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Tibet: Pékin nie les accusations des exilés

La révolte des Tibétains s'est étendue en Inde, ici à New Dehli
La révolte des Tibétains s'est étendue en Inde, ici à New Dehli
La Chine s'est défendue d'avoir réprimé dans le sang les émeutes au Tibet. Selon le Parlement tibétain en exil, plusieurs centaines de personnes auraient perdu la vie. A 5 mois des JO, la pression ne cesse d'augmenter sur Pékin.

Lors d'une conférence de presse organisée lundi, le président de
la région autonome du Tibet a rejeté l'entière responsabilité des
violences sur des «émeutiers tibétains» en affirmant qu'ils ont tué
13 personnes à Lhassa vendredi.

«Ils ont brûlé ou frappé à mort 13 civils innocents», a déclaré
Qiangba Puncog devant les médias sans faire état de victimes qui
auraient été tuées par la police ou l'armée, comme l'affirment des
groupes pro-Tibétains.

«Clique du dalaï-lama»

Il a également expliqué que l'armée n'était intervenue qu'après
les violences, attribuées par Pékin à la «clique du dalaï-lama»,
pour participer aux opérations de maintien de l'ordre. De plus, a-t
il assuré, aucun coup de feu n'a été tiré par les policiers ou la
police militarisée.



Samedi, le gouvernement régional avait affirmé que les forces de
l'ordre n'avaient procédé qu'à des tirs de sommation. Plusieurs
témoignages recueillis par l'AFP auprès de résidants et de
touristes étrangers ont fait état de coups de feu entre vendredi et
dimanche.

Bilan invérifiable

De son côté, le Parlement des tibétains en exil à Dharamsala,
dans le nord de l'Inde, a évoqué lundi le bilan invérifiable de
plusieurs centaines de morts au Tibet après les manifestations qui
ont débuté le 10 mars, à l'occasion du 49e anniversaire du
soulèvement anti-chinois de Lhassa.



Plus mesuré, le premier ministre du gouvernement tibétain en exil,
Samdhong Rinpoché, a admis qu'il était «très difficile d'obtenir
des chiffres précis». «Mais je pense que le bilan est proche du
chiffre de 100 morts», a-t-il dit lors d'un point de presse.

Ville bouclée

Les informations lundi en provenance de Lhassa étaient rares, la
ville étant bouclée par l'armée. Les forces de l'ordre ratissaient
le coeur historique de la ville, où se sont déroulées les émeutes.
«Ils font des recherches maison par maison dans la vieille ville
(...) Ils recherchent les non-résidents», a indiqué une
réceptionniste d'un hôtel, jointe par téléphone.



Les autorités répètent que le calme est revenu mais
«déconseillent» aux touristes étrangers et à la presse de s'y
rendre pour des questions de «sécurité». Les journalistes doivent
de toute façon obtenir un permis spécial.



Les manifestations en faveur du Tibet ont gagné Pékin pour la
première fois lundi. Une veillée de protestation a été organisée
par plusieurs dizaines d'étudiants devant une université de la
capitale. Le rassemblement a finalement été dispersé par les forces
de l'ordre.



ats/tac

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Pression internationale

Face à cette situation, la pression internationale est montée d'un cran. Le ministère des affaires étrangères des Pays-Bas a ainsi a annoncé avoir convoqué lundi l'ambassadeur de Chine pour lui faire part de son «extrême préoccupation face aux évènements au Tibet».

La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a appelé de son côté la Chine à engager le dialogue avec le dalaï lama, dirigeant spirituel tibétain en exil.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a exhorté les autorités chinoises à la retenue face au manifestations au Tibet.

En revanche, la Russie a exprimé son soutien au gouvernement chinois et a jugé "inadmissible" lundi de "politiser" les violences au Tibet. Moscou a estimé qu'un dialogue avec le dalaï lama, dirigeant spirituel tibétain en exil, relevait des "affaires intérieures" de la Chine.

Face aux récents événements, la question d'un éventuel boycott des Jeux olympiques (JO) organisés en août prochain à Pékin se pose.

La Commission européenne a estimé que le boycott n'était pas "une manière appropriée" de répondre au problème du respect des droits de l'Homme.

La plupart des capitales occidentales jugent aussi une telle décision contre-productive.

Interrogé lundi par la radio alémanique DRS, le conseiller fédéral Samuel Schmid s'est exprimé en ce sens. L'expérience montre que les mesures de boycott n'ont guère d'effet, a-t-il déclaré, privilégiant le dialogue.

Déferlement de haine sur le web

La Chine, qui contrôle étroitement internet, laisse sur la Toile les appels au meurtre lancés par de nombreux internautes chinois envers les manifestants de Lhassa. Lundi, les rares informations officielles sur la situation au Tibet étaient les plus commentées par les internautes sur le principal portail chinois, Sina.com, avec plus de 27'000 messages à la mi-journée. Ces commentaires, qui soutiennent le gouvernement, sont d'une rare violence mais évitent de désigner clairement les Tibétains.