Sans surprise, et après huit heures de débats sans passion, la
confiance a été accordée par les députés des cinq formations qui
constituent la coalition entrée en fonction jeudi: les partis
libéraux et chrétiens-démocrates, tant flamands que francophones,
et les socialistes francophones.
Le Vlaams Belang, le parti flamand d'extrême droite, les
socialistes flamands et les écologistes du nord et du sud du pays
n'ont pas soutenu le nouveau gouvernement. Le chrétien-démocrate
flamand Yves Leterme, 47 ans, qui succède au libéral flamand Guy
Verhofstadt pour un mandat qui doit en principe s'achever en 2011,
a obtenu la confiance de 97 députés, pour 48 votes négatifs et une
abstention.
Nouvelle échéance en juillet
L'ensemble de la classe politique belge, y compris dans la
majorité, souligne toutefois que le nouveau gouvernement connaîtra
sa première et très dangereuse épreuve dès juillet. Car si
l'arrivée du gouvernement met formellement fin à la longue crise
qui a ébranlé le pays après les élections législatives du 10 juin
2007, il ne règle en rien les problèmes de fond entre les
néerlandophones, partisans d'une réforme de l'Etat pour une plus
grande autonomie pour la Flandre, et les francophones qui y sont
opposés.
Le propre parti d'Yves Leterme, le CDV, a prévenu que si la
Flandre, la région néerlandophone du nord de la Belgique, n'avait
pas obtenu d'ici au 15 juillet de nouvelles compétences, il lui
retirerait son soutien. «Cette échéance sera respectée», a assuré
samedi Yves Leterme à la Chambre.
Flamands et francophones en désaccord
Pour autant, la négociation de cette réforme de l'Etat promet
d'être ardue, les francophones restant très réticents à
«régionaliser» certaines compétences actuellement dans le giron de
l'Etat fédéral. «Pas question de toucher au coeur de la Sécu, au
droit du travail, à la concertation sociale», a affirmé dans la
presse de samedi la vice-Premier ministre francophone et ministre
de l'Emploi, Joëlle Milquet.
«Je crains un chaos institutionnel gravissime» si le gouvernement
devait chuter en juillet, a ajouté Joëlle Milquet, baptisée «Madame
Non» en Flandre durant les négociations de 2007. «C'est la première
fois que l'existence même de l'Etat est sur la table aussi
brutalement, que l'option d'une séparation est aussi réelle»,
soulignait-elle également.
agences/sun
Scepticisme ambiant
Preuve que le scepticisme est également grand parmi les partis flamands, Bart De Wever, le président de la Nouvelle alliance flamande (NVA), formation pourtant alliée au CDV d'Yves Leterme, s'est abstenu lors du vote de confiance.
«Il n'y a pas de garantie qu'on va avoir une réforme de l'Etat avant l'été», a justifié Bart De Wever.
Dans un entretien à un autre quotidien francophone, La «Libre Belgique», publié samedi, Yves Leterme tente de rassurer: «Il ne s'agit pas de démanteler l'Etat belge mais de bien faire évoluer les institutions au bénéfice du citoyen».
Alors que, selon un sondage, 90 % des francophones, soit 40% de la population, ne lui font pas confiance, le jugeant trop proche des thèses de la Flandre, Yves Leterme répète la même phrase depuis quelques jours: «J'essayerai d'être un bon Premier ministre pour tous les Belges».