L'entourage du dalaï-lama a rejeté les accusations chinoises
selon lesquelles le chef spirituel tibétain en exil aurait fomenté
les manifestations violentes, qui pourraient avoir fait plus de 100
morts, selon des informations non confirmées.
"Le Parlement tibétain appelle l'ONU à envoyer des représentants
immédiatement et à intervenir et enquêter sur les violations
actuelles des droits de l'Homme au Tibet", a déclaré le
gouvernement tibétain en exil à Dharamsala, dans le nord de
l'Inde.
Soulèvement antichinois célébré
"Nous avons des informations non confirmées faisant état de
l'instauration de la loi martiale à Lhassa", a-t-il ajouté dans un
communiqué. Le gouvernement en exil s'est déclaré "hautement
préoccupé" par des informations "émanant des trois régions du Tibet
et faisant état de personnes tuées au hasard, de blessés et
d'arrestations de milliers de Tibétains qui manifestaient
pacifiquement contre la politique chinoise".
Ces manifestations "ont débuté le 10 mars, à l'occasion du 49e
anniversaire du soulèvement antichinois et se sont poursuivies à la
suite de la violente répression par le régime oppressif chinois",
selon le communiqué. Au lendemain des manifestations antichinoises
de Lhassa, les plus sanglantes depuis 1989 au Tibet, l'agence
officielle Xinhhua (Chine Nouvelle) a avancé un bilan d'au moins 10
morts et de nombreux blessés.
Calme précaire à Lhassa
Samedi matin, la ville de Lhassa était calme et quadrillée par
les forces de l'ordre. Des chars et des véhicules militaires
patrouillaient dans les rues, selon des témoins. "Les victimes sont
toutes des civils innocents et elles sont mortes carbonisées", a
déclaré un responsable du gouvernement régional du Tibet, cité par
Chine Nouvelle.
De nombreuses boutiques ont été incendiées vendredi dans le coeur
historique de la capitale du Tibet pendant des manifestations
organisées par des moines bouddhistes, célébrant depuis le début de
la semaine le 49e anniversaire du soulèvement de Lhassa qui avait
abouti à l'exil du dalaï-lama.
Dalaï-lama accusé
Dans la nuit de vendredi à samedi, l'agence Chine Nouvelle,
citant le gouvernement régional du Tibet, a affirmé que les
troubles à Lhassa avaient été fomentés par "la clique du
dalaï-lama".
Le secrétaire du chef spirituel tibétain, Chhime R. Chhoekyapa, a
répliqué que les accusations chinoises étaient "absolument sans
fondement et dénuées de toute vérité". "Ce type d'accusations a
déjà été proféré et il n'y a rien de vrai dans tout cela", a-t-il
dit, déclarant que les manifestations étaient "spontanées".
agences/hoj/kot
Manifestation à Zurich, réaction du DFAE
Près de 2000 personnes ont manifesté samedi après-midi devant le consulat de Chine à Zurich contre la répression au Tibet. Par cette action, elles ont voulu signaler leur opposition à la violence.
Des Tibétains de toute la Suisse mais aussi de nombreux Suisses ont pris part au rassemblement. Les manifestants ont aussi observé une minute de silence en mémoire aux victimes de la répression actuelle.
Certains participants ont lancé des pierres contre le bâtiment, mais ils ont été retenus par d'autres manifestants et la police. Celle-ci, qui parle de 700 manifestants seulement, a fait usage de gaz lacrymogène. Le calme est revenu après une dizaine de minutes.
Différentes organisations avaient appelé à cette manifestation de solidarité. Certains orateurs ont demandé au Conseil fédéral d'envoyer une délégation au Tibet pour faire la lumière sur les événements.
Les orateurs ont exigé des autorités chinoises de cesser immédiatement la répression armée et du Comité international olympique de s'assurer que les droits de l'homme soient respectés en Chine.
Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a quant à lui condamné de nouveau samedi les actes de violence contre les manifestants au Tibet, rappelant "l'importance capitale du respect des droits humains".
La Suisse - qui avait déjà réagi vendredi aux évènements du Tibet - a appelé Pékin à "renoncer à tout recours démesuré à la force". Elle a exhorté les autorités chinoises à respecter notamment le droit à l'intégrité corporelle et le droit à la libre expression.
Le Tibet appelle à la "compassion" chinoise
A Dharamsala, dans le nord de l'Inde, où sont réfugiés depuis 1959 le dalaï-lama et les membres de son gouvernement en exil, le secrétaire du dalaï-lama Chhime R. Chhoekyapa a appelé à nouveau la Chine et les Tibétains à arrêter les violences.
Le Premier ministre du gouvernement en exil, Samdhong Rinpoché, a appelé la Chine à agir avec "compassion".
"Nous espérons que la direction chinoise, qui a mis fin dans le passé au mouvement pro-démocratie de la place Tiananmen, réglera cette situation avec compassion et sagesse", a déclaré Samdhong Rinpoché.