L'annonce russe intervient au lendemain de la diffusion d'une conversation téléphonique dans laquelle Alexeï Navalny affirme avoir piégé un agent des services spéciaux russes (FSB) pour lui faire admettre l'empoisonnement (lire encadré).
La diplomatie russe a indiqué "avoir élargi la liste des représentants de pays membres de l'UE interdits d'entrer sur le territoire de la Fédération de Russie". Elle n'a pas publié les noms.
Le ministère des Affaires étrangères a expliqué juger "inacceptables" les sanctions européennes visant six personnalités russes, dont Alexandre Bortnikov, le chef du FSB, "sous prétexte de leur prétendue participation à l'incident impliquant le citoyen Navalny".
Sanctions contre trois pays
Ces contre-sanctions ont été annoncées aux représentants des ambassades de France, d'Allemagne et de Suède convoqués au ministère pour l'occasion. Il s'agit des trois pays dont des laboratoires ont identifié une substance neurotoxique de type Novitchok dans l'organisme de l'opposant, alors hospitalisé en Allemagne.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, avait prévenu mi-novembre que les contre-sanctions viseraient en "priorité des cadres dirigeants des appareils de l'Allemagne et de la France".
La Russie accuse en outre Berlin, mais aussi Paris et Stockholm et l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques, de ne pas lui remettre leurs dossiers mettant en cause le Novitchok, substance développée à des fins militaires à l'époque soviétique.
Elle assure qu'Alexeï Navalny n'avait aucun poison dans son organisme lorsqu'il avait été hospitalisé en Sibérie, et que faute de coopération de la part des Européens, aucune enquête ne peut être ouverte en Russie.
afp/vajo
Piège téléphonique tendu par Alexeï Navalny
Lundi, les services de sécurité russes (FSB) ont dénoncé comme une "falsification" le piège téléphonique que l'opposant Alexeï Navalny affirme avoir tendu à un agent russe pour lui faire admettre qu'il avait participé à son empoisonnement cet été en Sibérie.
L'ennemi juré du Kremlin, qui a publié sur son blog l'enregistrement de la conversation, explique avoir utilisé un artifice permettant de falsifier son numéro de téléphone, et s'être présenté comme un assistant du secrétaire du Conseil de sécurité russe Nikolaï Patrouchev, proche de Vladimir Poutine.
Selon la conversation publiée par Alexeï Navalny, la personne présentée comme l'agent du FSB est d'abord hésitante, avant de s'engager dans une conversation de 45 minutes avec l'opposant, toujours en Allemagne.
L'intéressé révèle alors que le poison ayant visé Alexeï Navalny avait été déposé à l'intérieur de ses sous-vêtements. L'interlocuteur d'Alexeï Navalny laisse entendre qu'il n'a pas participé personnellement à l'empoisonnement, mais à la destruction de preuves a posteriori.
L'individu juge que le détracteur du Kremlin a survécu grâce au pilote de l'avion à bord duquel il a fait son malaise, et aux urgentistes qui l'ont soigné. "S'il avait volé un peu plus longtemps (...) peut-être que tout se serait déroulé autrement", dit l'homme, selon l'audio et la vidéo diffusés par Alexeï Navalny.
Sans apporter de preuve de l'identité de son interlocuteur, Alexeï Navalny affirme que "toute expertise vocale démontrera qu'il s'agit bien" de l'agent du FSB.