Pour l'heure, une seule chose est sûre au niveau du Brexit: la sortie officielle du Royaume-Uni de l'Union européenne s'effectuera le 31 décembre. Sinon, aucun accord n'est en vue. Et, après une discussion téléphonique interrompue lundi, le Premier ministre britannique Boris Johnson et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen doivent se rencontrer ces prochains jours à Bruxelles.
Cette rencontre est la seule avancée tangible, alors qu'on attendait de la clarté lundi, à un peu plus de trois semaines de la fin de la période de transition avant le divorce. Mais c’est tout le contraire qui s’est produit. Comme si le fameux "fog" londonien avait traversé la Manche pour envelopper Bruxelles.
Menace de rupture
Lundi matin, le négociateur Michel Barnier informe les Etats-membres que rien ne bouge dans les négociations. Les Européens accusent ensuite Boris Johnson de refuser de faire les choix nécessaires. Le Premier ministre fait alors fuiter l’information qu’il est prêt à aller à la rupture. Dans la foulée, la livre sterling recule. Les marchés redeviennent nerveux.
A 17h, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et Boris Johnson se parlent au téléphone comme prévu. C’est la deuxième fois en deux jours. Le dialogue dure nonante minutes, le temps de constater que les écueils persistent. Ce sont les mêmes qui empêchent un accord depuis que les négociations sont entrées "dans le dur". Pour lever les blocages, les deux leaders décident de se rencontrer. Cela se fera "dans les tous prochains jours", dit-on sans plus de précision
La négociation va donc se déplacer au plus haut niveau. Mais à Londres comme à Bruxelles, c’est le pessimisme qui domine. Rien ne permet toutefois, à ce stade, de dire qu’il s’agira de la réunion de la dernière chance. "Nous voulons un accord, mais pas à n’importe quel prix, et sans subir la pression du temps", confie-t-on à la Commission européenne. Plusieurs capitales disent aussi: "On a jusqu’au 1er janvier". Le "fog" londonien n’est peut-être pas près de se dissiper.
Signe positif de Londres
Malgré le blocage, Elvire Fabry, chercheuse senior à l’Institut Jacques Delors - en charge de la politique commerciale, de l'Europe dans la mondialisation et du Brexit - voit un signe positif, car un geste politique est venu lundi de la part de Londres: le gouvernement a accepté de retirer deux clauses contestées concernant les relations avec l'Irlande.
"Les Européens avaient fait du retrait de ces deux textes une précondition pour pouvoir aller plus loin dans les négociations. Les maintenir aurait mis un terme aux négociations", a expliqué Elvire Fabry mardi dans La Matinale.
Selon elle, cela montre qu'il y a indéniablement une volonté politique, de la part de Boris Johnson, d'arriver à un accord, ce dont on commençait véritablement à douter. Cette volonté est illustrée par le fait que le Premier ministre britannique viendra rencontrer personnellement Ursula von der Leyen, estime Elvire Fabry. "Il faut un accord d'ici mercredi soir, avant le Conseil européen de jeudi et vendredi", a-t-elle encore souligné.
Et de rappeler qu'une absence d'accord coûterait cher au Royaume-Uni, apporterait beaucoup de pagaille et compliquerait le retour à la croissance économique.
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Sujets radios: Alain Franco et Romaine Morard
Adaptation web: Jean-Philippe Rutz
Boris Johnson à Bruxelles mercredi soir
Le Premier ministre britannique Boris Johnson rencontrera mercredi soir à Bruxelles la cheffe de l'exécutif européen Ursula von der Leyen pour débloquer les négociations post-Brexit, toujours dans l'impasse, a annoncé un porte-parole de Downing Street mardi.
"Le Premier ministre se rendra à Bruxelles demain pour un dîner avec von der Leyen afin de poursuivre les discussions sur les relations futures entre le Royaume-Uni et l'UE", a déclaré un porte-parole de Downing Street. Ursula von der Leyen a dit sur Twitter avoir "hâte d'accueillir le Premier ministre britannique" mercredi soir pour "poursuivre nos discussions sur l'accord de partenariat".