Avec ses ses immeubles et ses aires de jeux abandonnés, la zone d'exclusion de Tchernobyl, au nord-ouest de l'Ukraine, attire déjà de nombreux touristes. Son inscription dans le patrimoine mondial de l'Unesco (Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture) assurerait la pérennité du site.
L'idée de classer la zone d'exclusion de Tchernobyl à l'Unesco a été proposée par le nouveau ministre de la Culture, Oleksandre Tkatchenko, en poste depuis six mois après une longue carrière à la télévision. "C'est un des territoires les plus emblématiques de l'Ukraine" et il faut le "préserver pour l'humanité", souligne le haut fonctionnaire dans un entretien à l'AFP.
Zone d'exclusion
En cas de succès, Tchernobyl rejoindrait ainsi le mausolée de Taj Mahal en Inde, le sanctuaire de Stonehenge en Angleterre ou l'abbaye du Mont-Saint-Michel en France. Vaste comme le Luxembourg, la zone d'exclusion entoure dans un rayon de 30 kilomètres la centrale accidentée dont le quatrième réacteur explosa le 26 avril 1986.
Après avoir tenté de dissimuler l'incident, l'URSS, dont l'Ukraine faisait alors partie, avait finalement reconnu son ampleur et évacué des centaines de milliers de personnes. Aujourd'hui, la reconquête de ces terres par la nature est plus visible : les routes se rétrécissent, dévorées par les herbes folles, et des maisons disparaissent sous les zones boisées où prolifèrent les animaux sauvages.
Tourisme et histoire
Le site pourrait recevoir jusqu'à un million de touristes par an, s'enthousiasme Oleksandre Tkatchenko. Le ministre insiste néanmoins sur la nécessité de faire comprendre aux visiteurs qu'il ne s'agit pas d'une "simple aventure en territoire interdit".
Avec l'aide d'experts, son ministère veut préparer des programmes de voyage visant à "percevoir la zone comme un lieu de mémoire qui doit nous apprendre des choses", à l'époque d'une crise environnementale globale.
L'Ukraine prépare un dossier pour le soumettre à l'Unesco avant fin mars et un groupe d'experts de l'organisation devrait ensuite visiter les lieux cet été. La décision finale est attendue au plus tôt en 2023.
ats/asch
Afflux de visiteurs après le succès d'une série
À Pripiat, à quelques kilomètres de la centrale, l'entrée dans les immeubles d'habitation est formellement déconseillée en raison des risques d'écroulement. Même si les autorités estiment que les humains ne pourront pas y vivre en sécurité avant 24'000 ans, la zone attire de plus en plus de touristes en quête de frissons.
L'an dernier, le succès mondial de la mini-série de la chaîne américaine HBO "Chernobyl" a entraîné une nouvelle génération de visiteurs, amateurs de selfies. Avant le coup d'arrêt causé par la pandémie de Covid-19, Tchernobyl avait atteint en 2019 le nombre record de 124'000 touristes, contre 72'000 l'année précédente.