat chinois. Tous ses proches à Wuhan ont été menacés par les autorités qui ont mis sur pied, assure-t-il, plusieurs équipes pour enquêter sur lui. Et pourtant, souligne-t-il, "je ne suis qu'un individu ordinaire" avant d'asséner: "Suis-je un espion? Bien sûr que non! Je me contente d'exposer les faits et ça leur fait peur".

Propos recueillis par Michaël Peuker (en Chine)

Adaptations TV et web: Antoine Silacci/jgal

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