Le caporal était accusé d'avoir tué deux soeurs de 14 et 5 ans
le 19 novembre 2005 alors que des Marines perquisitionnaient des
maisons dans cette ville à 260 km à l'ouest de Bagdad, après la
mort de l'un de leurs camarades dans l'explosion d'une bombe
artisanale placée en bord de route.
Huit Marines avaient été inculpés fin 2006 pour leur rôle
présumé dans cette affaire, mais quatre ont bénéficié depuis d'un
non-lieu. Deux hommes du rang, dont Stephen Tatum, restaient
accusés d'avoir pris part à la tuerie, tandis que deux officiers
sont poursuivis pour ne pas avoir enquêté sur celle-ci.
La justice militaire accusait Stephen Tatum, 27 ans, d'"homicide
involontaire", de "mise en danger de la vie d'autrui" et
d'"agression avec circonstances aggravantes". Il risquait jusqu'à
19 ans de prison. Un autre Marine, le sergent Frank Wuterich, est
quant à lui accusé d'"homicide volontaire" sur au moins neuf
personnes. Il doit être jugé dans les prochaines semaines.
"J'y vais quand même"
Lors de l'instruction, l'officier enquêteur, le colonel Paul
Ware, avait recommandé l'abandon de tous les chefs d'inculpation
visant le caporal Tatum, mais le général des Marines James Mattis,
à qui revenait la décision finale, les avait maintenus.
Le colonel Ware faisait valoir que le caporal Tatum avait ouvert
le feu "instinctivement" sur les enfants parce que Wuterich avait
commencé à tirer. Mais un élément clé avait filtré d'une audience
préliminaire du sergent Wuterich en août 2007, lorsqu'un Marine qui
accompagnait les deux principaux accusés, Humberto Mendoza, avait
témoigné avoir dit à Stephen Tatum que des enfants se trouvaient
dans la pièce voisine et que ce dernier avait répondu "j'y vais
quand même".
Absence de preuves
Pour Gary Solis, ancien juge militaire, le sort de Stephen Tatum
risquait de tenir à ce témoignage. Dans de telles affaires, "le
doute bénéficie toujours au tireur". Pour lui, le parquet allait
aussi avoir du mal à établir les faits, en l'absence d'éléments
balistiques et avec des témoignages contradictoires et brouillés
par l'oubli, deux ans et demi après le drame.
Les débats devaient commencer en début de semaine prochaine. Les
deux officiers mis en cause sont le lieutenant Andrew Grayson et le
colonel Jeffrey Chessani, le plus haut gradé à avoir été inculpé
dans une affaire de crime de guerre en Irak. On ignore pour l'heure
si leurs procès, qui doivent avoir lieu d'ici à l'été à Camp
Pendleton, auront lieu.
afp/vd/hof
Couvre-feu total
Bagdad était paralysé vendredi par une interdiction générale de circuler censée apaiser les violences entre miliciens chiites et troupes régulières qui ont fait des centaines de victimes à travers le pays.
Les autres grandes villes irakiennes, notamment Bassorah (550 km au sud de Bagdad), étaient également placées sous couvre-feu.
Vendredi matin, les rues de Bagdad étaient vides et les magasins fermés. Ce couvre-feu est prévu jusqu'à dimanche matin.
Par ailleurs, le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a offert vendredi des récompenses financières aux miliciens qui rendraient leurs armes aux autorités avant le 8 avril, dans une déclaration publiée par son bureau à Bagdad.
La coalition intervient
Des avions de la coalition sous commandement américain en Irak sont intervenus pour la première fois depuis le début des combats à Bassorah. Ils ont bombardé des positions de miliciens chiites dans la nuit de jeudi à vendredi, selon un porte-parole militaire britannique.
Deux missions de bombardements ont été conduites, a précisé le commandement Tom Holloway. Elles ont visé des groupes de
tireurs de roquettes et des concentrations de miliciens chiites, à
Bassorah, la grande ville du sud où des combats opposent les
miliciens aux troupes régulières irakiennes depuis le 25 mars.