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Ingrid Betancourt est enfin libre!

L'émotion est à la Une des quotidiens en ce jeudi matin.
Ingrid Betancourt à son arrivée à Bogota (avec sa maman et son mari).
Ingrid Betancourt a été libérée par l'armée colombienne après six ans de captivité entre les mains de la guérilla des FARC. Les trois otages Américains et onze militaires colombiens sont aussi libres.

«Les otages ont été libérés lors d'une opération militaire au
cours de laquelle il a été possible d'infiltrer le premier cercle
des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, marxistes),
celui qui a surveillé pendant les dernières années un important
groupe d'otages», a précisé le ministre colombien de la Défense,
Juan Manuel Santos.

Sur une base militaire

«C'était une opération sans précédent», s'est félicité le
ministre de la Défense. «Cela rentrera dans l'histoire pour son
audace et son efficacité», a-t-il ajouté.



La présidence française a ensuite confirmé la libération de sa
ressortissante, ajoutant qu'elle se trouvait sur une base militaire
en Colombie.



Le fils de la Franco-Colombienne, Lorenzio Delloye, a fait part à
l'AFP de son «immense joie, une joie indescriptible». «Je n'arrive
pas à y croire», a-t-il déclaré.



«Je suis comblée de joie», a déclaré de son côté Astrid
Betancourt, la soeur de l'ex-otage, à l'annonce de sa libération.
«Ce furent de longues années d'attente», a-t-elle indiqué.



Les otages, parmi lesquels les Américains Marc Gonsalves, Thomas
Howes et Keith Stansell, ont aussi été libérés lors de l'opération
héliportée de l'armée, a ajouté le ministre colombien de la
Défense.



Onze militaires colombiens, principalement des officiers, ont
également pu retrouver la liberté lors de cette opération, menée
dans la province de Guaviare, dans le sud-est de la Colombie, selon
le ministre.



Ingrid Betancourt, 46 ans, ex-candidate écologiste à la présidence
de la Colombie, était otage des FARC depuis plus de six ans
(lire encadré).

Succès pour Uribe et Sarokzy

Cette nouvelle est un succès important
pour le président colombien Alvaro Uribe, qui a fait de la lutte
contre les FARC sa première priorité. Cette opération intervient
alors que tous les pourparlers avaient jusqu'ici échoué pour
libérer Ingrid Betancourt. M. Uribe avait mis fin en novembre 2007
à une médiation du président venezuelien Hugo Chavez, l'accusant
«d'ingérence» dans les affaires colombiennes.



La France, la Suisse et l'Espagne poursuivaient elles une
médiation depuis 2004. En avril dernier, une mission humanitaire
menée par ces trois Etats n'avait elle non plus pas abouti.



Dès son élection en mai 2007, le président français Nicolas
Sarkozy avait fait de sa libération une de ses priorités
affichées.

Quel état de santé?

Les FARC retenaient une quarantaine d'otages de premier plan
comme monnaie d'échange contre des centaines de militants
emprisonnés. Parmi eux, Ingrid Betancourt.



On ignore pour l'instant dans quel état de santé elle se trouve.
Une vidéo des FARC diffusée à la fin de l'an dernier l'avait
montrée très amaigrie et déprimée.



afp/ant

UNE FEMME AVEC "LA RAGE AU COEUR"



Ingrid Betancourt s'était fait connaître en France par la sortie,
un mois avant son enlèvement, d'un livre écrit en français et
intitulé «La rage au coeur»: l'histoire d'une femme de 40 ans,
sénatrice franco-colombienne à Bogota et de son combat contre le
trafic de drogue et la corruption dans son pays.



Née le 25 décembre 1961 de parents colombiens, la jeune étudiante
diplômée de Sciences-Po avait obtenu à Paris la nationalité
française après son mariage avec Fabrice Delloye, duquel naîtront
deux enfants élevés en France.



Divorcée, Ingrid Betancourt avait rejoint Bogota en 1990 pour
intégrer le ministère des Finances colombien, devenir députée puis
sénatrice, sous l'étiquette de son propre parti, Oxigeno Verde. A
la veille de l'élection présidentielle de 2002, la candidate était
créditée d'environ 1% d'intentions de vote.



Le sort d'Ingrid Betancourt avait ému la population française en
raison des interventions régulières dans les médias français de ses
enfants. De nombreux comités de soutien avaient également vu le
jour dans l'Hexagone.

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Une captivité de plus de 6 ans

2002 - 23 février: Ingrid Betancourt et sa directrice de campagne Clara Rojas sont enlevées à Florencia, alors qu'elles menaient campagne pour l'élection présidentielle.

2003 - Août: une chaîne de télévision colombienne diffuse une vidéo de la candidate écologiste. Il s'agit de la première «preuve de vie» depuis son enlèvement.

2007 - Août - Le président vénézuélien Hugo Chavez accepte de jouer les médiateurs à la demande de son homologue colombien, Alvaro Uribe.

22 novembre - Uribe met fin à la médiation de Chavez en l'accusant d'avoir outrepassé ses prérogatives.

30 novembre - Diffusion d'une vidéo montrant Ingrid Betancourt amaigrie et fatiguée et d'une lettre poignante adressée à sa famille, premières preuves de vie depuis 2003. «Ici, nous vivons comme des morts», écrit-elle.

5 décembre - Le président français Nicolas Nicolas Sarkozy adresse un message aux FARC pour réclamer sa libération.

18 décembre - les FARC annoncent qu'elles remettront trois de leurs otages, dont Clara Rojas et son fils Emmanuel, conçu et né en détention, à Hugo Chavez.

1er mars - Raul Reyes, numéro deux des FARC, est tué au Venezuela par l'armée colombienne.

1er avril - Nicolas Sarkozy lance un nouvel appel aux FARC et annonce l'envoi d'une mission humanitaire auprès des guerilleros. Mission qui rentrera bredouille.

25 mai - Le gouvernement colombien confirme la mort de Manuel Marulanda, chef de la guérilla marxiste.

19 juin - L'Elysée déclare avoir noué des contacts avec la nouvelle direction des FARC, et qu'Ingrid Betancourt ne serait pas aussi malade que le disent les rumeurs.

2 juillet - Ingrid Betancourt est libérée en compagnie de trois otages américains et onze militaires ou policiers colombiens, annonce le ministre colombien de la Défense.

Sarkozy remercie Alvaro Uribe

Le président français Nicolas Sarkozy a remercié mercredi son homologue colombien Alvaro Uribe pour la libération d'Ingrid Betancourt et a appelé les FARC à cesser "leur combat absurde", lors d'une déclaration au palais de l'Elysée.

Le président George W.Bush a aussi félicité son homologue et allié colombien Alvaro Uribe et salué en lui un "dirigeant fort"

Parmi les premières réactions dans les chancelleries, l'Espagne a évoqué une «énorme satisfaction».

Le Vatican a salué «une bonne nouvelle» et «un signe positif pour la liberté de tous les otages» ainsi que pour «la réconciliation» en Colombie.

La Suisse a exprimé sa joie mercredi soir après la libération d'Ingrid Betancourt. Elle a appelé également à la libération des autres otages et souligné qu'elle allait poursuivre sa médiation.