La police a annoncé avoir lancé avant l'aube samedi une
opération contre des miliciens chiites, dans la ville sainte chiite
de Kerbala (110 km au sud de Bagdad), jusqu'ici épargnée par les
combats. Le chef de la police de Kerbala a assuré que 12 miliciens
chiites avaient été tués et 25 arrêtés.
Renforts aériens
Ces nouveaux combats interviennent au cinquième jour
d'affrontements entre les miliciens de l'armée du Mahdi, la
puissante organisation du chef radical Moqtada Sadr, et les forces
de Bagdad, appuyées par des unités américaines.
Dans le seul quartier de Sadr City, bastion de l'armée du Mahdi à
Bagdad, au moins 75 personnes ont été tuées et près de 500 blessées
depuis le début des combats, selon le porte-parole des services de
santé de Bagdad. Sadr City est un immense quartier populeux qui
abrite au moins deux millions d'habitants et se trouve coupé du
reste de la ville.
Lourd bilan
Samedi, une frappe aérienne attribuée aux forces de la coalition
internationale a dû venir en soutien des troupes irakiennes au sol.
Selon des témoins et des correspondants de presse, ce bombardement
a fait huit tués et plusieurs blessés dans le quartier al Baath de
la zone d'Hayaniyah (nord-ouest de Bassorah), à quatre kilomètres
du centre-ville. Un bilan provisoire et partiel des combats depuis
le 25 mars s'établit à au moins 230 tués et plusieurs centaines de
blessés, selon un décompte de l'AFP à partir d'informations
fournies par des responsables.
A Bagdad, un couvre-feu est toujours en vigueur pour la deuxième
journée consécutive. Il doit rester en vigueur jusqu'à dimanche
matin. La "zone verte" de la capitale irakienne qui abrite le
gouvernement irakien et l'ambassade des Etats-Unis a été secouée
par une série d'explosions samedi matin. Elle a été prise pour
cible régulièrement ces jours derniers par des salves de mortiers
et de roquettes. Au moins deux officiels américains ont été tués
par ces précédents tirs ainsi que deux gardes du corps du
vice-président sunnite Tarek al Hachémi.
afp/cab/boi
Une guerre d'influence
Les combats opposent les miliciens de Moqtada Sadr, qui conteste la légitimité du Premier ministre Nouri al-Maliki et l'accuse d'être à la solde des Américains, et les troupes du gouvernement fédéral de Bagdad.
Nouri al-Maliki n'a pas désigné explicitement le mouvement sadriste comme l'objectif de l'opération qu'il supervise personnellement à Bassorah (sud) et assure qu'il veut éliminer des "éléments criminels" qui terrorisent les civils.
Le mouvement sadriste, qui bénéficie d'un grand soutien populaire, exige que lui soit réservé plus de pouvoir, mais le gouvernement rejette la pérennité d'une organisation paramilitaire qu'il ne contrôle pas.
Ce face-à-face intervient alors que se profilent d'importantes élections locales, au mois d'octobre, pour désigner les responsables des provinces, qui bénéficieront d'un large pouvoir et d'importants moyens financiers.
L'opération de mise au pas de la milice a commencé le 25 mars à Bassorah.