Réuni en fin de journée mardi, le conseil des ministres présidé
par le chef du gouvernement sortant Romano Prodi a décidé
d'accorder à Alitalia un prêt relais d'urgence de 300 millions
d'euros, dont le remboursement est prévu d'ici au 31 décembre.
Romano Prodi et son équipe, battus aux législatives des 13 et 14
avril, entendent laisser au futur gouvernement de Silvio Berlusconi
les décisions stratégiques sur l'avenir d'Alitalia, avait déclaré
dans la journée le ministre du Développement économique, Pierluigi
Bersani.
Un prêt plus grand que prévu
"Silvio Berlusconi m'a demandé un prêt plus substantiel que
celui que nous avions prévu, afin d'avoir plus de temps pour
résoudre l'affaire Alitalia. Nous avons agi avec responsabilité", a
tenu à préciser Romano Prodi lors d'une conférence de presse donnée
à l'issue du conseil des ministres. Le Trésor italien est le
principal actionnaire d'Alitalia avec une participation de 49,9%.
Un tel prêt pourrait cependant être considéré comme une aide d'Etat
par Bruxelles.
La Commission européenne a en effet rappelé qu'Alitalia ne peut
plus bénéficier d'une telle aide jusqu'en 2011 car elle en avait
déjà obtenu dans le passé, les dernières remontant à 2001. "Il
s'agit d'une intervention qui dans d'autres circonstances n'aurait
pas été décidée", s'est justifié mardi soir le ministre de
l'Economie, Tommaso Padoa-Schioppa, qui a dit "attendre de voir" la
réponse de l'Union européenne.
Prodi critique
"Les interférences excessives qui ont eu lieu lors de la
campagne électorale de la part de partis politiques bien précis et
les nombreuses difficultés introduites par les syndicats,
expliquent la décision d'Air France", a également tenu à dénoncer
Romano Prodi à l'issue du conseil des ministres. Silvio Berlusconi
a assuré pendant toute la campagne électorale qu'il disposait d'un
groupe d'entrepreneurs italiens prêts à mettre la main au
portefeuille pour sauver Alitalia, mais le projet ne s'est toujours
pas concrétisé.
Il a aussi évoqué une reprise des contacts avec la compagnie russe
Aeroflot, qui s'était retirée en novembre de la course pour la
privatisation d'Alitalia. Aeroflot a confirmé mardi qu'elle allait
reprendre ces contacts sur ordre du président Vladimir Poutine,
selon l'adjoint du directeur d'Aeroflot Lev Kochliakov.
Air France-KLM abandonne
Après avoir rompu le 2 avril les négociations de reprise avec
Alitalia, le groupe franco-néerlandais Air France-KLM a décidé de
fermer définitivement la porte lundi soir. Cette rupture laisse
Alitalia sans solution de secours dans l'immédiat. Elle disposait
fin mars de ressources financières d'environ 170 millions d'euros
et a récupéré 69 millions d'euros de crédit d'impôts début avril.
Le titre Alitalia a été suspendu à la Bourse de Milan dans
l'attente d'un communiqué et tous les regards se tournent vers le
gouvernement sortant, chargé de gérer la part de 49,9% qu'il
détient dans la société.
agences/hoj/mej
Menaces sur la licence de vol
L'aviation civile italienne (ENAC) a averti mardi par la voix de son président, Vito Riggio, qu'elle pourrait révoquer l'agrément de vol d'Alitalia si la compagnie était dans l'incapacité de remplir ses obligations, y compris en matière de sécurité.
La déclaration de Vito Riggio faite à la radio publique laisse entendre que l'ENAC s'inquiète de l'incapacité à réunir suffisamment de fonds pour garantir son fonctionnement pendant au moins 12 mois ce qui pourrait remettre en question la sécurité.
Aucune solution en vue
La Commission européenne a indiqué lundi être en contact avec le gouvernement italien concernant la compagnie aérienne en grande difficulté Alitalia, mais n'avoir encore été informée d'aucun plan concret de Rome pour soutenir la compagnie.
"Bien sûr, sur une question aussi sensible, il y a des contacts avec le gouvernement italien, mais à ce stade nous n'avons été informés d'aucune intention" du gouvernement italien pour aider la compagnie, a dit le porte-parole de l'exécutif européen pour les transports, Michele Cercone.
La rupture avec la compagnie franco-néerlandaise laisse Alitalia sans solution de secours.
Silvio Berlusconi a assuré pendant toute la campagne électorale qu'il disposait d'un groupe d'entrepreneurs italiens prêts à mettre la main au portefeuille, mais le projet ne s'est toujours pas concrétisé.
Il a aussi évoqué une reprise des contacts avec la compagnie russe Aeroflot, qui s'était retirée en novembre de la course pour la privatisation d'Alitalia, mais celle-ci n'a rien proposé pour l'instant.
Alitalia disposait fin mars de ressources financières d'environ 170 millions d'euros et a récupéré 69 millions d'euros de crédit d'impôts début avril.