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Bouclier antimissile: accord signé à Prague

Condoleezza Rice (à gauche) s'est réjouie de l'accord signé.
Condoleezza Rice (à gauche) s'est réjouie de l'accord signé.
La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice et son homologue tchèque Karel Schwarzenberg ont signé mardi à Prague un accord bilatéral de défense antimissile. Un acte déploré par Moscou, qui perçoit ce projet comme une menace.

"C'est vraiment un accord historique pour des alliés affrontant
une menace commune", a déclaré Condoleezza Rice après la cérémonie
de signature organisée au Palais Cernin. L'accord prévoit la mise
en place d'une station radar au sud-ouest de Prague.

Moscou se fâche

Le but affiché des Etats-Unis, qui veulent coupler ce radar avec
dix missiles intercepteurs en cours de négociations avec la Pologne
voisine, est de prévenir d'éventuelles attaques de pays comme
l'Iran. Selon des renseignements, Téhéran pourrait se doter d'ici à
2015 d'un missile susceptible d'atteindre le territoire
américain.



A Moscou, un haut représentant du ministère russe des Affaires
étrangères s'est élevé contre la signature de l'accord
américano-tchèque. "Un pas vient d'être fait qui avait été annoncé
depuis longtemps et qui, de notre point de vue, n'a rien ajouté à
la sécurité sur le continent européen. Plus encore, il complique
les problèmes de sécurité à l'échelle mondiale", a-t-il dit.



La Russie, qui présente le bouclier comme une menace pour sa
propre sécurité, envisage de braquer ses missiles nucléaires sur
l'Europe centrale s'il est déployé. Washington lui répond que les
dix missiles intercepteurs sont peu de chose par rapport à
l'arsenal atomique russe.

Enjeux stratégiques

Condoleezza Rice a fait savoir que les Etats-Unis étaient prêts
à prendre des dispositions pour que le système antimissile soit
transparent pour Moscou, mais que la Russie devrait aussi en
discuter directement avec la République tchèque.



Selon des politologues, la création de bases dans des pays de
l'ancien bloc soviétique renforcera les enjeux militaires que
présente la région pour les Etats-Unis à un moment où la Russie
affirme de plus en plus nettement son rôle sur l'échiquier
international.



"Moscou, bien entendu, considère l'initiative comme une
provocation et une menace durable en matière de sécurité, elle
cherchera donc à arracher un copieux avantage géopolitique et
stratégique pour y consentir", estime Alexandr Kliment, analyste
politique d'Eurasia Group.



agences/dk

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Forte opposition en République tchèque

Le projet de bouclier doit encore franchir le cap de sa ratification au parlement tchèque. Le gouvernement ne dispose que de 100 sièges sur 200 à l'assemblée.

L'accord se heurte à une forte opposition de l'opinion. Au moins 2000 personnes ont ainsi manifesté mardi dans le centre de Prague, sur la place Venceslas, contre la signature de cet accord.

Dans la matinée, des militants de Greenpeace avaient déployé une immense cible sur une des collines surplombant le centre de Prague.

"Il est important que nos alliés connaissent le point de vue de la société tchèque", a déclaré le chef du parlement tchèque Miloslav Vlcek (opposition social-démocrate, CSSD) dans une lettre ouverte à Condoleezza Rice.

Il a rappelé que les deux-tiers de la population rejettent le projet, tout comme une "proportion significative de députés".

Deux autres accords

Le texte sera accompagné d'un accord de coopération technologique et scientifique qui devait également être signé mardi, a annoncé le premier ministre tchèque Mirek Topolanek peu avant la cérémonie de signature.

Un troisième accord dit "SOFA" (Status of Forces Agreement) sur les conditions de séjour des troupes américaines est toujours en cours de négociations. Les discussions butent encore sur le statut fiscal des soldats américains, selon le ministère de la Défense tchèque.