L'altitude convenue du "toit du monde" entre la Chine et le Népal, dévoilée lors d'une conférence de presse commune mardi à Katmandou, est désormais de 8848,86 mètres. L'Everest gagne ainsi 86 centimètres par rapport à la mesure précédemment reconnue par le Népal, et plus de quatre mètres comparés à l'altitude mesurée antérieurement par la Chine.
Ce différentiel était dû au fait que la Chine mesurait la base rocheuse du sommet et non son manteau neigeux, pris en compte à présent.
Etude népalaise
Le Népal a décidé de mener sa première étude en propre à la suite d'informations qui suggéraient que les mouvements des plaques tectoniques, dont un violent tremblement de terre en 2015, pourraient avoir altéré son altitude.
Environ 300 spécialistes népalais ont participé à l'étude, certains à pied et d'autres à bord d'hélicoptères pour atteindre les stations de collecte de données.
Au printemps dernier, des experts et alpinistes népalais avec plus de 40 kilogrammes d'équipement, dont un récepteur GNSS (Global Satellite Navigation System) sont parvenus au sommet de l'Everest.
Intervention chinoise
Le Népal devait publier ses résultats au début de l'année, mais la Chine a voulu s'y impliquer après une visite du président chinois Xi Jinping chez son voisin en octobre 2019.
Cet été, une expédition chinoise est montée à son tour, bénéficiant de conditions météo plus clémentes et du calme régnant sur les hauteurs de l'Everest, dont les accès étaient fermés en raison de la pandémie de Covid-19.
L'altitude conclue est une valeur moyenne entre les données du Népal et celles de la Chine, conformément aux méthodes scientifiques.
afp/lan
Des approches différentes
L'altitude de l'Everest avait été calculée pour la première fois, à 8840 mètres, en 1856, par des géographes de l'Empire colonial britannique, ayant eu recours à la trigonométrie depuis les plaines indiennes à des centaines de kilomètres du sommet.
Après qu'Edmund Hillary et Tenzing Norgay Sherpa eurent atteint le sommet de l'Everest le 29 mai 1953, une étude indienne avait réajusté l'altitude à 8848 mètres. Cette mesure avait été largement acceptée.
En 1999, la Société nationale de géographie des États-Unis avait conclu que le mont culminait à 8.850 mètres, ce que le Népal n'a jamais officiellement reconnu.
Entretemps, la Chine a conduit ses propres études et, en 2005, a annoncé la mesure de 8844,43 mètres, provoquant une dispute avec le Népal. Celle-ci n'a été résolue qu'en 2010, lorsque Katmandou et Pékin ont admis que la variation entre leurs mesures respectives s'expliquait par des approches différentes.