L'avocat général Francis Nachbar a différencié les cas de Michel
Fourniret, 66 ans, et de Monique Olivier, 59 ans : il a réclamé
pour lui une perpétuité "incompressible" et pour son épouse qu'elle
soit assortie d'une période de sûreté de 30 ans.
Michel Fourniret, accusé de sept meurtres aggravés de jeunes
filles entre 1987 et 2001, encourt cette peine "spéciale" en raison
du dernier homicide de la série commis contre Mananya Thumpong,
violée et assassinée à l'âge de 13 ans, a expliqué le parquet
général. Ces faits ont été perpétrés en 2001, après l'entrée en
vigueur en 1994 d'une loi prévoyant qu'un assassinat accompagné de
viol sur mineur de moins de 15 ans puisse entraîner la prison à vie
sans le bénéfice d'aucun aménagement de peine.
"Au service du Mal"
Au terme de deux mois de procès, Francis Nachbar a qualifié
Fourniret de "clown grimaçant et grotesque au service du Mal", les
deux accusés de «fêlés» et estimé que leur action était sans
précédent dans l'histoire criminelle du pays. "Nous avons affaire à
un couple de tueurs en série froids, organisés, extrêmement
pervers, d'une cruauté et d'une inhumanité que jamais, jamais notre
pays n'aurait imaginé connaître", a-t-il dit.
Le magistrat a reconnu à l'intention des victimes que le système
judiciaire et policier n'était pas prêt à affronter de tels
criminels, reconnaissant donc implicitement des défaillances. Il a
par ailleurs interpellé l'accusée en lui demandant implicitement de
parler sur les autres victimes encore inconnues du couple, dont
l'existence est soupçonnée fortement.
"Comment pouvez-vous continuer à vous taire, comment pouvez-vous
manger, dormir, faire vos mots croisés, rire, oui, rire? Comment
vos nuits ne sont-elles pas hantées par tous ces visages innocents
qui hurlent à vos oreilles?", a-t-il dit. Monique Olivier est resté
muette, figée, tête basse, durant toute l'audience. Michel
Fourniret a gardé les yeux clos et n'a pas davantage montré de
réaction. Le procès reprend lundi avec les plaidoiries et le
verdict est attendu mercredi.
afp/sun
Sept meurtres
Michel Fourniret doit répondre de sept meurtres aggravés de jeunes filles commis en France et en Belgique entre 1987 et 2001.
Son épouse est accusée d'être co-auteure d'un des sept meurtres et complice de trois autres.
Pour l'avocat général, Monique Olivier, accusée d'un des sept meurtres et de complicité dans trois autres, a été la "muse sanglante", l'"égérie criminelle" sans laquelle son mari ne serait jamais resté que "le petit Fourniret".
A l'épouse soi-disant terrorisée par un mari autoritaire, l'autre avocat général Xavier Lenoir a reproché "un silence assourdissant" lors des viols, voyant en elle le "catalyseur" des crimes.