Le vote de la Chambre fédérale a eu lieu vers 02h15 après des
heures de débats et de batailles de procédure. Les partis flamands
ont alors décidé d'inclure à l'ordre du jour du parlement la
proposition controversée de scinder le seul arrondissement
électoral bilingue du pays, l'arrondissement
Bruxelles-Hal-Vilvorde, dit "BHV".
Les députés flamands sont unanimes à réclamer "l'homogénéité
linguistique" de la Flandre. Automatiquement majoritaires au
Parlement puisqu'ils représentent 60% de la population belge, ils
étaient assurés de pouvoir ajouter ce point à l'agenda dès lors que
le vote avait lieu.
Malgré les avertissements des francophones qui avaient prévenu
qu'ils prendraient ce vote comme une nouvelle "gifle", les Flamands
ont fini par passer à l'acte.
Riposte francophone
Immédiatement après le vote, les francophones ont déposé des
amendements entraînant la suspension des travaux du Parlement
jusqu'au 16 mai. Ils ont ensuite riposté vendredi au coup de
force.
A l'unanimité, les 62 députés francophones du parlement de la
région de Bruxelles ont adopté une "motion en conflit d'intérêt",
quelques heures après le vote controversé. Une telle action doit
geler le parcours législatif de la proposition controversée durant
120 jours.
Gouvernement mis à mal
La coalition gouvernementale, laborieusement formée il y a six
semaines à peine par le Flamand Yves Leterme, ne devrait pas être
immédiatement mise en danger par ce vote "communauté contre
communauté", les francophones ayant promis d'user des procédures
disponibles pour retarder le parcours législatif de la proposition
de scission.
Mais il s'agit d'une sérieuse entaille à l'accord de gouvernement
signé par deux partis flamands et trois partis francophones fin
mars après neuf mois de crise, qui ne peut que fragiliser plus
encore M. Leterme, estiment les analystes.
agences/sbo
Suppression du droit de vote
Les députés francophones jugent la scission de l'arrondissement Bruxelles-Hal-Vilvorde inacceptable.
Si elle était effectivement adoptée, elle enlèverait aux plus de 100'000 francophones vivant dans la périphérie flamande autour de Bruxelles le droit de voter pour des candidats francophones se présentant dans la capitale.
Les francophones ne devraient cependant pas claquer la porte du gouvernement dans l'immédiat. Selon les analystes, la convocation d'élections anticipées est risquée pour des partis qui se sont querellés sur des questions perçues par la population comme byzantines depuis les législatives de juin 2007.
Même si le pire a pour l'instant été évité, la crise qui avait secoué la Belgique en 2007 paraît ainsi bel et bien relancée. Et l'avenir du pays plus que jamais suspendu à la difficile négociation d'une nouvelle réforme des institutions entre les deux grandes communautés du pays, en principe à conclure d'ici à la mi-juillet.