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Affectés par la pandémie, les enfants du monde veulent être entendus

Des enfants à l'école en Inde portent des masques pour prévenir la contamination au coronavirus. [Keystone - Channi Anand]
Une enquête internationale sur le ressenti des enfants en période de pandémie / Tout un monde / 7 min. / le 10 décembre 2020
La pandémie de Covid-19 touche de manière inégale les enfants dans le monde, montre une enquête mondiale menée auprès de jeunes entre 8 et 17 ans. Beaucoup déplorent ne pas être pris en compte dans les prises de décisions.

Plus de 26'000 enfants de 137 pays ont répondu à l'enquête #CovidUnder19 lancée par l'ONG suisse Terre des hommes (TDH), ainsi qu'une trentaine d'associations. Elle vise à comprendre l'impact de la pandémie et de ses mesures, du point de vue des enfants et des jeunes.

"Il y a des enfants qui sont disproportionnellement affectés par la pandémie, comme ceux issus des communautés migrantes, ou ceux qui n'habitent pas avec leurs parents", explique dans l'émission Tout un monde Kristen Hope, conseillère en recherche et plaidoyer à Terre des hommes.

À l'inverse, certains enfants, notamment entre 8 et 10 ans, se sentent mieux en période de Covid. Ils apprécient ainsi de passer plus de temps à la maison et en famille.

>> Lire aussi : La jeunesse suisse est la grande oubliée de la pandémie, selon des experts

Scolarité affectée

Si plus de 60% des jeunes sondés estiment que leur scolarisation était meilleure avant la pandémie de coronavirus, 12% d'entre eux y voient au contraire des effets positifs.

"Des enfants ont raconté faire face à des abus, comme du harcèlement, dehors ou à l'école. Pour eux le confinement à la maison leur a permis d'échapper à ces violences."

Ennui, joie et inquiétude

Interrogés sur les sentiments les plus fréquemment ressentis durant la pandémie, c'est l'ennui qui prévaut (43%) devant le sentiment de joie (40%) puis l'inquiétude (39%). La préoccupation est un peu plus élevée chez les jeunes qui sont détenus ou qui vivent dans un camp de réfugiés.

"Les enfants et adolescents ont exprimé beaucoup d'angoisses par rapport à leur futur et à leur éducation", raconte la conseillère. "Mais on a aussi entendu beaucoup de courage, de curiosité et d'empathie pour les autres enfants. Ils sont très conscients des inégalités. Ils ont exprimé une volonté de se soutenir, de surmonter l'isolement avec une connexion avec autrui."

Pas assez écoutés par les autorités

L'un des buts de cette étude était également de porter la voix des enfants à un niveau politique. Beaucoup d'enfants (38%) disent ne pas se sentir écoutés par leur gouvernement lorsqu'ils prennent des décisions concernant le Covid-19. C'est deux fois plus que ceux qui estiment y avoir été associés.

"Les Etats doivent les écouter et les impliquer dans les prises de décisions par rapport à toutes les politiques qui ont un impact sur leurs vies, comme la résolution de la crise, mais aussi la construction du monde post-Covid", estime Kristen Hope.

Impliqués, certains enfants ont pu l'être dans le processus de cette enquête. Ils ont participé à la formulation du questionnaire, au dépouillement ainsi qu'à l'analyse des données.

Le témoignage de Michelle, adolescente indienne

À 17 ans, Michelle est l'une des adolescentes qui a activement participé à l'étude #CovidUnder19. En Inde, cette défenseuse des droits des enfants milite auprès de la Mission pour la Justice Internationale (IJM).

"Les enfants sont le futur du monde", explique-t-elle à RTSInfo. "Nous avons tellement de pouvoir, et pourtant, parfois, nous passons inaperçus. Il faudrait que les gouvernements du monde essayent d'impliquer les jeunes dans les différents programmes, les processus de décisions."

Les enfants sont le futur du monde, et pourtant, parfois, nous passons inaperçus.

Michelle, 17 ans

La jeune fille confie que les répercussions de la crise ont été plus difficiles à supporter que ce qu'elle aurait pensé. "J'ai commencé à me sentir désespérée au milieu de la pandémie parce que j'étais habituée à un certain nombre d'interactions sociales. Et puis soudain les liens ont été coupés. Je ne savais pas comment le gérer, je ne savais pas à qui en parler."

Ce qui manque le plus à cette passionnée de musique, c'est son échappatoire. "Quand je suis stressée, ou après des examens, j'aime bien aller à un concert, passer du bon temps. Mais depuis la pandémie, je ne suis pas allée à un seul concert. Et maintenant je pète les plombs! Je crois que c'est quelque chose qui me manque vraiment beaucoup."

>> Ecouter le témoignage de Michelle, adolescente indienne :

Témoignage de Michelle, adolescente indienne
Témoignage de Michelle, adolescente indienne / L'actu en vidéo / 1 min. / le 16 décembre 2020

Pourtant l'adolescente parsème ses phrases de rires. Elle dit qu'elle est privilégiée et qu'elle n'a pas de quoi se plaindre. Mais elle est surtout attentive aux enseignements qu'elle pourrait tirer de la situation. "En prenant du recul, je pense que dans 10 ou 20 ans je regarderai en arrière et je serai reconnaissante d'avoir vécu cela".

Mouna Hussain / Blandine Levite / ats

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Lettre au Covid-19, par une Canadienne de 12 ans

"Cher Covid-19, Voici ma lettre pour exprimer ce que je ressens envers toi. Parfois, je suis heureuse pour toi, mais parfois je suis très fâchée contre toi d'être venu secouer notre monde."

"Les bonnes choses: tu nous aides à réaliser à quel point nous vivons dans un endroit merveilleux et à quel point nous le prenons pour acquis. Tu nous donnes plus de moments précieux avec nos familles. Les aspects négatifs: Tu détruis la vie de tant de gens. En raison du nouveau monde de distanciation sociale que tu as créé, tu as séparé les gens au maximum."

"Tout est parti, parce que tu es arrivé. Les vacances, les sorties, les cérémonies de remise de diplômes, les célébrations et bien d'autres choses encore sont désormais des choses du passé, juste à cause de toi. NON, ce n'est pas OK de perdre des gens. Sacrifier des êtres chers, c'est comme sacrifier une partie de soi."

"Tu devrais être qualifié de tueur parce que beaucoup de gens ont perdu des êtres chers à cause de toi. Tu es comme Thanos de Marvel qui tue la moitié de la population de la Terre. Tu es maintenant célèbre sur toutes les chaînes d'information. Que veux-tu de plus? Je te suggère d'aller dans la chaleur tropicale de Vénus, dans le froid de Pluton ou des températures de Neptune, ou même de passer dans un trou noir sur une montagne russe. Laisse-nous, nous et notre monde. J'espère que Iron Man (le vaccin) arrivera bientôt afin que les gens puissent retrouver une vie normale."

"Pourquoi tues-tu autant de personnes âgées? Tu dois savoir que nos aînés ont vécu leur vie tout en nous rendant forts. Il est maintenant temps pour eux de prendre du repos et de profiter de la vie. Ce sont eux qui sont les plus vulnérables et qui ont le plus besoin de nous. Nous souhaitons les voir et les embrasser à nouveau. J'espère que tu comprends et qu'à partir de ce moment, tu leur montreras un certain respect."

"Une autre partie importante de notre vie que tu essayes d'affecter sévèrement est notre éducation. Je dois te dire que nos éducateurs sont forts et qu'ils ne vont pas abandonner facilement. Ils ont créé nos nouvelles salles de classe avec l'aide de Google et de Microsoft. Je m'inquiète pour mes amis qui n'ont pas accès à ces outils et qui seront délaissés. Mais ne t'inquiète pas, nos dirigeants mondiaux et locaux trouveront aussi des solutions pour eux et nous les aider à rattraper leur manque."

"Retiens mes mots aujourd'hui - le jour viendra bientôt où nous embrasserons à nouveau nos professeurs et jouerons avec nos amis. REGARDE BIEN. Nous sommes en quarantaine depuis plus de 10 semaines maintenant. Nous, les enfants, nous n'en pouvons plus, nous devons jouer, courir, surtout sortir, mais tu ne nous laisses pas faire."

"Certaines personnes n'ont pas de nourriture à manger parce qu'elles ont perdu leur travail. Tu as changé toute notre vie. Tu as fait comprendre aux gens la différence entre leurs besoins et leurs désirs. Tu as ramené les dauphins à Venise. Je t'en suis reconnaissante. Mais tu pourrais le faire plus calmement la prochaine fois."

"Fais quelque chose pour protester, marcher ou boycotter, mais s'il te plaît, ne tue pas la moitié de la population. Tu ne peux pas ruiner les vacances d'été des enfants. C'est vraiment méchant de ta part. ÇA SUFFIT ! J'ai demandé à ma maman: "Pourquoi avait-on besoin du virus pour rassembler les gens?" Maman a répondu: "Parfois, il faut être malade, mon enfant, avant de commencer à se sentir mieux.""