Plusieurs dirigeants des anciens pays communistes ont annoncé
leur intention de ne pas se rendre à Pékin: le président estonien
Toomas Hendrik Ilves et le premier ministre polonais Donald Tusk.
Mercredi, le président tchèque Vaclav Klaus avait annoncé une
décision similaire, sur son site personnel .
Le premier ministre britannique Gordon Brown s'est en revanche
déclaré jeudi opposé à un boycott. «La Grande-Bretagne participera
à la cérémonie d'ouverture», a-t-il annoncé au cours d'une
conférence de presse à Londres en compagnie du chef de l'Etat
français Nicolas Sarkozy.
Les ministres chypriote et danois des affaires étrangères se
sont également prononcés jeudi contre un boycott. «Le dalaï-lama
est contre un boycott (de l'épreuve), alors pourquoi devrais-je
être plus dalaï-lama que le dalaï-lama lui-même?», a expliqué le
chef de la diplomatie danoise Per Stig Moeller.
Premier dirigeant européen à ne pas exclure un boycott de cette
cérémonie, Nicolas Sarkozy a modéré sa position jeudi et décidé de
consulter ses partenaires européens.
Marché chinois trop important?
Les ministres des affaires étrangères des 27 vont se réunir
vendredi et samedi en Slovénie pour tenter de dégager une position
commune. «J'espère bien qu'on va mettre à profit (...) ces mois qui
nous restent pour que la situation s'apaise et partant, en fonction
de la situation au Tibet, je me réserverai le droit de dire si je
vais ou non à la cérémonie d'ouverture et s'il y a lieu de prendre
d'autres initiatives», a relevé Nicolas Sarkozy.
Le premier ministre tibétain en exil Samdhong Rinpoche a déploré
cette valse hésitation et accusé les Européens de craindre de
perdre le marché chinois.
Pékin de son côté reste ferme face aux appels européens à ouvrir
le dialogue avec le dalaï-lama, le leader en exil des Tibétains.
Les autorités chinoises affirment qu'elles n'accepteront «aucune
ingérence étrangère» au Tibet.
La question du Tibet reste par ailleurs taboue au Conseil des
droits de l'homme à Genève, où aucun pays n'a relayé la demande du
président du parlement tibétain en exil Karma Chophel d'envoyer une
mission internationale à Lhassa pour enquêter sur la répression des
émeutes du 14 mars. Une demande de session spéciale présentée par
65 ONG n'a pas eu plus de succès.
agences/hoj/ant
Et la Suisse?
Le Conseil fédéral se penchera prochainement sur la situation au Tibet, y compris sur la présence du président de la Confédération à l'ouverture des Jeux olympiques le 8 août à Pékin. Avant la répression des manifestations à Lhassa, Pascal Couchepin avait annoncé qu'il assisterait à la cérémonie.
Dans une lettre ouverte, 176 parlementaires fédéraux ont appelé le 19 mars le Conseil fédéral à prendre position contre la «violence chinoise» au Tibet et à demander au Comité international olympique (CIO) d'intervenir immédiatement pour que Pékin respecte ses engagements.
Cette lettre ne mentionnait pas un éventuel boycott de la cérémonie d'ouverture. Mais pour le président du groupe parlementaire pour le Tibet, le conseiller national Mario Fehr (PS/ZH), Pascal Couchepin ne doit pas se rendre à Pékin si la situation ne s'améliore pas «de manière substantielle» pour les Tibétains, et si les autorités chinoises n'entament pas un véritable dialogue avec le gouvernement tibétain en exil.
"Ne les croyez pas!"
Dans la capitale tibétaine, des moines tibétains ont perturbé jeudi une opération de communication organisée par la Chine, exprimant leur soutien au dalaï-lama devant des journalistes étrangers.
L'incident s'est produit au temple de Jokhang, un haut lieu du bouddhisme tibétain, dans le cœur historique de la ville. «Une trentaine de jeunes moines ont fait irruption pendant le point de presse officiel en criant: 'Ne les croyez pas. Ils vous manipulent. Ils vous disent des mensonges'», a rapporté Callum MacLeod, reporter du quotidien «USA Today», par téléphone.
Selon un caméraman de la chaîne taiwanaise ETTV, l'incident a duré une quinzaine de minutes et des policiers sans armes ont ensuite emmené les moines dans une autre partie du temple, à l'abri des regards.