"Madame la présidente, permettez-moi de dire de façon solennelle que j'ai attendu ce moment depuis longtemps (...) Je n'ai jamais commis le moindre acte de corruption", déclare l'ex-chef de l'Etat, costume sombre et masque chirurgical sous le nez.
Dès le début de son interrogatoire, Nicolas Sarkozy, 65 ans, promet de "répondre à toutes les questions" et martèle vouloir "la vérité". Se disant victime d'une "traque", de "l'obsession" des juges, l'ancien président lance au tribunal: "C'est la première fois que j'ai l'impression que je vais pouvoir m'expliquer devant une justice impartiale".
Très démonstratif à la barre, entre grands moulinets des mains et haussements d'épaules incessants, Nicolas Sarkozy se défend pied à pied, près de sept ans après la révélation de l'affaire des "écoutes", qui lui vaut de comparaître depuis le 23 novembre pour corruption et trafic d'influence.
>> Lire : Nicolas Sarkozy ne reconnaît aucune des "infamies" que la justice lui reproche
L'image d'un ancien président à la barre est sans précédent sous la Ve République. Seul Jacques Chirac a été jugé et condamné en 2011 dans l'affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris, mais sans avoir comparu à l'audience pour des raisons de santé.
Jusqu'à dix ans de prison
Retraité de la vie politique depuis 2016 mais encore très populaire au sein du parti Les Républicains (ex-UMP), l'ex-président, tout comme ses deux coprévenus, encourt dix ans d'emprisonnement et un million d'euros d'amende.
Le réquisitoire du PNF est attendu mardi, avant les plaidoiries de la défense. Le procès doit s'achever jeudi soir.
afp/kkub
Au coeur de l'affaire, la notion de "secret"
Dénonçant des "infamies" il y a une semaine, l'ancien président Nicolas Sarkozy a répété qu'il voulait "la vérité" et assuré qu'il répondrait à "toutes les questions", près de sept ans après la révélation de cette affaire au coeur de laquelle se trouve la notion de secret.
D'abord le secret du délibéré que Gilbert Azibert, haut magistrat au sein de la Cour de cassation, est soupçonné d'avoir violé en 2014 en transmettant des informations à Nicolas Sarkozy, via son avocat Thierry Herzog, sur un pourvoi en cassation lié à l'affaire Bettencourt.
Non-lieu à l'époque
A l'époque, l'ex-président avait obtenu un non-lieu dans ce dossier à Bordeaux, mais il cherchait à faire annuler la saisie de ses agendas présidentiels par la haute juridiction, car ils auraient pu être utilisés dans d'autres dossiers.
En échange de ces informations voire d'une influence sur la procédure, Nicolas Sarkozy est soupçonné d'avoir donné un "coup de pouce" à Gilbert Azibert pour une nomination à Monaco. Poste qu'il n'a pas obtenu.
"Paul Bismuth"
Le secret, ensuite, des conversations entre un avocat et son client, que la défense estime piétiné par la mise sur écoute de Thierry Herzog et Nicolas Sarkozy.
Tout le dossier est en effet basé sur des discussions entre les deux hommes, interceptées sur une ligne officieuse ouverte au nom de "Paul Bismuth", dans le cadre d'une autre affaire visant Nicolas Sarkozy: celle de soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007.