Pékin a fait part de son mécontentement au lendemain d'un
durcissement de la position française. «Nous devons nous en tenir à
l'esprit olympique et ne pas politiser les jeux», a déclaré le
porte-parole du ministère des Affaires étrangères Qin Gang.
Mise en garde chinoise
Confronté aux critiques des défenseurs des droits humains sur un
manque de pugnacité vis-à-vis de Pékin, Nicolas Sarkozy n'avait pas
écarté mardi un boycott de la cérémonie d'ouverture des Jeux pour
protester contre la répression au Tibet.
Le porte-parole chinois a également mis en garde contre toute
réception officielle du dalaï-lama par Paris ou d'autres capitales.
La secrétaire d'Etat française aux droits de l'Homme Rama Yade
s'était dit prête mardi à recevoir le chef spirituel
tibétain.
Pékin en a profité pour appeler les pays étrangers à adopter, dans
la crise tibétaine, une «attitude objective et impartiale pour
comprendre et soutenir les mesures justes et nécessaires prises par
la Chine afin de préserver la stabilité sociale et protéger la
sécurité des biens et des personnes».
Offensive médiatique
La Chine semble vouloir accumuler les démonstrations d'un
contrôle pleinement recouvré au Tibet: Pékin a annoncé mercredi la
reddition de plusieurs centaines de personnes à la suite des
manifestations tibétaines contre son pouvoir, et autorisé un
premier groupe de journalistes étrangers à se rendre à Lhassa
depuis les violences du 14 mars.
Dans son offensive médiatique, la Chine organise un voyage de
presse de trois jours pour une dizaine de journalistes étrangers
qui pourront effectuer «des visites dans les lieux touchés par les
émeutes et pourront aussi interviewer les blessés».
La Chine, qui a interdit aux journalistes étrangers l'accès libre
au Tibet et aux provinces voisines touchées par des manifestations,
a critiqué la couverture de certains médias occidentaux, les
accusant de déformer les faits.
Selon un dernier bilan du parlement tibétain en exil, les émeutes
réprimées par la Chine ont fait au moins 135 morts et 1000 blessés,
et 400 personnes environ ont été arrêtées depuis le 10 mars. Les
autorités chinoises continuent quant à elles d'affirmer que 22
personnes ont été tuées à Lhassa dans les violences.
agences/cer
La Chine est "intouchable" à l'ONU
La Chine, poids lourd économique et diplomatique, reste intouchable au Conseil des droits de l'homme de l'ONU, malgré les critiques des pays occidentaux à l'égard de la politique qu'elle mène au Tibet.
Alors que le Conseil a consacré des sessions extraordinaires à de petits Etats comme Israël et la Birmanie, la Chine n'est menacée d'aucune condamnation formelle de la part de l'organe onusien.
Devant le Conseil, qui tient actuellement sa 7e session à Genève, la Slovénie au nom de l'UE, les Etats-Unis, la Suisse et l'Australie à qui s'est joint le Canada, ont fait part mardi de leur préoccupation sur la situation au Tibet dans des déclarations lues publiquement.
Mais aucun des Etats n'a déposé de résolution contre la Chine, ni proposé d'envoyer une mission sur place ou d'organiser une session extraordinaire sur le Tibet, comme l'ont réclamé une soixantaine d'organisations de défense des droits de l'homme.
Incident en Suisse vivement critiqué
Reporters sans frontières (RSF) et les journalistes de la TSR ont dénoncé mercredi l'attitude «inadmissible» d'un garde de la Mission chinoise auprès de l'OMC à Genève. Le fait que les services chinois molestent des journalistes et un militant pro-Tibet sur le sol suisse est «illégal».
La section suisse de RSF et la Communauté des journalistes de la TSR ont réagi à l'incident survenu la veille devant la Mission chinoise. Le garde s'en est pris à une équipe de la Télévision suisse romande et à un partisan de la cause tibétaine.
Dans une lettre de protestation à l'ambassade de Chine, les journalistes de la TSR soulignent que «l'intervention des services chinois est illégale puisqu'elle s'est déroulée en dehors de l'ambassade, donc sur territoire suisse». Ils demandent que des excuses formelles soient présentées à l'équipe prise à partie.